Cameroun: RESISTER !
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Dans l’éditorial du journal « MUTATIONS » du 07 jan 2019, M. Protais AYANGMA AMANG livre une critique sans complaisance de l’action du pouvoir, analyse avec laquelle il est difficile pour un camerounais de progrès d’être en désaccord. Il avance aussi des propositions réalistes sur certains sujets comme par exemple la gouvernance des sociétés d’état. Venant d’un chef d’entreprise comme lui, de telles propositions sont à prendre au sérieux.

Mais un passage de son texte est de nature à susciter une réflexion critique. C’est celui-ci :

« Même l’opposition qui nous a fait rêver le temps d’une campagne ne fait guère mieux. Quand elle ne s’emmure pas dans des postures suicidaires et chimériques, elle s’adonne à son jeu favori d’autodestruction, au lieu de se préparer pour les importantes échéances prévues cette année. »

A quoi voit-il que l’opposition ne se prépare pas aux « importantes échéances » (électorale ?) de cette année. Il suffit de tendre l’oreille et d’ouvrir les yeux pour percevoir l’agitation qui s’est emparée de certains opposants à l’approche de ces élections. S’il veut dire que cette agitation n’est pas à la hauteur des enjeux, et qu’on ne voit pas se dessiner les accords de soutient ou de désistement mutuel qui permettaient aux candidats des divers partis de faire gagner l’opposition « as a whole », il a raison. S’il veut dire qu’on ne voit pas se développer une puissante mobilisation unitaire et populaire impulsée par l’opposition pour obtenir une démocratisation du code électorale avant ces élections, il a raison aussi.

Mais l’opposition, même divisée, même maladroite, même très infiltrée par le pouvoir, est notre opposition. C’est tout ce que nous avons. Ce n’est pas en se moquant d’elle que nous avancerons. La seule vraie question est : comment l’améliorer ? Ne faut-il pas au contraire aider ceux qui essaient de maintenir le flambeau du progrès du pays alors que beaucoup trop d’intellectuels qui sont sensés éclairer le peuple et la nation se sont transformés en intellectuels organiques du pouvoir, propagateurs de l’idéologie de « la servitude volontaire » ? .C’est cette élite qui, pour leur enrichissement personnel, permet à un individu de réduire en esclavage 25 millions (ou presque) de camerounais.

L’autre côté critiquable des propos de M. Ayangma, c’est de renvoyer dos à dos ceux qui s’opposent au hold-up électoral et ceux qui s’y soumettent. L’opposition n’est pas monolithique. Je prends le risque d’interpréter ces propos, puisqu’ils ne disent pas clairement ce qu’ils veulent dire. Je m’excuse à l’avance auprès de l’auteur si mon interprétation déforme sa pensé : Demander le recomptage des voix peut paraitre chimérique à ceux qui s’imaginent qu’il ne faut demander que ce qu’on est certain d’obtenir. Il faut demander ce qui est juste et bon, sinon aucune lutte syndicale ni politique ne serait concevable ! Considérer comme « suicidaire et chimérique » le PLAN NATIONAL DE RESISTANCE (PNR) proposé par le président du MRC, le professeur Maurice Kamto c’est méconnaitre la dynamique de lutte des peuples, qui est gouvernée par l’utopie. Dans l’histoire, beaucoup de « chimères » des peuples sont devenues réalité par la persévérance et la combativité de ceux qui les portaient! Evidemment, ceux qui veulent des résultats immédiats, surtout sans rien faire eux-mêmes, ne peuvent pas comprendre cela. Avant la campagne pour la présidentielle qui aurait cru que le candidat Maurice KAMTO pouvait pousser le RDPC et son chef à se « déculotter » devant la cour constitutionnelle et devant le monde entier mettant le pouvoir KO debout? C’est un progrès

que ne veulent pas voir ceux qui attendaient béatement une victoire immédiate et totale sur Paul BIYA.

« RESISTER » est la seule façon de sortir de la « servitude volontaire » dans laquelle sont plongés les camerounais. Résister n’empêche pas d’aller aux élections. Les élections sont un moment fort de la combativité du peuple, un moment d’apprentissage de la lutte et de l’action politiques. Ceux qui s’imaginent qu’on ne va aux élections que pour gagner et jamais pour perdre ne sont pas des démocrates. RESISTER c’est le mot d’ordre de l’heure ! La seule réponse à la question rituelle (ou mieux rictuelle) des camerounais : « on va faire comment » ? On va s’engager ! Chacun va s’engager. Il ne faut pas se tenir à l’écart, comme si on n’était pas concerné, et se moquer de ceux qui s’engagent.

Quelle est l‘alternative au PNR ? La révolution prolétarienne ? Qui PEUT la réaliser ? Dénoncer les fraudes électorales puis accepter les résultats de ces élections frauduleuses ? Se soumettre au verdict d’une cour qui n’a de constitutionnelle que le nom ? Cela conduirait le pays à quoi sinon à la poursuite de la souffrance des citoyens ? Sont-ce là « des postures suicidaires et chimériques »ou est-ce le « jeu favori d’autodestruction » ?

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