Cameroun: Quid des outrages au peuple ?
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Cameroun: Quid des outrages au peuple ? :: CAMEROON

L’actualité judiciaire camerounaise est régulièrement occupée par des accusations d’outrage souvent appliquées à des quidams ayant pris le président de la République pour cible oratoire. Désormais maniaque, cette tendance laisse songeur quant au zèle empressé avec lequel certains outrages peuvent dans leur prise en compte judiciaire primer sur d’autres, pourtant bien plus importants encore. 

C’est ainsi qu’aux termes des dispositions pertinentes de la Constitution camerounaise, le peuple camerounais est celui qui dispose de la souveraineté. Or, cette souveraineté populaire ne semble pas primordialement prise en compte lorsque ce peuple fait l’objet d’authentiques outrages. 

A ce titre, ce peuple peut entendre des institutionnels le qualifier, via une de ses composantes, de ‘’chiens’’ et autres noms d’animaux sans sourciller. Visiblement, les tenants de tels outrages étant sûrs de leur fait et de l’impunité dont ils jouissent dans leur commission, ils ne s’en alarment outre mesure.

Ce peuple à qui il avait été promis ‘’la santé pour tous en l’an 2000’’ peut manquer de dialyses, de BCG, de sérum anti tétanique, composante indispensable du Programme élargi de vaccination ; il peut ne pas avoir d’égouts ou tout autre moyen d’évacuation des eaux usées ; en plein XXIème siècle, ce peuple considère encore l’eau courante et l’électricité comme des luxes insolents non atteignables par le commun. 

Il peut se voir privé arbitrairement de la parole via certains de ses représentants au Parlement. Ce peuple peut porter plainte sans que cela ne donne lieu à la moindre descente de la police ou de la gendarmerie pour une enquête de proximité, lesdites institutions ne disposant hélas pas assez de ressources à cette fin. Sans oublier les procédures judiciaires dont ce peuple peut être l’objet et qui prennent leur source dans des organes spéciaux n’étant pourtant pas nantis de la qualité et des compétences inhérentes aux prérogatives de police judiciaire, à l’instar de la Direction générale de la recherche extérieure (Dgre). Or, son personnel, comme cela a pu arriver quelques fois, pourrait être infiniment plus utile au pays dans son champ de prédilection, à savoir le contre-espionnage et l’espionnage, ‘’un métier de seigneurs’’ paraît-il, pour autant que ceux ayant en charge son exercice n’amalgament moins noblement avec ‘’saigneurs’’. La gouvernance appliquée à ce peuple est tellement anachronique que les actes et gestes quotidiens de celle-ci relèvent en soi du fait divers. Et à cet égard, l’abondante matière pourrait faire l’objet de tout un bottin.

Ainsi en est-il, à date, du mort admis à un ‘’jadis’’ prestigieux concours public officiel pour lequel il aurait dû participer préalablement à un examen oral, qui lui-même avait cours alors que cet ‘’admis’’ était déjà mort. Dans la même institution de formation, l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), des résultats récemment publiés par sa direction ont fait l’objet d’une première annulation, pour ensuite être ‘’republiés’’ par le ministère en charge de la Fonction publique, avec au passage un grossissement notoire du nombre d’admis dans la seconde et définitive liste. Ce peuple qui, un matin, peut découvrir que ses impôts alimentent un fichier solde de l’Etat truffé d’environs 14.000 bénéficiaires potentiellement abusifs. Un bottin entier, disions-nous plus haut, qui nous suffisent
pour gorger la présente chronique et la conclure sur le vœu que ces outrages subis quotidiennement par le peuple camerounais prêtent à méditation chez la cohorte d’institutionnels publics qui en sont les auteurs, car il vaut mieux ne point faire aux autres ce que l’on redoute pour soi-même, et par là, tenir ce peuple éloigné du sentiment d’injustice qui est souvent au cœur des grandes fournaises révolutionnaires ou sécuritaires. 

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