Ainsi va le Cameroun de Paul Biya (85 ans, 36 de règne)…Le principal opposant Maurice Kamto mis aux arrêts depuis lundi soir après avoir été confiné toute la journée au domicile à Douala de son conseiller politique Albert Albert Dzongang.

Image-t-on Emmanuel Macron orchestrer l’arrestation immédiate de Jean-Luc Melenchon et ses principaux lieutenants à la suite d’une manifestation, même non autorisée, de la France insoumise? Évidemment Non..

Pourtant un despote de 85 ans le fait au Cameroun, dans une certaine indifférence des locataires sucessifs de l’Élysée et des principaux partenaires ou bailleurs de fonds internationaux, au nom de la préservation de l’ordre public, de la lutte contre le terrorisme, et bien d’autres fadaises.

En vérité, le dictateur et ses « créatures » se considèrent comme « extrêmement démocratiques » – peut-être même se voient-ils comme des « progressistes » après s’être arrogés un soi-disant plébiscite de plus de 70% des voix lors de la dernière parodie d’élection présidentielle.

Cependant, pour de nombreux militants des droits de l’Homme, y compris le CL2P, il existe un réel décalage entre les questions qui préoccupent les Camerounais ordinaires sur le terrain et les positions réactionnaires fréquemment adoptées par le régime de Biya. Et surtout, un décalage encore plus grand et plus préoccupant entre le fait que nous, membres du CL2P, ayons au quotidien à prendre en compte le nombre croissant des victimes du régime de Biya, et la réaction dédaigneuse et méprisante dudit régime à ces mêmes tristes événements.

Paradoxalement le régime de Biya a, à chaque tour de vis de sa ligne repressive, toujours voulu se présenter à la face du monde comme une véritable démocratie. Pourtant il ne peut tout simplement pas y avoir de réconciliation entre la démagogie d’un régime de terreur et la mise aux arrêts systématiques des opposants politiques légitimes ou des personnes perçues comme telles par lui.

Par conséquent, tant que Biya et ses « créatures » continuent de tenir en otage des Camerounais ordinaires et certains d’entre-eux gagnés par le syndrome de Stockholm, rien ne peut être fait pour faire avancer le pays moralement dans la bonne direction.

Tant que le régime actuel continuera à opprimer les Camerounais ordinaires, la différence de perception entre les intérêts du régime et le vécu des Camerounais ordinaires que le régime prétend servir deviendra insurmontable. Nous devons reconnaître en nôtre âme et conscience, que certaines voix dans le pays, en raison essentiellement de leurs opinions ou de leur origine ethnique, ne sont pas destinées à être entendues, amplifiées, ou affirmées. En clair, tant que les acteurs politiques légitimes continueront à être lynchés publiquement et de manière disproportionnée pour avoir oser manifester, rien de constructif et progressiste ne sortira de ce régime.

Le CL2P a deux messages très distincts à ce sujet.

Premièrement, aux acteurs politiques légitimes actuels qui défendent des questions importantes: Merci pour votre ténacité et votre courage, y compris devant un tel manque de soutien institutionnel.

Deuxièmement, pour ceux qui espèrent nous rejoindre, il est important de reconnaître la vérité fondamentale sur le régime de Biya: le régime de Biya est une dictature implacable qui ne donne pas la priorité au bien-être de ses citoyens les plus vulnérables.

Il y a tellement de groupes et d’individus au Cameroun qui se battent pour améliorer notre monde. Nous continuerons à persister et nous ne pouvons qu’espérer qu’un jour le pays que nous aimons, l’endroit que nous appelons notre patrie, se joindra à nous pour cette mission. Parce que, le régime de Biya n’a aucune intention de s’engager et de négocier avec ses opposants démocratiques et légitimes. Il préfère s’enfermer et même se condamner à l’autodestruction.

Ainsi, chacun de nous doit assumer sa part de responsabilités en sachant que l’État définit la manière dont le jeu politique est joué. Nous avons la responsabilité de bâtir des alliances et continuons à nous battre pour une société plus civilisée. Dans ce contexte de troubles sociaux et de contagion de manifestations, il est important de se rappeler que les seules manifestations ne peuvent suffire à tout résoudre.

Sans une solution viable, des contre-propositions raisonnables au système totalitaire existant, et un dialogue ouvert sur les problèmes fondamentaux, il sera impossible d’espérer de quelconques avancées.

Le CL2P croit aux groupes de pression politique anti-totalitaires et à une solution qui réside dans la compétition des idées, dans la compréhension que l’être humain n’est pas un moyen pour atteindre une finalité mais la finalité elle-même.

Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P

http://www.cl2p.org