Pour le politologue, l’ex-président zimbabwéen n’est pas l’auteur de sa lettre de démission.

En tant que politologue, comment appréciez-vous la démission forcée du président Robert Mugabe ?
Le président Robert Mugabe n'a jamais expédié une lettre de démission à l'Assemblée nationale du Zimbabwe. Il s'agit du coup d'Etat le plus sophistiqué mené contre un chef d'Etat africain. Robert Mugabe a été victime d'une révolution de palais. Avec la complicité des occidentaux, il a fallu trouver une parade susceptible de contenir les pro-Mugabe et les anti-Mugabe, à l'effet d'éviter une implosion conflictogène au Zimbabwe.

Pourtant, il se dit que c’est le président Robert Mugabe qui a envoyé la lettre lue par le président du Parlement ?
Cette information est totalement fausse. Le président Robert Mugabe n'a jamais posé un tel acte. Pour preuve, il ne pouvait ni s'exprimer, ni sortir de sa résidence. De tradition, les démissions contraintes ou volontaires de chef d'État s'opèrent par voie audiovisuelle. Or, personne n'a vu le président Robert Mugabe s'exprimer.

Ses bourreaux ont été d'une ingéniosité à nulle autre pareille qui fera jurisprudence dans l'histoire des coups d'Etat. Robert Mugabe le nationaliste, le combattant, aurait préféré tomber ou mourir les armes à la main. C'est un fait très grave au-dessus de la subtilité politique qui fit aussi tomber Habib Bourguiba en Tunisie.

Comment voyez-vous l'avenir de l'Etat au Zimbabwe ?
Le président Robert Mugabe est le dernier héros au pouvoir après Nelson Mandela qui a libéré le continent africain et singulièrement son pays. Le Zimbabwe est une invention de Robert Mugabe. Ses prédécesseurs successifs devraient en prendre conscience.

Ce n'est qu'à ce titre qu'ils préserveront l'unité du pays. Ils pourront alors, avec une classe dirigeante nationaliste, inventer un Zimbabwe moderne et intégrer le concert des nations. Une chose est sûre. La vraie fausse lettre sur la démission de Robert Mugabe fera tâche d'huile.