Extrême-Nord : A quoi joue la France?
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La France exagère-t-elle les risques sécuritaires ?

Le pays maintient l’Extrême Nord et le Mayo-Louti en zone rouge alors qu’il semble moins alarmiste pour des cas comme celui du Mali. Entre le 3 février et le 25 mars 2015, le Quai d’Orsay n’a pas relevé de changements décisifs sur le front sécuritaire dans la région de l’Extrême-Nord et dans le département du Mayo-Louti (Nord), susceptibles de l’inciter à retirer ces parties du Cameroun de la « zone rouge », c'est-à-dire de celle formellement déconseillée aux voyageurs, français notamment. Sur le site internet de l’ambassade de France, il est même demandé aux ressortissants français encore présents dans cette zone « de la quitter dans les meilleurs délais ».

Le Quai d’Orsay maintient, au sujet du Cameroun, que « les risques d’attentats s’étendent au reste du pays. La vigilance s’impose sur l’ensemble du territoire, et en particulier dans les centres urbains ». Les localités camerounaises frontalières avec le Tchad et le Rca ainsi que la presqu’île de Bakassi sont également inscrites dans la « zone rouge ». Les régions de l’Adamaoua et du Nord (excepté le département du Mayo-Louti) sont classées en « zone orange », autrement dit, elles sont « déconseillées » aux voyageurs, « sauf raison impérative ».

De manière générale, le ministère français des affaires étrangères observe que « la situation demeure dangereuse [au Cameroun, ndlr]. Des enlèvements de Français ont eu lieu en février et en novembre 2013, de ressortissants italiens et canadiens en avril 2014, et chinois en mai 2014. L’organisation terroriste Boko Haram poursuit des attaques régulières contre la population civile. L’engagement récent du Tchad en soutien des forces camerounaises pourrait provoquer une augmentation du nombre des opérations militaires dans la zone frontalière. La pose de mines est en outre de plus en plus fréquente dans la zone ».

Autre pays, autres conseils du Quai d’Orsay aux voyageurs. Le cas du Mali mérite qu’on s’y attarde. Si tout le Nord-Mali est, naturellement, en rouge, compte tenu des activités djihadistes en éveil ou en dormance, le Quai d’Orsay se montre moins alarmiste pour ce qui est de la capitale Bamako, classée en zone orange claire ou de « vigilance renforcée ». Pourtant, la France se veut consciente des risques dans cette ville : «Suite à l’attentat commis à Bamako dans la nuit du 6 au 7 mars 2015 ayant occasionné plusieurs victimes, et les auteurs étant toujours en fuite, la plus grand prudence est de mise dans l’ensemble de la capitale », lit-on sur le site de l’ambassade de ce pays au Mali.

Questions : Pourquoi inscrire toute la région de l’Extrême-Nord dans le rouge, alors que le danger n’est pas le même à Maroua, à Kolofata ou à Fotokol ? Est-ce que l’accalmie ambiante ne devrait pas amener la France à relativiser la menace sécuritaire (par exemple dans le chef-lieu de la région), ce d’autant plus que, dans le cadre de l’accord de partenariat de défense entre la France et le Cameroun, un détachement de liaison et de contact composé de deux officiers français a été déployé le 19 mars dernier à Maroua auprès de la 4e région militaire interarmées ?

A ces interrogations, le service de presse de l’ambassade de France à Yaoundé précise que «tout est fonction de l’évaluation du risque sécuritaire. Il n y a pas de différence fondamentale entre déconseiller et appeler les ressortissants français à quitter une zone sans délais. Et puis, ce ne sont que des recommandations. Il ne s’agit pas d’un ordre d’évacuation.

Il va de soi qu’il n’y a pas de développement sans sécurité et de sécurité sans développement. Même si l’Extrême-Nord est en zone rouge, la France n’a pas abandonné les projets de développement qu’elle y a engagés », explique une source interne. Qui pense d’ailleurs qu’en matière d’évaluation des risques sécuritaires, le Cameroun est mieux loti que le Tchad, le Nigeria et la République centrafricaine. De là à éteindre le débat qui enfle ? Pas si sûr ! Ce d’autant plus que l’inscription de l’Extrême-Nord dans la zone rouge n’est pas sans conséquences sur le plan touristique et, plus largement du risque-pays.

© Source : Mutations

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