Cameroun, Transition politique: La tripartite de retour dans les plans politiques
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Cameroun, Transition politique: La tripartite de retour dans les plans politiques :: CAMEROON

Au plus fort de la crise sociopolitique qui prévaut jusqu’à présent au Cameroun et devant la rareté de solutions que présentent le pouvoir en place, la réflexion sur une possible mise sur pied d’une tripartite comme en 1992 a été en débat lors de l’organisation par l’UDC du 26e Anniversaire de cette initiative qui aura désamorcée le climat social tendu des années de libertés politiques en 1992.

La salle de La Tripartite du Palais des Congrès de Yaoundé a fait son plein d’œuf hier à l’occasion du 26ème Anniversaire et première célébration de la Tripartite et de l’Arbre de la Paix initié par le Dr Adamou Ndam Njoya, Président National de l’Union Démocratique du Cameroun, UDC hier 13 Novembre 2017.

L’événement a réuni au tour du Président national de l’UDC, un panel riche constitué des personnalités suivantes :

1. Le Philosophe émérite de renommé, le Professeur Hubert MONO NDJANA, Universitaire et Militant du parti au Pouvoir le RDPC et qui à en 1991, était acteur de la Tripartite à laquelle il avait pris part en qualité de Membre du Comité Central du RDPC, Secrétaire à la Communication et à la Culture au Comité Central,

2. Célestin BEDZIGUI, Homme politique illustre, à l’époque, acteur en sa qualité de Président National d’un des partis de l’opposition qui avaient pignon sur rue, notamment le PAL (Parti de l’Alliance Libérale) ;

3. Dr Hilaire KAMGA de l’Offre Orange qu’on ne présente plus, et qui en 1991, était l’un des actifs sur le terrain en qualité d’Etudiant engagé dans le combat aux côtés du Parlement estudiantin dont on connaît le rôle dans les combats que portaient l’opposition et la société civile.

Des membres du Corps diplomatique et d’autres personnalités politiques ont pris part à cet événement à l’instar de Monsieur ONANA Victor de l’UPC, Mohamadou Talba de l’UNDP, et Bergeline DOMOU de CPP. Côté du Pouvoir, aucun membre du Gouvernement n’a pris part et la CRTV a brillé aussi par son absence pour un événement d’intérêt républicain pourtant très couru par toute la presse qui a pignon sur rue au Cameroun.

Pour l’essentiel, dans le contexte actuel du Cameroun caractérisé par la persistance et de plus en plus violente de la « crise anglophone » faisant peser de graves menaces sur la paix et l’unité nationale, il était question de mener des « réflexions pour interroger les symboles unificateurs, porteurs de germes de construction d’unité nationale », en revisitant les accords historiques du 13 Novembre 1991 ayant sanctionné les travaux de la rencontre tripartite qui a le mérite d’avoir évité au Cameroun, le spectre de la guerre civile qui devenait inévitable après près de 7 mois de villes mortes et de désobéissance civile dans presque tout le pays en dehors des provinces du Centre, du Sud et de l’Est dans une certaine mesure. La radicalisation des positions dans les deux camps étaient telle que le pays allait droit vers le mur de la déchirure. Face à la persistance des villes mortes et désobéissance civile, l’Etat avait interdit les réunions, versé les antigangs partout, instauré le commandement opérationnel avec droit de tirer à tout bout de champ, procédé à de nombreuses arrestations. L’économie, l’école et autres étaient complètement paralysées et le pays était agonisant.

Aujourd’hui, peut être pas avec la même amplitude mais avec des évolutions inquiétantes, la crise anglophone et Boko Haram installent le pays dans la psychose et toute la classe politique, la société civile et la Communauté internationale demandent un dialogue inclusif comme moyen idoine pour trouver les solutions efficaces. L’initiative de l’UDC est donc louable et sonne comme une alerte à l’endroit du pouvoir pour au moins deux raisons :

1. Seul le dialogue républicain inclusif est le moyen efficace pour sauver le pays des situations délicates. Comme la tripartite a sauvé le pays du spectre de la guerre civile en 1991, un forum du genre peut encore sauver le pays du spectre de la division et de la rébellion armée à condition de jouer franc jeu ;

2. Le non respect des engagements par le Gouvernement et certains acteurs politiques plus soucieux de leurs intérêts partisans ou personnels, peut finir par détruire le peu de confiance entre le peuple et les gouvernants pour ce genre de dialogue qui dans tous les Etats sérieux, est la voie salutaire et incontournable pour trouver des solutions durables aux problèmes cruciaux du pays à un moment ou l’autre de son histoire. Sur cet aspect, les personnalités présentes à l’événement anniversaire organisé par l’UDC dans la même salle de la Tripartite en 1991, ont permis de relever les manquements graves au tour de la tripartite et du respect de ses résolutions. Ces manquements incombent au Pouvoir et à certains acteurs de l’opposition camerounaise. Pour le savoir, il convient de résumer ici la substance des accords de la tripartite qui, il faut le dire, reste dans l’histoire politique du Cameroun, la seule instance de dialogue où l’opposition a réussi à faire reculer le Pouvoir en l’amenant à inscrire à l’ordre du jour, la réforme constitutionnelle alors que le Gouvernement voulait focaliser le dialogue sur le code électoral et sur le code médiatique.

En résumé, les accords de la tripartite portaient sur deux aspects fondamentaux : La décrispation du climat sociopolitique pour restaurer la vie normale dans le pays, et la réforme constitutionnelle pour asseoir et consolider l’Etat de Droit, la démocratie et le développement du pays.

1. Sur la décrispation du climat social et grâce à l’opposition :

· Le Gouvernement a consenti un moratoire fiscal exceptionnel aux contribuables victimes des villes mortes ;

· Le Gouvernement a levé les interdictions des réunions et des manifestations politiques publiques ;

· Le Gouvernement a levé toutes les mesures exceptionnelles et spéciales de sécurité prises consécutives aux villes mortes ; notamment les multiples et interminables barrages routiers de contrôle, les antigangs et les Commandements opérationnels ;

· L’Etat a libéré les personnes arrêtées à la suite des réunions et manifestations politiques publiques ;

· L’Etat devait réhabiliter les Associations dissoutes, à l’instar de CAP Liberté du très dynamique DJEUKAM TCHAMENI ;

· L’Opposition a levé les mots d’ordre de villes mortes et de désobéissance civile.

2. Sur la réforme constitutionnelle, c’est ici qu’on a relevé avec beaucoup de regrets, les graves manquements ou violations des engagements pris. Il était question des engagements ci-après:

· Le Consensus comme mode d’adoption des décisions ;

· Mise sur pied d’un Comité Technique pour élaborer le projet de la nouvelle Constitution à soumettre pour approbation à la seconde tripartite à convoquer dès la fin des travaux de ce Comité Technique qui devrait comprendre des experts issus des partis politiques, de la société civile et du Gouvernement ;

· La nouvelle Constitution devait affirmer les principes démocratiques forts et consacrer l’Etat Unitaire Décentralisé avec les 10 Provinces à ériger en 10 régions autonomes gérées par des exécutifs régionaux élus ; elle devait garantir une véritable séparation des pouvoirs Législatif, Exécutif et Judiciaire, créer les nouvelles institutions comme la Cour Constitutionnelle, la Cour des Comptes, le Conseil d’Etat, le Sénat, la Haute Autorité de la Communication, la Haute Autorité de la Fonction Publique et clarifier la répartition des pouvoirs entre l’Etat central et

les Collectivités locales par l’instauration d’un Pouvoir Régional ; limiter la durée et le nombre du mandat présidentiel à 5 ans renouvelable une fois seule fois et consacrer l’élection présidentielle à deux tours.

Une seconde rencontre tripartite devrait se tenir pour examiner et pré adopter le projet de la nouvelle constitution qui devait être soumis au référendum populaire pour adoption finale. Aucune élection ne devrait se tenir avant la seconde tripartite, l’adoption et la promulgation de la nouvelle constitution.

· Au lendemain de la tripartite, deux comités avaient aussitôt été constitués dont l’un, composé de l’opposition et du Gouvernement, devait travailler pour l’opérationnalisation du package deal devant conduire à la décrispation et l’autre, constitué du Gouvernement, l’Opposition et Société Civile, était chargé du suivi de l’application concrète de tous les engagement constitutionnels. Après ces différentes mesures concrètes, les principaux acteurs de l’opposition et de la société civile sont allés à la CRTV où ils ont tenu une table ronde dont la diffusion devait permettre à l’opinion de comprendre la pertinence et l’intérêt majeur des accords signés qui étaient une victoire du peuple et de l’opposition car, il faut le dire, le Gouvernement avait été battu sur son propre camp.

Malheureusement, alors que le Comité bipartite chargé de l’opérationnalisation du package deal était déjà sur pied d’œuvre, une violente campagne de dénigrement et de calomnie est déclenchée au sein de l’opinion par certains Leaders de l’opposition contre les signataires des accords de la tripartite et principalement contre le Dr Adamou Ndam Njoya qui, après ces importants travaux, s’était envolé pour une mission de l’ONU en Europe. On l’accusait d’avoir vendu le peuple, d’avoir trahi la révolution engagée et pris des sacs d’argent qu’il serait parti garder en Europe. Ces Leaders qui, il faut le dire, étaient devenus paradoxalement jaloux des succès enregistrés sous la houlette du Président National de l’UDC et qui pensaient que cela le mettait en pool position de devenir le prochain Président de la République, surtout à la suite de l’acte spontané posé par des femmes Camerounaises issues des partis politiques(Opposition et Pouvoir), de la société civile et des Médias ayant participé à la Tripartite, avaient unanimement et spontanément entonné et chanté l’hymne de la Paix, dansant et marchant sous la conduite de Mme Julienne KETCHA, première femme parlementaire camerounaise (paix à son âme), et avaient remis solennellement l’arbre de la paix au Dr Adamou NDAM NJOYA lui demandant de faire prospérer davantage cette paix dans le pays tout entier. Ces leaders avaient bénéficié de l’accompagnement optimal de l’essentiel de la presse privée qui avaient jusqu’alors appuyé l’opposition dans ses actions ; il s’agit de la presse baptisée à l’époque de la « Sainte trinité » composée des Journaux tels que Le Messager, La Nouvelle Expression et de Challenge Hebdo. Pendant que ces Leaders accéléraient leur campagne sans pour autant appeler à la continuité des villes mortes, le Pouvoir à travers le Ministre de la Communication de l’époque, un certain Professeur Augustin KONTCHOU, a retiré la bande de la table ronde enregistrée et interdit sa diffusion afin que l’opinion ne puisse pas écouter la vraie vérité sur les acquis de la Tripartite pour ne retenir que ce que lui disait les Leaders qui avaient engagé la campagne de dénigrement sous la conduite du Président du SDF, Monsieur Ni Njohn Fru Ndi et du Président de l’UFDC Monsieur Hameni BIALEU. Résultat, le Gouvernement n’a presque plus rien respecté et a repris force là où il était battu par les forces du vrai changement. Il faut retenir que le SDF avait pris part aux négociations jusqu’à l’adoption des accords et ce n’est que sous prétexte de l’absence de la version anglaise de la déclaration du 13 Novembre 1991, qu’il n’avait pas signé, disant attendre ladite version anglaise. Ainsi, le Comité Technique qui devait travailler pour le projet de la nouvelle Constitution sur la base des termes de référence ci-dessus n’a plus eu lieu, la seconde tripartite n’a plus jamais eu lieu, et le Président va dans la foulée, convoquer le corps électoral à l’effet d’élire les Députés le 1er Mars 1992. Curieusement, lorsque l’UDC et les autres partis signataires des accords de la tripartite décident de ne pas participer à ces élections parce que le Gouvernement n’a pas respecté le préalable convenu en ce qui concerne l’organisation de la seconde Tripartite en vue de la mise sur pied consensuelle de la nouvelle constitution avant toute élection, le SDF va aussi décider de ne point participer pour le même motif ; l’UNDP qui avait signé l’accord et même la décision de boycott des législatives convoquées, se rétracte après que le Président de la République ait fait une promesse spéciale de 500 000 000 FCFA à tout parti politique qui accepte aller aux élections. La suite vous le connaissez.

C’est après ces élections et les alliances qu’on pouvait à priori qualifier de contre nature qui ont permis de basculer en faveur du RDPC, la majorité parlementaire acquise par trois partis de l’opposition à savoir l’UNDP, l’UPC et le MDR, redonnant ainsi au Président Biya le pouvoir de former le gouvernement alors qu’il avait perdu ce privilège au regard des résultats, mais aussi après le scrutin présidentiel qui a suivi 7 mois plus tard le 11 Octobre 1992 couronnée par sa victoire controversée, que le Président va quelques années après s’engager dans le projet de réforme constitutionnelle en sa manière et avec les gens qu’il a choisis. Ceux-ci, dans un Comité Constituant, vont puiser ce qu’ils ont voulu puiser dans les orientations de la tripartite pour sortir ce qui tient lieu de Constitution du Cameroun aujourd’hui, promulguée à travers la loi constitutionnelle du 18 Janvier 1996 qui porte révision de la Constitution du 02 Juin 1972. Il ressort des analyses faites au palais des congrès dans le cadre de cet anniversaire organisé par l’UDC que :

1. La décentralisation est consacrée dans la constitution mais on lui a retiré sa substance dans la mesure où, l’Etat entend nommer un Représentant qui dominer sur l’autorité de l’exécutif régional ; et même cette décentralisation à demi-teinte, n’est pas réalisée 21 ans après la promulgation de la loi Constitutionnelle de 1996 ;

2. Au lieu de la Cour Constitutionnelle, on a instauré le Conseil Constitutionnel et malgré cela, cette institution n’est pas mise sur pied jusqu’ici. Il en est de même de la Cour des Comptes qui a été substituée par la Chambre des Comptes consacrée dans la Constitution ;

3. En lieu et place de la Haute Autorité de la Communication, on a créé un Conseil National de la Communication qui fonction comme il peut ;

4. Pas de Conseil d’Etat, ni de Haute Autorité de la Fonction Publique ;

5. Le comble, c’est qu’au lieu de consacrer la séparation des Pouvoirs, la Constitution a consolidé la suprématie du Pouvoir Exécutif et pire encore du Pouvoir du Président de la République sur les deux autres pouvoirs Législatif et Judiciaire.

6. Le Sénat est mis sur pied mais au lieu que les Sénateurs soient tous élus comme convenu, la constitution donne au Président de la République le Pouvoir de nommer 30% de ceux-ci et son mécanisme de fonctionnement ne garanti pas le rendement républicain attendu.

7. Le mandat présidentiel était limité à deux mais sa durée était plutôt passée de 5 ans à 7 ans ; cette limitation est par la suite annulée en 2008 sans que la durée ne soit ramenée à 5 ans et l’élection présidentielle est toujours à un seul tour.

En revisitant ces acquis de la Tripartite, on peut dire lorsque qu’on est lucide et de bonne foi, que cette rencontre, la Tripartite, aura été ce bon Médecin qui a posé un bon diagnostic et a fait la bonne prescription pour sauver le Malade agonisant. Seulement le Garde –Malade et certains de ses partenaires n’avaient pas à cœur, la volonté réelle d’aider à la guérison du mal et ont choisi dans la liste des remèdes prescrits, de ne donner au malade que certains calmants. Conséquence, on a réussi à reporter le mal dans le temps et maintenant il est en train de ressurgir. La Tripartite donnait naissance à la 2ème République que le Gouvernement et certains acteurs de l’opposition ont empêchée par ce qu’il y en a malheureusement qui se passent pour acteurs de changement alors qu’ils sont des vrais défenseurs du statuquo et travaillent plutôt pour la rotation des personnes à la mangeoire et non pour un changement de système qui, par sa grande perméabilité, est la cause principale et principielle de nombreux abus dont souffre la nation. Ainsi, pour eux, les acteurs actuels auront suffisamment mangé et devraient quitter pour qu’ils arrivent à leur tour se servir du pays et non servir le Pays. Le Peuple et Dieu ne permettront pas cela. Merci au Dr Adamou Ndam Njoya pour cette autre initiative républicaine louable et aux autres acteurs témoins de la Tripartite qui ont pris part à l’événement et ont par leurs exposés et déclarations, aidé l’opinion à mieux comprendre les réalités et les fondements républicains de cette rencontre tripartite venue 30 ans après la conférence de Foumban en Juillet

1961, mais dont les accords auront subi presque le même sort que ceux de 1961 à savoir le NON RESPECT. Nous devons comprendre que l’ère de la politique du mensonge est révolue. La politique ne doit plus être un raccourci à emprunter pour s’enrichir et acquérir la gloire individuelle, mais plutôt un engagement sincère et ferme de se mettre au service du pays pour la richesse et la gloire de son peuple.

NB: Titre et sous-titre de la Rédaction

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