Le grand mensonge de moi à moi-même à l’IRIC… quand le Cameroun se découvre et se voile
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Le grand mensonge de moi à moi-même à l’IRIC… quand le Cameroun se découvre et se voile :: CAMEROON

Le tribalisme est une réalité au Cameroun, mais c’est un mal dont on peut venir à bout sans chirurgie, ce n’est pas une tumeur qui demande la présence d’un médecin ! Nous devons prendre du recul par rapport à tout ce que nous entendons, à ce qui se projette très souvent sans nous, imposé par des impératifs d’une division savamment orchestrée dont personne ne doute de l'objectif ultime, faire croire aux Camerounais qu'ils se détestent... Beaucoup d’entre vous ont certainement lu il y a au moins trois ans des articles que je consacre à ce sujet, sujet qui occupe mes recherches depuis une quinzaine d’années.

Il faut jongler avec les moyens que nous offrent les universités occidentales pour faire des études sur des sujets camerouno-camerounais afin de battre en brèche de vieilles théories savamment mises en place en premier par l’école occidentale de la pensée sociale africaine, puis en second par ses héritiers qui ne se sont pas intéressés aux recherches de terrain. Voilà que la lumière jaillit des ténèbres dans lesquelles nous sommes plongés depuis des décennies. Six noms des admis et six noms des desadmis qui se recrutent dans l’ensemble socio-ethnique du pays suivant le seul canevas du triomphe des tenants du pouvoir en place.

Voici la liste des candidats préalablement admis et dont les noms ont disparu de la seconde liste du ministre de l’enseignement supérieur

1- Nti Estelle Nadia 
2- Mebenga Lucien Thierry 
3- Oyono Ottou Didier Hervé 
4- Ayuck Marguerite Josiane 
5-Simeu Djoko Brice C. 
6- Minka Minyem Joseph.

Liste des nouveaux admis dont il est difficile à l’heure actuelle de dire si oui ou non ils ont passé les écrits et les oraux pour être admis à l’IRIC

1- Babilah Bobmia Blandine 
2- Mofti Salomon 
3- Ebongue Manga Christine 
4- Mokwe Welisane
5- Bouhari Alim (sur la liste Search liste d’attente de ceux qui ont été déclarés admis) 
6- Iddi Ahmed

Pour le Dr Owona Nguini enseignant dans la maison IRIC, « ce sont plutôt les éléments ethnorégionaux du Centre et du Sud qui ont été victimes des manœuvres ethnopoliciennes consistant à réajuster la première liste pour la rendre conforme -selon la logique du lit de Procuste- à la rationalité politico-clientéliste de «l'équilibre régional» qui est venue mettre en question le travail du jury pourtant souverain comprenant des universitaires éminents comme les Prs Minkoa She, Pondi, Olinga et Messanga Nyamding. Ce n'est pas principalement l'IRIC qui est en question mais c'est surtout les autorités politico-administratives centrales (Secrétariat général de la Présidence) et celles des ministères(ministère des Relations Extérieures et ministère de l'Enseignement Supérieur) qui assurent la cotutelle sur cette institution. Les manœuvres politiciennes clientélistes qui ont été faites l'ont été sous le régime des pratiques dites d'équilibre régional parce que 4 régions n'étaient pas, selon cette logique politico-clientéliste de pondération interethnique et interrégionale «représentées» alors que le Centre et le Sud paraissaient «surreprésentés» dans la première liste. On en est alors arrivés à disqualifier la vice-major de la première liste, Estelle Nti qui arrivait en 2ème position après Mebe'e Ngo'o Mekoulou!!! » Cet échange informel dans le groupe cameroon_politics@yahoogroup.com fait penser que ce qui est arrivé à l’IRIC n’est qu’un rééquilibrage de la liste pour respecter l’équilibre régional ! Que non ! Alex Gustave Azebaze crie au tribalisme et le journaliste Alain Jules lui sert le dossier Mgr Victor Tonyé Bakot alors archevêque de Yaoundé accusant le père Ludovic Lado SJ de ne « recruter que des bamiléké » à l’université catholique de Yaoundé. Toutes ces analyses sont-elles fausses pour autant ?

Un tribaliste sommeille-t-il en chacun de nous au regard de ces analyses ? Nous pouvons ajouter les réactions du MRC et du SDF qui demandent simplement que les exclus soient réadmis et que les autres soient tout simplement exclus !

En lisant attentivement ces deux listes on se rend compte que les recrues comme les exclus viennent de toutes les aires géographiques et de toutes les confessions de notre pays. Il s’agit donc plus d’une liste de la minorité régnante contre la majorité, une majorité dans laquelle on trouve des enfants capables de passer les concours et d’y être admis au mérite mais qui ne le sont point parce que l’ascenseur social est bloqué à un étage de purification afin de ne mettre ensemble que les membres de la fratrie et leurs progénitures. Nous avons donc à faire à une bande d’hypocrites dans notre pays, ceux qui recrutent ou font recruter leur progéniture et ceux qui font semblant de dénoncer – ceux qui dénoncent sont ceux qui dirigent dans nos universités les mémoires de leur frère de leur sœur, de leur fille de leur fils – aucune éthique donc aucun mérite – tous disqualifiés pour s’exprimer sur le sujet au risque de scier la branche sur laquelle ils sont assis eux-mêmes.

On croit avoir lancé un pavé dans la marre, mais on se trompe ! C’est un os à ronger le temps que les admis commencent les cours, que l’opinion publique se trouve un autre sujet de distraction. Au final les Camerounais ne se connaissent pas et ne connaissent pas leur propre pays. Tout les oppose et rien ne les rassemble. Le président de la république vient de débloquer environ 5 milliards pour la construction d’écoles dans l’Extrême-Nord après que nous ayons rendu public ces photos qui ont été reprises par de nombreux journaux de la place, ceux qui font du journalisme le cul dans le fauteuil dans leur rédaction de Douala, Yaoundé ou Bafoussam !

Oui, au Cameroun, nous n’avons que deux ethnies ou deux tribus : celle des riches et celle des pauvres, celle de l’élite et celle des va-nu-pieds. N’oublions pas l’ethnie des créateurs de haine, l’ethnie de ceux et celles qui appellent les innocents à s’entretuer. Ceux-là parcourent le pays avec des billets de banque, maigres pour eux mais énormes pour le petit peuple, avec le sourire, de nuit comme de jour, c’est l’ethnie des chefs de guerre! Elle est minoritaire, mais elle règne sur l’ensemble du pays parce qu’elle contrôle tous les moyens de communication, les richesses et leurs moyens de production. C’est elle qui admet dans les grandes écoles, c’est une ethnie de 67 familles : ce sont les familles régnantes du Cameroun. Regardons cette photo

« Photo des membres des 67 familles régnantes au Cameroun pendant la marche du 28 février 2015 »

Les autres sont des seconds voire des millièmes couteaux dans le dispositif de conservation du pouvoir et la promotion de l’élite se fait en cercle fermé. Hommes et femmes ne sont que des objets quand ils perdent tout espoir de s’en sortir, et c’est le cas au Cameroun. C’est le cas des marcheurs du 28 février dernier dont le seul mérite a été de se vêtir d’un polo !

Dans la lutte pour l’accès aux grandes écoles au Cameroun, l’ethnie et la tribu sont secondaires. C’est l’unique message que nous devons passer parce qu’il est vrai. Ce qui est central c’est la lutte pour briser le monopole, le contrôle que 67 familles ont sur l’ensemble du pays. C’est à nous de faire pression sur les institutions, sur l’État afin qu’il joue son rôle d’organisateur, c'est-à-dire celui de structurer la société, de construire ponts et passerelles afin que les hommes et les femmes puissent circuler librement au prix du seul mérite.

Le Cameroun doit entrer de plain-pied dans la modernité sous peine de s’autodétruire. Nous avons l’obligation de le faire aujourd’hui parce que, visiblement, personne ne l’a pensé. Nous devons également faire face à une paresse intellectuelle manifeste qui consiste à penser qu’en Afrique nous ne pouvons pas penser une réforme endogène qui aboutisse au développement. Nous devons sortir du verbiage radiophonique du samedi et du dimanche.

Le Cameroun est une terre en friche pour les recherches socio-anthropologiques; Les ethnologues ont ici de quoi travailler mais, depuis le décès de Jean Pierre Ombolo notamment, les études ethnologiques sommeillent au Cameroun et nous partons et nous appuyons sur des conclusions tirées par d’autres pour nous dire ! Il

est temps de dire qui nous sommes à partir de recherches empiriques capables de contester ce qui nous est imposé. Ce n’est qu’à ce prix-là que l’IRIC et les autres institutions seront utiles à notre pays !

Crédit photo(Photo de garde): (Vincent-Sosthène FOUDA aidant un enfant à faire sa vaisselle à Sébikotane au Sénégal en avril 1989)

© Correspondance : Dr Vincent-Sosthène FOUDA

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