Mohamadou Bayero Fadil : ‘’La décentralisation est une réponse adéquate aux problèmes des minorités’’
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CAMEROUN :: Mohamadou Bayero Fadil : ‘’La décentralisation est une réponse adéquate aux problèmes des minorités’’ :: CAMEROON

Membre titulaire du Comité Central du Rdpc et Sénateur suppléant de la Région du Nord, Mohamadou Bayero Fadil réagit par rapport aux mouvements observés dans les Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Entretien…

Le Cameroun est secoué depuis le mois d’octobre dernier par des mouvements de grève dans les régions d’expression anglophone. Quel jugement portez-vous sur cette actualité brûlante ?
Avant de répondre à cette question, je tiens tout d’abord à vous remercier pour m’avoir donné la possibilité de m’exprimer ce jour sur un sujet aussi sensible qui touche la paix et l’unité nationale. Vous savez sans nul doute que rien de solide ne peut se construire dans le désordre et la violence. En tant que républicain, je ne peux que condamner les actes de destruction qui se sont produits dans ces régions d’expression anglophone et plus précisément à Bamenda. On ne réclame pas ses droits, pour ce qui concerne les revendications corporatistes, en cassant et en brûlant plusieurs années de sacrifices ; en portant atteinte à l’intégrité physique des compatriotes. Ces manifestations sont même allées plus loin en remettant en cause les fondements de notre nation : un pays indivisible et uni dans sa diversité.
Pour moi, s’attaquer aux emblèmes de la République alors que le gouvernement prône le dialogue entre toutes les parties impliquées dans cette crise est inadmissible. Au moment où notre pays s’apprêtait à accueillir un grand évènement sportif africain, en l’occurrence  la CAN féminine 2016, ne peut-on pas parler de préméditation ?

On peut désapprouver les méthodes utilisées pour réclamer des droits dans un contexte sécuritaire difficile. Mais dans le fond, les problèmes soulevés ne sont-ils pas réels ?
Certains le sont ; par contre, d’autres sont fantaisistes et relèvent tout simplement de la démesure. Il est difficile de parler de marginalisation lorsque le Président de la République confie d’importants postes de responsabilité aux élites anglophones ; engage l’exécution de certains projets de développement à caractère socio-économique. Regardez un peu tout ce qui a été réalisé à Buea et ses environs dans le cadre de la célébration du Cinquantenaire de la Réunification et en prélude à l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations féminine à Limbé. Ces investissements se chiffrent à des centaines de milliards de Fcfa. La région du Nord-Ouest a été logée à la même enseigne en termes d’infrastructures routières, universitaires et de communication. C’est un vaste chantier qui se poursuit d’ailleurs et dont un encadrement efficient est nécessaire.

Aux lendemains des revendications, des mesures spéciales ont été prises par le Chef de l’Etat au profit des enseignants et la version anglaise des actes uniformes de l’Ohada a été transmise aux avocats. Ce sont des signes d’ouverture qui attestent une réelle volonté de dialogue. Les Camerounais peuvent travailler partout où ils sont affectés dans le triangle national étant donné que le problème de la traduction des documents ne devraient en réalité pas se poser. Des budgets sont consacrés pour ces activités et vous avez certains de nos compatriotes d’expression anglaise qui travaillent à Maroua et partout ailleurs. Il faut accorder une chance aux négociations ouvertes par le gouvernement en vue d’une solution durable à cette crise.

Certains leaders politiques proposent le retour au Fédéralisme pour décanter définitivement cette situation. Est-ce également votre point de vue ?
L’article 55 de la Constitution du 18 juin 1996 règle le problème. La décentralisation est une priorité politique du Président Paul Biya. Je pense qu’elle doit être réellement opérationnelle pour éviter le désordre actuel. Ceci veut concrètement dire qu’il faut bien maîtriser et encadrer la décentralisation. Il faut que le transfert des compétences de l’Etat vers les collectivités locales soit réelle. Il s’agit ici de permettre à chaque communauté de définir elle-même ses stratégies de lutte contre la pauvreté en tenant compte de ses spécificités et de son environnement. Je suis convaincu que si nous atteignons ce niveau de gouvernance locale,  on aura fait un saut qualitatif important dans le maintien de la cohésion sociale au Cameroun.

Un mot sur la CAN féminine qui vient de se tenir dans votre pays ?
La principale leçon que je retiens à l’issue de cette 10ème édition est que nous avons gagné le pari de l’organisation. De mauvaises langues avaient prédit l’échec de cet évènement sportif. Ils ont été servis par la barre très haute mise par le Cameroun et l’engouement populaire manifesté par le peuple camerounais autour de cette grande fête sportive. Le seul hic est la défaite en finale concédée face au Nigéria. Nous n’avons pas tout de même démérité. Maintenant, tous ces bons point engrangés nous permettent d’envisager l’avenir avec optimisme notamment, la Coupe d’Afrique des Nations masculine 2019 que nous allons accueillir. Si les chantiers liés à son organisation sont exécutés dans les normes et livrés dans les délais, ce sera une autre victoire à mettre à l’actif du Président Paul Biya./.

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