Cameroun, Michel Biem Tong: martyr du Big Brother et des Intox
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Cameroun, Michel Biem Tong: martyr du Big Brother et des Intox :: CAMEROON

L’enlèvement de Michel Biem Tong par la police militaire a mis en lumière le phénomène des « fausses nouvelles ou intox» et le rôle de la technologie, de l’information, et de l’idéologie. En particulier, le rôle de la surveillance oppressive et l’interprétation idéologique de l’information; puis le fait qu’il n’y a personne pour empêcher les forces de sécurité d’écraser les libertés fondamentales au Cameroun. Dans ce régime tyrannique, il nous est constamment rappelé qu’il n’existe aucune autorité légale de contrôle indépendante pour empêcher les services de renseignement d’avoir accès à l’histoire de votre présence sur internet ou votre téléphone portable.

En effet la réalité est que, dans cette traque en ligne, à travers des tactiques de surveillance oppressives, l’État tyrannique est un acteur majeur s’affirmant, pas comme des membres de l’élite retranchée du statu quo qu’ils sont en réalité, mais comme utilisateurs da façon cynique des lamentations du «peuple» pour prendre pour cible des militants des droits humains, comme Michel Biem Tong, qui ont toujours pointé leurs manquements évidents aux devoirs pour lesquels ils prétendent avoir été élus.

Il est bien connu qu’une organisation de défense des droits civils et politiques, tel que le CL2P, est sous surveillance constante et considérée comme appartenant d’office à «l’opposition» dans l contexte totalitaire camerounais. Même si la CL2P est une organisation indépendante qui n’est affiliée à aucun parti politique au Cameroun. Mais l’idée que le CL2P, dont Michel Biem Tong est le correspondant au Cameroun, est de l’opposition a déjà alimenté et biaisé les interprétations de son activisme en faveur des droits de l’Homme au Cameroun.

Par conséquent, il est devenu de plus en plus évident ces dernières années que l’idée selon laquelle le World Wide Web aiderait à connecter des communautés diverses et à créer une culture plus démocratique est en difficulté face aux régimeS tyranniqueS, bien que les médias sociaux aient à certains égards tenu cette promesse. Tout le monde peut maintenant avoir une plateforme accessible aux gens du monde entier.

Comme pour la séquestration de Michel Biem Tong, il faut reconnaître que la sphère des médias sociaux peut occasionnellement être une arène des exécutions publiques.
Le gouvernement camerounais lit vos communications, puis les inventent aussi – en ajoutant un mot ou deux à quelque chose pour faire de vous un sympathisant à une cause impopulaire quelconque, puis faire croire que vous êtes impliqués dans un acte illégal; broder à partir de là des accusations fallacieuses contre vous. Parce que l’idée même que le journaliste Michel Biem Tong serait un «terroriste» est absurde

Cela montre simplement que l’idéologie du « rien à cacher» ne fonctionne pas dans une tyrannie. Si vous pensez ne rien avoir à cacher, vous pouvez en effet avoir quelque chose à craindre. Vous pourriez craindre pour vous-même. Comme Kafka l’illustre avec tant de froideur dans «Le procès», la perspective d’une poursuite injustifiée du gouvernement est terrifiante. Et vous pourriez craindre pour notre société. Vivre sous le regard constant de la surveillance gouvernementale peut entraîner des dommages sociaux durables: si les citoyens sont juste un peu plus craintifs, un peu moins susceptibles de s’associer librement, un peu moins susceptibles d‘avoir des désaccords – l’effet de refroidissement global peut effacer cette société ouverte.

Ainsi, l’affaire Michel Biem Tong démontre que l’argument «Rien à cacher» ne fonctionne pas sous le régne de la terreur de Paul Biya. Par conséquent, nous devons en savoir plus sur les informations que le gouvernement recueille sur des millions de Camerounais innocents. Nous devons en savoir plus sur les interprétations juridiques secrètes sur lesquelles le gouvernement s’appuie pour surveiller nos communications. Et nous devons en savoir plus sur ce que le gouvernement fait avec des milliards de bits de données électroniques stockés dans ses fichiers. Nous avons besoin de ces réponses car, même si nous n’avons rien à cacher, cela ne signifie pas que nous voulons vivre dans une société où rien n’est privé.

Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
http://wwww.cl2p.org 

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