Le grand parti de masse crée par Paul Biya le 24 mars 1985 pleure ses nombreux enfants assis derrière les barreaux. Que s’était-il passé ?

La 2e République du Cameroun qui nait le 6 novembre 1982 aura conservé l’union nationale camerounaise (UNC) dirigée intentionnellement par Ahmadou Ahidjo qui venait  de poser sa démission en tant que chef de l’Etat du Cameroun. Mais quelques mois après son départ du pouvoir, les camerounais  ne seront pas aisés de comprendre que l’ancien président de la République, voulait revenir aux affaires. Les petits complots contre la sécurité de l’Etat vont entourer jusqu’à la  mutinerie du 06 avril 1984 alors qu’Ahidjo était jusque là président national de l’UNC. Le 24 mars 1985 Paul Biya qui avait déjà mis en déroute les partisans de l’ancien président, va créer le RDPC à Bamenda.

Comme une bouffée d’oxygène, la nouvelle sera répandue dans tout le pays mettant ainsi fin au règne du président Ahmadou Ahidjo qui mourût au Sénégal 4 ans après. Il faut dire qu’au départ, le parti du flambeau prônait un Cameroun fière et témoin de l’histoire. Les grandes figures politiques faisaient ressentir leur dévouement aux idéaux du parti avec un désintéressement des portefeuilles dans le gouvernement et les entreprises parapubliques. C’est ainsi que peu avant le multipartisme, l’échiquier politique du Cameroun montrait un Paul Biya au dessus des institutions Républicaines avec un RDPC socle de l’unité nationale.

Quand arrive donc le processus démocratique, beaucoup d’eau a coulé sur le pont et les camerounais sont sortis de leurs réserves pour démystifier un régime qui les contenait. Les partis politiques vont naître avec une coloration tribale loin d’une démocratie centriste et moderne. Pour la première fois, le pays avait failli sombrer dans une guerre civile.

Quand le RDPC confondait les lois Républicaines

Loin de la thèse selon laquelle Paul Biya était un dictateur, la marée humaine ayant regagné le RDPC a poussé le régime à fustiger les militants des autres partis politiques. Les plus en vogue à l’époque furent. UPC, SDF, UNDP, MP, UDC, UFDC, ANDP, MDR etc. sur fond de tribalisme, ces partis étaient crées dans un contexte politique caractérisé par la course à la renommée politique. Certains n’avaient pas d’idéologies ni de programme de société, leur souci était le vacarme d’une démocratie africaine destinée à déloger les chefs de l’Etats en place. La conférence nationale souveraine était devenue le leitmotiv de la nouvelle démocratie africaine, ce qui entraina le vandalisme et la désobéissance civile.

Le gouvernement d’union nationale ne répondait à aucune logique politique jusqu’à la flagornerie qui intégrait la société camerounaise en faisant semblant de faire avec le RDPC. Le secret politique était réel, celui de faire avec Biya pour bénéficier des fruits de la prospérité, ce que les uns et les autres ont compris dans leur obéissance aveugle aux ordres du chef de l’Etat. Les élections politiques qui allaient suivre étaient sanctionnées par la mascarade et les calculs d’intérêts de certains opportunistes interpellés dans les affaires.

Le RDPC était devenu une fissure pour atteindre le prestige, ce qui a amené les bandits de grands chemin et les voleurs à col blanc de manifester leur adhésion même quand l’idéologie du parti n’intéressait personne. Députés, maires, présidents de sections, ministres, DG étaient devenus les fabrications dans l’imposture du RDPC. Cette masse populaire avait ouvert les vannes d’un réseau de détournement des deniers publics aux yeux de Paul Biya, qu’ils croyaient dupes et moins regardant. Mais grande a été leur surprise de voir les caciques du régime réduits aux simples prisonniers vulgaires entre 1999 et 2013. Ecroués dans nos prisons, ces hommes et femmes crient au scandale d’une injustice alors qu’ils ont servi avec dévouement le RDPC et son président Paul Biya.