Mugabe - Biya : Les charmes vénéneux du pouvoir
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Robert Mugabe, né le 21 février 1924 en Rhodésie du Sud. Président de la République du Zimbabwe depuis le 31 décembre 1987. Son nom est associé à l’histoire du Zimbabwe. Paul Biya est né le 13 février 1933 au Cameroun. Président de la République depuis 1982, il est arrivé au pouvoir grâce à une nomination. Quels liens entre les deux ? La longévité au pouvoir du presque centenaire et du plus qu’octogénaire, à l’heure de la montée des périls.

Si le premier est l’aîné du second de 9 ans, ils sont tous les deux (84-93 ans) solidement ancrés dans le 3e Age. En revanche, Biya est arrivé au pouvoir 5 ans avant Mugabe, mais ils ont atteint –à coups d’élections frauduleuses-et dépassé 3 décennies sur le même fauteuil de leur république respective. Les deux figurent dans le cercle très fermé des présidents au pouvoir trentenaire qui en compte seulement une demi-douzaine. Tous sont au moins octogénaires.

A force d’inertie, Mugabe a été gagné par la tentative dynastique et c’est entre autres, ce qui va l’emporter. Biya danse encore avec ses ombres et après 35 ans de pouvoir, n’arrive pas à s’accorder avec lui-même sur un dauphin. Mais il serait trop tard ou hasardeux maintenant de suivre cette voie périlleuse…

A chacun ses démons ? Pour l’ancien président du Zimbabwe, c’est l’histoire du scorpion qui a fini par se mordre la queue. Contraint de faire face à plusieurs fronts à la fois : son parti politique, le Zanu-Pf dont il est le père fondateur, qui l’a bouté hors du mouvement ; la rue dont la fronde s’est opportunément adossée au ‘putsch’ de l’armée.

Par contre, Biya est encore ‘solidement’ arrimé au pouvoir. Mais c’est une illusion d’optique. Etrange destin pour celui qui voulait rester dans l’histoire comme l’homme de la démocratie et de la paix. Sourdement, la fronde et les fronts rongent l’édifice. Son pouvoir est menacé autant par la crise anglophone unanimement mal négociée et par une guerre asymétrique que nous fait subir la nébuleuse Boko Haram.

Son parti, le Rdpc, est devenu atone à force d’être tenu à bras le corps par une administration hyper centralisée qui ignore superbement les régions. Les crises, le mécontentement latent et la grogne plus ou moins ouverte peuvent faire basculer le régime, qui donne toujours l’impression qu’il sait y faire, indifférent à la marche du temps.

Pourtant, l’histoire africaine foisonne de ces indéboulonnables qui ont fini par céder. Zine el-Abidine Ben Ali, Hosni Moubarak, Mouammar Kadhafi, Blaise Compaoré, Yahya Jammeh : tous étaient réputés irremplaçables et indispensables. Tous sont tombés en un tournemain, le plus souvent lâchés par les leurs…

Si au Zimbabwe, le camarade Bob va sauver au moins sa peau, c’est parce qu’il a une histoire avec le Zimbabwe. C’est une figure historique comme on en fait plus. Un dinosaure politique comme nous n’en verrons plus. Une sorte de Castro  africain, façonné par l’anti-impérialisme.

« Quand vient le moment de la chute, la mémoire collective ne retient que la face sombre. Les errements de la vieillesse, les hésitations du pouvoir qui rechignent à passer la main, le népotisme, l’argent, les assoupissements en public, la santé chancelante », susurre un observateur. Pour beaucoup d’Africains, Mugabe demeure une icône. Son image a été façonnée par son parcours et son combat contre les anciennes puissances coloniales. L’histoire qui s’écrit déjà pour Biya retient l’arrogance, les contrats léonins avec les multinationales, la déstructuration du tissu socio-économique…

Mugabe est entré en politique en 1960, à 36 ans, pour affronter le régime ouvertement raciste de l’ex-Rhodésie du Sud. Arrêté en 1964, il restera plus de dix ans en prison sans jamais accepter de négocier. Il sera libéré en 1974, date à laquelle il prend le chemin de la lutte armée, depuis le Mozambique. Grand commis de l’Etat, le très discret Biya est entré en politique en 1982, à la faveur de la démission du président Ahidjo.

Mais l’heure n’est pas encore au bilan. La tentation de rempiler est encore très forte chez l’homme qui ne se prononce pas encore à quelques encablures de la présidentielle prévue en 2018. De plus en plus oppressif, avec une gestion catastrophique des droits de l’homme, il exerce son pouvoir dans la solitude la plus absolue…

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