Lutte contre Boko Haram : Les populations de Kribi organisent une tontine
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La ville a vécu ce mercredi 04 mars 2015, des moments particuliers avec la remise des dons aux militaires au Front pour combattre la secte islamiste? Sous l'initiative de leur sénateur, Grégoire Mba Mba.

A notre arrivée dans la cité balnéaire ce 04 mars 2015, l’ambiance est plutôt celle des jours ordinaires. Sauf que les affiches font un autre décor et surprennent plus d’un avec des messages collés à l’actualité au Cameroun. Sous un fond de treillis militaire avec le drapeau tricolore qui barre le haut des affiches visibles dans la ville, le message est précis : «Opération coup de cœur des patriotes de Kribi» et comme pour désigner la gravité des circonstances, on peut lire en lettres Rouge sang «Effort de guerre des populations de Kribi contre Boko Haram». Dans la curiosité de lecture, il est écrit :«Je suis Camerounais (e) et je suis patriote – J’ai une résidence à Kribi et j’aime y vivre – J’appartiens à tout le corps social de Kribi, je suis jeune, élève, étudiants, Bayam Selam, pêcheur, cultivateur, musulman, chrétien…- Je veux la paix dans mon pays – Je suis un client de défense contre Boko Haram – Mon arme contre Boko Haram. C’est ma contribution : LA VOICI.»

A côté des affiches, des banderoles annonçant la grande cérémonie du jour sont tout aussi visibles dans les grands carrefours. Et les messages sont identiques à la petite différence qu’ici, l’image d’un soldat en guerre avec un message qui en dit long «Pour la paix et la stabilité de mon pays, je suis un élément de force de défense contre Boko Haram. VOICI MA CONTRIBUTION». Banderole que nous avons retrouvée à la tribune d’honneur à la place des fêtes de Kribi où l’ambiance a été toute autre.  Ici, élèves, étudiants, commerçants, bref, toutes les couches de la population ont répondu présent pour la remise solennelle des fruits de l’opération coup de cœur à l’armée camerounaise en proie à l’Extrême-Nord aux atrocités de Boko Haram. Sous un soleil ardent, les drapeaux vert-rouge-jaune portés par des élèves et étudiants flottent inlassablement. Les tribunes sont pleines. Les provisions collectées par les organisateurs sont exposés. L’on y compte 118 sacs de riz de 50kgs, 125 litres d’huile raffinée. Et la surprise va encore être plus grande, lorsque devant le préfet Antoine Bisaga, l’huissier de justice, Me Nlend va lire les contributions en argent.

«Après calcul et vérification de l’autorité judiciaire, le total en espèces fait 19 .065.130 Fcfa», déclare-t-il. Et la joie du Sénateur Grégoire Mba Mba, initiateur du projet est grande. «Kribi Oyé, nos prévisions ont dépassé largement nos attentes. Nos enfants ont remis 40 kilogrammes de pièces d’argent, se privant de leur ration. Et c’est vous le petit peuple qui venez de démontrer le grand patriotisme. Mes chers enfants, mes chers commerçants, mes chers fonctionnaires, mes moto-taximen, … monsieur le préfet, voici notre effort de guerre, je voudrais juste m’assurer que cette contribution va arriver à qui de droit. Du moins nous y veillerons», a-t-il lancé en invitant alors le

préfet du département de l’Océan pour la réception solennelle de tout ce qui a été collecté y compris les 19 millions Fcfa devant toute l’assistance. A la fin, Antoine Bisaga n’a pas manqué de dire son étonnement et de rassurer : «Je vis là quelque chose extraordinaire. Des enfants de la maternelle et du primaire qui se privent de leurs beignets pour soutenir nos soldats en guerre. Ce que vous avez donné sera remis à qui de droit avec décharge et chacun pourra le vérifier», phrase du préfet qu’accompagnaient les officiers de l’armée et de la police, ainsi que les autorités traditionnelles et surtout la présence remarquée des bergers du peule de Dieu et des guides musulmans qui ont prié conjointement pour la paix et la stabilité du pays.

Réactions

Gregoire Mba Mba, sénateur de l'Océan et initiateur du projet

Cette sortie a montré ce jour que tous les Kribiens sont des patriotes. Paul Biya, nous a demandé d’être patriotes, d’être derrière nos soldats. Nous avons fait des motions de soutien, nous avons fait des marches. Mais maintenant il fallait des gestes forts. Il fallait se lever d’un cran pour vraiment apporter notre contribution à l’effort de guerre contre Boko Hram et aujourd’hui, Kribi s’est mobilisée. La ville s’est mobilisée sans exception, des enfants, les élèves dans nos écoles primaires, dans nos collèges, dans nos lycées, les commerçants, les enseignants, les magistrats, les fonctionnaires, les moto-taximen. Toute la population sans exception s’est mobilisée pour apporter, chacun son appui à nos forces de défense. C’est un jour inoubliable  parce que pour la première fois dans l’histoire de cette ville, nous nous sommes mobilisés pour dire au président de la République que nous sommes avec lui, nous sommes derrière notre armée, nous sommes prêt à mourir pour défendre notre pays. Nos sommes même prêt à se former pour aller au combat.

Maintenant pour ce qui est de la transparence, nous avons un comité qui a été chapeauté par un représentant du préfet, les représentants des deux communes, les agents de renseignements pour que les populations se reconnaissent dans cette opération. Vous savez quand les citoyens se lèvent pour apporter leur modeste contribution à l’effort de guerre, on a besoin de transparence qui doit être totale. C’est pour cela que nous veillons à ce que, les dons et contributions doivent arriver à bon port. Enfin, c’est terminer cette opération. Pas parce que la guerre est finie. Non ! Nous ne voulons pas seulement que les escrocs et autres esprits malins s’y mettent pour extorquer de l’argent aux populations. Prochainement, s’il y a un autre coup de cœur des populations, on saura dans quels canaux il faudra le faire pour les mobiliser. Mais pour aujourd’hui, c’est terminé.

Antoine Bisaga, préfet de l’Océan, représentant de l’Etat

D’abord c’est un sentiment de fierté de voir un peuple qui se lève comme un seul homme. Parce que ce que vous ne savez pas, c’est que cette opération pratiquement a pris 4 jours. Alors si on avait donné deux semaines, je crois que le résultat aurait été très étonnant. Ça montre que c’est une adhésion populaire. Personne n’a été forcée, le dernier des citoyens a apporté librement sa contribution pour prouver son amour du pays. Et là, c’est des éléments qui ne trompent pas. C’est un baromètre juste. Et du coup, on est fier d’être préfet dans une telle localité où les gens ont une haute idée de la République et surtout lorsque le pays est en danger. Et maintenant pour rassurer les populations, je ne sais pas par quel argument il faudrait commencer pour les rassurer, mais ce qui est sur,  et avec toute ma conscience, qu’aucun franc ne s’égarerait et que nous irons porter ces contributions à qui de droit en toute transparence et contre décharge que nous présenterons à qui veut.

Il faut être maudit pour détourner un franc, lorsque les militaires meurent, lorsque les populations sont déportées, et que vous prenez la responsabilité de prendre un seul sou, c’est que vous êtes maudit et moi je ne veux pas être maudit. Je veux être béni et je crois que je contribuerai à ce que ces dons arrivent à bon port. J’ai insisté sur la cohésion et la cohabitation parce que comme dans les groupes humains, il y a descensions. Et lorsque vous êtes dans une grande ville en émergence comme Kribi,  ces groupes prennent plus d’ampleur parce que l’enjeu devient grand. Et ces opérations ont montré que ceux-là qui hier, avaient la peine à cohabiter ont eu à sortir avec enthousiasme. Ça veut dire aussi qu’il y a des causes qui réconcilient les gens. Il faut donc saluer cette opération qui a permis de rapprocher beaucoup de gens qui s’étaient éloignés. Il faut à la fin apprécier celui qui a initié cette opération sans trembler. C’était un grand risque. Mais le sénateur Mba Mba a réussi le pari.

© La Nouvelle Expression : Alphonse Jènè

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