France- Cameroun: HONORONS LE Pr KAPET DE BANA
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France- Cameroun: HONORONS LE Pr KAPET DE BANA

Un grand africain s'en va. Préservons son oeuvre. Offrons-lui des obsèques dignes.Décédé le 15 septembre dernier en région parisienne, un train d’hommages met en lumière son œuvre d’exception. Ce texte est le premier d’une série destinée d’une part à saluer la mémoire de cet illustre africain, à travers son œuvre de valorisation et de libération de l’Afrique, de promotion de la démocratie, de l’alternance et des droits humains sur le continent et d’autre part de mobiliser les bonnes volontés pour une participation matérielle et financière au programme de ses obsèques.

« Quand l’Afrique se libérera, le monde s’humanisera » disait-il. Plus qu’un mantra, mieux qu’une exhortation, il en avait fait sa boussole : révéler au monde les ressorts, l’intérêt et l’utilité du génie profond de l’Afrique en regard des défis de l’humanité.

C’était une figure du 20e siècle. Celle de la diaspora panafricaine, mais aussi des pérégrinations de brillants éléments, voletant comme un pollen fertile entre les cinq continents, refusant la domination coloniale, la férule des pouvoirs à l’aube des indépendances et la distorsion de l’image et de l’histoire de l’Afrique par les puissances coloniales.

Il préféra l’ombre du travail de fond. Une ascèse et une rigueur de bonze pour mieux révéler la canopée du génie, des figures et des valeurs du monde noir et de l’Afrique.

Le Professeur Kapet de Bana, nourri de la sève du pays bamiléké, lesté des piliers des cultures africaines, et porté toute sa vie par l’idée d’unir les africains et les noirs du monde entier, s’est éteint à l’hôpital Brousse en région parisienne, le 15 septembre dernier.

Homme pluriel, pétri de culture, en appétit systématique de science, féru d’innovations, il avait à la manière d’une mygale de la terre de ses ancêtres, tissé sa toile aux confins des sciences sociales, du droit, de l’économie, de la criminologie et de la pluralité des approches de la sociologie.

Sa moisson de parchemins et titres académiques lui a ouvert les portes d’instituts et d’universités prestigieuses dans le monde. En Guinée, en Algérie, au Sénégal, bref dans divers campus à l’exception de son pays natal le Cameroun. Kapet de Bana avait choisi de militer pour une cause exaltante et fatale pour de nombreuses figures des années 50-60 : la libération de l’Afrique, l’indépendance réeelle du Cameroun et le refus du néocolonialisme.
Aux cotés de Félix-Roland Moumié, héros national, figure emblématique de la lutte pour l’indépendance du Cameroun, il fut après avoir fait partie de la première délégation du Cameroun à l’ONU en 1961, une des éminences grises du combat contre les survivances de la domination coloniale, les nouveaux travers du néocolonialisme, en déplaçant le curseur sur la nécessité d’ouvrir « l’Afrique aux sciences et techniques « , titre d’un de ses nombreux articles, entre autres publié dans une édition de la Revue Nouvelles de Moscou, en 1969.

Expert fécond et pluridimensionnel, il conseilla plusieurs chefs d’Etats africains ( Ben Bella, Boumedienne, Senghor…), mais ancra davantage son action dans une approche de terrain, plurielle et guidée par une éthique et une philosophie complexe autour de points-clés : la lutte pour les droits humains avec la création de la Ligue camerounaise des droits de l’Homme ; la fédération des diasporas africaines avec la création du Conseil mondial de la diaspora panafricaine ; la révélation des civilisations et la valorisation des langues africaines à travers le Centre de recherche et d’études pour la promotion des langues africaines pour l’intégration et le développement durable ; le travail de mémoire avec la participation au lancement de la Fondation Moumié et un engagement pour les réparations de la Traite négrière ; et mille autres initiatives.

"L'Afrique, en était-il convaincu, bouge et le moment est venu de rappeler quelques vérités historiques qui ne font pas partie des livres d'histoire d'aujourd'hui et sans lesquelles on ne peut pas comprendre l'Afrique contemporaine". De ceci, découla le projet de l’Encyclopédie politique, sociale et culturelle de l’Afrique contemporaine et du monde noir.

Comme Saint Thomas d'Aquin qui consacra plus de dix ans de travail dans la Somme théologique, ce projet reste inachevé. Kapet de Bana aidé d’une équipe compétente et dévouée y avait mis toutes ses dernières énergies, pour rassembler une masse impressionnante de données, rédigé des articles d’une densité tellurique, tentant de condenser de manière cohérente, organisée et méthodique, entre autres, les idées, connaissances, problématiques, débats, figures et trajectoires, études des civilisations sur l’Afrique et le monde noir.

C’est un legs à la postérité. Un ultime don de soi pour que les idées ne meurent et la quête de la renaissance africaine, horizon d’attente du Prof. Kapet de Bana. Un travail à continuer !

© Correspondance : ABDELAZIZ MOUNDE

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