Ben Modo : « Le fondement d’une société juste et prospère se trouve dans une justice équitable »
CAMEROUN :: SOCIETE

CAMEROUN :: Ben Modo : « Le fondement d’une société juste et prospère se trouve dans une justice équitable » :: CAMEROON

Ben Modo, PDG du groupe Prime Potomac Group, Expert-Comptable de formation (CPA), diplômé de New York University
 
C’est un investisseur américain d’origine camerounaise, installé dans la région métropolitaine de New York, aux Etats-Unis. Il est porteur d’un projet de dix mille logements sociaux à Yaoundé et Douala pour lequel il est actuellement en pourparlers avec l’Etat du Cameroun. Nous abordons avec lui certains faits de société et d’actualité tels que la corruption, l’opération Epervier, la réputation du régime de Paul Biya aux Etats-Unis, le programme « Emergence 2035 », la santé du président, etc. Il nous dévoile aussi son exceptionnel parcours personnel au pays de l’oncle Sam.

Jeune pasteur de l’Eglise protestante adventiste du 7ème jour du Cameroun, vous avez dû quitter le Cameroun pour s’installer aux Etats-Unis il y a une quinzaine d’années pour des raisons académiques. Notre information est-elle exacte ?
Oui. Même si on peut y ajouter des raisons additionnelles... Mais l’essentiel est sauf.

Mais vous n’êtes pas rentré au bercail à la fin de votre cursus. Qu’est-ce qui peut avoir déterminé ce choix ?
Dans mon cas particulier, ma décision de rester aux Etats-Unis était très facile. C’est que j’étais déjà amoureux des Etats-Unis, de sa culture et de son peuple, avant même d’y avoir mis les pieds. A l’âge de 10 ans, j’avais appris, par la lecture individuelle, ce que George Washington avait fait pour bâtir une nation là où il n’y en avait aucune. Je connaissais aussi, par cœur, comment Abraham Lincoln avait bataillé pour émanciper les esclaves d’Amérique. Je me représentais les rues de Memphis dans mon esprit, en relisant les livres de Richard Wright.  Et puis il y avait Dynastie, Santa Barbara, Dallas et toutes ces séries américaines qui contribuaient à marquer mon esprit ambitieux et assoiffé de grandeur. Et au cours des années, j’étais resté collé à tout ce qui concernait le peuple Américain, y compris ses problèmes et ses débats, au point où je me sentais déjà solidaire de ce peuple que je ne connaissais que de très loin. C’est donc tout naturellement que lorsque j’en ai eu l’occasion, je me suis ouvert à la culture de ce peuple que j’admirais tant et dont je me savais partie, en esprit. Donc pour moi, il n’y a jamais eu match. C’était les Etats-Unis ou rien.

Est-ce que vous n’envisageriez pas finalement un retour au pays par exemple pour mener une carrière politique ?
Non. Je suis parti. C’est terminé. Mon pays, c’est les Etats-Unis d’Amérique. Mon peuple c’est le peuple Américain et ma patrie c’est l’Amérique, avec tout ce qu’elle représente. Je suis né au Cameroun et c’est une richesse immense pour moi et pour mon pays. Car j’ai la possibilité d’aider mon peuple à résoudre certains problèmes qui nécessitent une parfaite maitrise des cultures américaine et africaine. C’est pourquoi je crois que je suis né en Afrique pour un temps comme celui-ci. Et ça ne fait que commencer.

Est-ce que vous pouvez nous relater votre parcours au pays de l’oncle Sam jusqu’à nos jours ?
Mon parcours est une longue histoire, qui sera relatée dans mon prochain livre, publié à la fin de cette année. Mais pour faire bref, retenez que je suis parti de la rue où j’ai longtemps été sans abri, pour devenir PDG chez Prime Potomac Group et de sa filiale, BEN Network, une chaine de télévision spécialisée dans le traitement de l’information sur le Business et le marché de l’Emploi. Notre groupe emploie 116 personnes aux Etats-Unis, y compris les consultants et les reporters sur l’étendue du territoire.  Mais entre la rue, où j’ai passé plusieurs de mes nuits, au bureau du PDG où je suis aujourd’hui installé, il y a eu plusieurs autres boulots qui, pour moi, n’étaient que de l’apprentissage car tout ce que j’y ai appris me sert grandement aujourd’hui. Etre balayeur, cuisinier, caissier, charpentier, comptable, contrôleur de projet, chef de projet ou directeur de service n’étaient que des étapes d’apprentissage nécessaires qui portent des fruits aujourd’hui. Je suis fier que j’aie tout pris avec philosophie, en ne laissant jamais mes circonstances présentes définir la personne que je savais être. Et je remercie Dieu pour tous les problèmes qu’il a bien voulu mettre sur mon chemin, car chacun d’eux était une invitation à aller au niveau supérieur. Et si c’était à recommencer, je le referais sans hésiter.

Quelle est l’activité de Prime Potomac Group ?
Prime Potomac est d’abord un groupe de conseil en communication basé à Manhattan. Nous aidons nos clients à mieux faire passer leurs messages. Nous avons une présence dans 17 pays, dont plus de la moitié sont en Afrique. Notre groupe comprend quatre filiales, à savoir Prime Spotlight Media, BEN Network, Sprantic Management et Prime Investment.
Prime Spotlight Media est une compagnie de production vidéo. Cette filiale produit des spots publicitaires, des films et des documentaires pour nos clients à travers le monde. Nous avons produits de la publicité pour Coca-Cola, Robert Half, Nubiano, Shea Yellen et plusieurs autres clients. Prime Spotlight Media produit également des vidéo clips pour artistes.
BEN Network, entendez « Business & Employment News Network » est une chaine de télévision thématique, qui produit exclusivement des programmes de télévision en politique, business et emploi. Pour le moment, nous ne couvrons que les Etats-Unis. Dans les mois à venir, nous comptons, à l’image de CNN et de CNBC, créer une filiale internationale qui couvrira l’international avec la même spécialisation. Sprantic Management est une unité spécialisée dans l’organisation et la gestion des évènements de grande portée.
Enfin, Prime Investment est un groupe d’investissement, qui investit prioritairement dans les télécommunications, la construction et les transports.

Vous voyagez beaucoup à travers le continent…
Oui. Ça fait partie du travail que nous faisons. Je suis de ceux qui croient que l’Afrique se fera avec tous ses enfants, y compris ceux qui sont partis pour revenir, et ceux qui sont partis pour rester comme moi. Je parlais il y a quelques mois avec un ancien Secrétaire au Commerce des Etats-Unis qui me rappelait que les pays comme la Chine et l’Inde sont rapidement devenus incontournables grâce notamment à leur diaspora, qui a su faire le lien en affaires entre leurs nouvelles patries et leurs terres d’origine. C’est pourquoi nous n’hésitons pas à intervenir en Afrique dès que nous en avons la possibilité. Par exemple, je suis ici pour suivre un dossier de construction de 10.000 logements sociaux à Yaoundé et Douala. Nous commencerons par une première phase de 288 logements à Nsimalen. Mais nous travaillons encore avec les autorités pour arriver à une conclusion heureuse qui permette de commencer les travaux et créer quelques emplois. Ce projet créera environ 2.500 emplois au Cameroun. Avec un peu de chance, nous pourrons commencer ce projet cette année-même.
 
Comment faut-il vous appeler aujourd’hui, mon Révérend Pasteur, ou Monsieur le Président Directeur-Général ?
Oh Non ! Il faut éviter la confusion. Je ne suis pas Pasteur. En réalité je ne l’ai jamais été…je n’ai ni le caractère ni la dévotion requise pour être pasteur suivant le cœur de Dieu. Je l’avais déjà dit à mon père lorsqu’il voulait me pousser à être prêtre en joignant le petit séminaire de Guider lorsque j’étais tout petit. Donc il ne faut pas se tromper, je ne suis pas pasteur. Car un Pasteur c’est quelqu’un de bien meilleur que moi, avec un appel particulier qui n’a rien à voir avec ma quête de l’argent et du profit (rires).

Peut-on dire que vous êtes un produit du « rêve américain » ? C’est quoi précisément ce fameux « rêve américain » Ben Modo, à l’aune de votre expérience personnelle ?
Lorsque James Adams défini le rêve Américain en 1931, il va sur la base que la vie devrait être meilleure et plus riche et plus pleine pour tous, avec l’opportunité à chacun d’accomplir son rêve, suivant ses capacités. Pour lui, une fois qu’on a réalisé le plein potentiel de ses moyens, on a réalisé le « rêve américain ». Dans mon cas particulier, je ne crois pas avoir atteint 10% de mon potentiel. Je ne peux donc pas parler de « rêve américain » comme étant quelque chose que je vis aujourd’hui. Je peux cependant vous dire que je continue de le poursuivre, avec la détermination de le toucher et de le vivre un jour.

Pourquoi les Camerounais n’en arrivent-t-ils pas autant à nourrir le rêve d’un idéal pour le Cameroun ?
Vous savez la question que vous posez aujourd’hui avait déjà été posée par le peuple américain à l’aube des années soixante. Et John Kennedy a construit sa campagne et sa présidence autour d’une réponse simple. « Ask not what your Country can do for you, but what you can do for your Country ». En d’autres termes, « ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays ». Le problème au Cameroun et en Afrique, est qu’on a un peuple qui passe son temps à débattre sur ce que le pays peut faire pour lui, et non ce que lui peut faire pour son pays. C’est pour moi, la nouvelle tragédie de l’Afrique. Et c’est la raison d’être des crises actuelles.

Lorsque vous revenez aujourd’hui dans votre pays d’origine, qu’est-ce qui a changé selon vous ?
Beaucoup de choses ont changé. Il y a eu des avancées nettes dans certains domaines.  Par exemple, la Commune Urbaine de Yaoundé fait des progrès énormes. J’ai aussi vu le chemin de fer Yaoundé-Douala. C’est du progrès. Le train quitte à l’heure, et arrive à l’heure convenue. C’est déjà ça. Mais il faut bien entendu faire plus que cela. L’idée est là. La volonté aussi. Mais il faut faire encore plus car la tâche est grande.

Est-ce que vous ne vous dites-vous pas par exemple, avec un petit pincement au cœur, une sorte de sentiment de désolation réprimé, « oh ce Cameroun serait quand même mieux géré, développé, démocratique, s’il était entre des mains autres que celles de M. Biya, au pouvoir depuis 33 ans » ?
Non. La question ne se pose pas en ces termes. Pour moi, le problème du Cameroun et de l’Afrique est dans la psychologie de son peuple. Il faut que les peuples africains cessent de penser que c’est le gouvernement qui fera ceci ou cela. On ne développe pas un pays. Il se développe. Avec tout ce que ça comporte. Personne n’aurait fait mieux avec les mentalités qu’on observe sur le continent. La clé du développement du Cameroun et de l’Afrique se trouve dans la capacité de son peuple à se lever tôt, à se retrousser les manches, dans les villes et les villages, pour créer les emplois dont ce pays et ce continent ont besoin. Ceux qui veulent continuer de croire que le problème en Afrique est politique, c’est leur problème. Pour moi, le problème de l’Afrique est économique d’abord. Gagnez le combat économique et le reste suivra. Et ça commence lorsque le peuple aura le courage de reconnaitre que travailler à la fonction publique n’est pas la solution à tous nos maux. On peut bien gagner sa vie en perfectionnant l’art de la coiffure, en étant un très bon vendeur à la sauvette, ou en faisant de la très bonne nourriture. Il faut cesser de voir ces activités comme étant temporaires, qu’on fait en attendant d’avoir mieux. Il faut s’y mettre, de tout son cœur, tout de suite, avec ce qu’on a sous la main, et surtout avec sérieux.

Mais la récurrence des tares à l’instar de la corruption est là pour illustrer l’un des visages de la mal gouvernance du régime du président Paul Biya. Nombre de ses anciens collaborateurs sont aujourd’hui condamnés par la justice et bien d’autres sous le coup des poursuites judiciaires pour des faits de prédation des deniers publics. N’est-ce pas là l’échec d’un système dont il est l’architecte?
Ce que nous encourageons, c’est un système où personne n’est au-dessus de la loi. Un système où ceux qui sont convaincus de pillage de la fortune publique répondent de leurs actes devant la justice, quel que soit leur position sociale. Nous comprenons que le fondement d’une société juste et prospère se trouve dans une justice équitable. Et c’est sur cette trajectoire que semble être M. Biya. Dans ce contexte, il ne peut qu’avoir mon soutien.

Que diriez-vous de ces observateurs qui estiment que si Paul Biya ne rusait pas avec son peuple en laissant impunément ses collaborateurs se livrer au pillage des caisses de l’Etat pour ne pouvoir s’en débarrasser que pour étouffer leurs ambitions politiques, la classe dirigeante camerounaise serait moins corrompue ?
Vous savez en Afrique, c’est toujours quelqu’un d’autre qui est responsable de nos malheurs. Mais nous-même ne sommes, toujours, que des victimes. Jamais responsables. C’est aussi ce que je voulais dire tout à l’heure, lorsque j’ai dit que le problème de l’Afrique est dans son peuple. Dans la psychologie de son peuple. Quelqu’un vole de l’argent. On l’arrête, parfois la main dans le sac. Et puis après on dit, c’est Biya qui l’a laissé voler parce qu’il voulait le piéger. Mais il faut arrêter ça. Ce dont le peuple africain a besoin, c’est de se mettre au travail. Personne ne le mettra au travail. Il doit se mettre au travail, à son niveau, quelle que soit l’activité ; afin de construire cette puissance économique que l’Afrique peut être.

Il y a un ministre en fonction, en l’occurrence M. Bapes Bapes de l’Enseignement secondaire,  qui a quand même été placé en détention préventive par un juge d’instruction à la prison centrale de Yaoundé Kondengui, pour détournement présumé de fonds publics et sorti de là le lendemain pour regagner son bureau. Il n’y a qu’au Cameroun qu’on assiste à de tel spectacle ubuesque…
Pas nécessairement. On a vu ça en France et même aux Etats-Unis où des personnes très haut placées se sont mises à la disposition de la justice, sans que cela ne devienne la honte de toute une nation. Il faut éviter de tout aggraver.

Dans ces pays et pour les exemples que vous convoquez, généralement ces personnes démissionnent ou sont démis de leurs fonctions. Ce n’est pas le cas pour ce ministre qui a séjourné à la prison centrale de Yaoundé tout en restant en fonction ainsi que de ses autres collègues qui font l’objet des poursuites judiciaires devant le tribunal criminel spécial (TCS) tout en demeurant en poste dans le gouvernement. N’est-ce pas des faits graves pour la gouvernance publique, inacceptables en France  ou aux Etats-Unis ?
Dans un pays qui se respecte, vous ne pouvez pas être condamné avant d’avoir été prouvé coupable. Il faut donner à M. Bapes le bénéfice du doute, du moins jusqu’à ce qu’il soit prouvé coupable par la Justice. C’est un principe que la presse, particulièrement, doit s’approprier et défendre de toutes ses forces. Et je suis surpris que, dans ce cas, ce soit le gouvernement qui soit en train de faire le travail de la presse. M. Bapes est présumé innocent jusqu’à ce qu’il soit prouvé coupable. Il peut, s’il le juge nécessaire, décider de démissionner pour s’occuper de ce dossier. Mais s’il juge que ce n’est pas nécessaire, il n’y a rien de mal en cela.

Quelle est la côte actuelle de l’image du Cameroun aux Etats-Unis ?
Le Cameroun a une bonne image à l’international. A Washington particulièrement, les observateurs notent les progrès du Cameroun dans un certain nombre de secteurs. Ils reconnaissent cependant que malgré les progrès enregistrés, beaucoup reste à faire dans un pays qui a un très grand potentiel. Au final, l’image du Cameroun est bonne même si tout le monde est d’accord qu’on peut mieux faire.

Le cliché d’une République bananière, destination par excellence risquée pour les investisseurs, dirigée d’une main de fer depuis plus de 30 ans par un dictateur vieillissant ayant opéré un changement constitutionnel pour se maintenir au pouvoir, que véhiculent certains compatriotes de la diaspora à travers des réseaux sociaux ne serait donc pas pris en compte de la sorte par les dirigeants américains selon vous. Comment l’expliquer ?
Le Cameroun est un allié majeur des Etats-Unis dans la sous-région. Cela compte pour les investisseurs. Mais il faut faire mieux. C’est le plus important.

Peut-on comprendre pourquoi le président Barack Obama évite la destination Cameroun lors de ses voyages en Afrique tandis que le chef de l’Etat camerounais ne parvient pas à décrocher une visite d’Etat aux Etats-Unis ?
Le président américain a un agenda chargé, qui ne lui permet pas toujours de visiter tous les pays, toutes les fois, même quand ce sont des pays amis. Cela est aussi valable pour le président Camerounais.

Quelle est votre opinion sur le projet « Emergence en 2035 » que promeut le président Paul Biya ?
L’émergence en 2035 est une bonne chose. Et c’est clair que si on veut être émergent en 2035, c’est maintenant qu’il faut préparer ça. Donc l’initiative du président Biya est louable.

Avec un taux de croissance qui tangue à 5%  tandis que des pays  comme la Côte d’Ivoire qui sort d’une guerre de 10 ans affiche une croissance à deux chiffres, n’y a-t-il pas lieu d’être plutôt inquiet d’une certaine incapacité du gouvernement Yang à pouvoir mettre en œuvre l’ambition affichée du président Biya de faire du Cameroun un pays émergent en 2035 ?
Le taux de croissance des Etats-Unis est de 2,2%. Celui du Canada est de 2%. La Russie est à 1,3%. La France est à 0,3%. L’Italie est à -1,9%. L’Espagne est à -1,2%. Pourtant, le Cameroun, avec ses 5% n’est mieux qu’aucun de ces pays. Donc que la Cote d’Ivoire soit à 10% et le Cameroun à 5% n’indique pas nécessairement que l’un fait mieux que l’autre en général. Le taux de croissance est beaucoup plus une indication du progrès par rapport à l’endroit où vous avez commencé en début de période. Pas nécessairement une indication de là où vous êtes aujourd’hui.

Vu de Washington, qu’est-ce qui peut justifier qu’une équipe  gouvernementale qui peine à mener des réformes, ouvertement critiquée par le président de la République dans son discours officiel à la nation le 31 décembre 2013 soit toujours maintenue en place par ce dernier?
On peut, dans un gouvernement, avoir des avis contradictoires, sans pour autant que cela ne conduise nécessairement a un remaniement. Le président Biya peut penser que son équipe ne va pas assez vite et il se réserve le droit de dire ce qu’il pense à son peuple. C’est comme cela que ça se passe ailleurs. Il ne faut pas toujours penser que chaque avis du président de la République doit absolument avoir pour conséquence un décret présidentiel. Il faut faire la part des choses.

Le journal « Le monde » a récemment publié des informations laissant croire que le président Paul Biya, 82 ans, est un grand malade. Comment avez-vous appréhendé cette actualité outre atlantique ?
Comme un non-évènement qui ne méritait aucune attention. Si le président est malade, il voit un docteur. Et puis c’est tout. On voit tous les jours des chefs d’Etat voir leurs docteurs sans qu’il y ait un tremblement de terre. Il n’y a rien d’exceptionnel à ça.

Pour avoir relayé cette information dans leurs colonnes, trois journaux camerounais sont actuellement la cible d’une plainte du ministre de la Communication, Issa Tchiroma, devant le Conseil national de la communication (CNC). Est-ce que vous comprenez ces analystes qui assimilent cette démarche à une atteinte à la liberté de presse et qu’elle ne rend pas service au régime du président Biya dont l’image s’en trouve davantage pervertie sur la scène internationale ?
Vous pouvez relayer une information et faire l’objet de poursuites judiciaires si l’information est diffamatoire. Surtout si vous y avez mis du votre. C’est le principe. Maintenant, dans ce cas spécifique, je ne crois pas qu’il y ait assez dans ce dossier pour mettre des journalistes en difficulté. C’est pourquoi je suis confiant que tout rentrera dans l’ordre rapidement. La Liberté de la presse est sacrée mais tout doit se faire avec responsabilité et éthique!

© Essingan : Entretien avec Marie Robert Eloundou

Lire aussi dans la rubrique SOCIETE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo