Cameroun: Pourquoi l’autocratie échoue toujours
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Alors que Paul Biya, âgé de 85 ans et au pouvoir depuis 36 ans, célèbre sa septième «réélection», force est de constater que cette «réélection» peut être interprétée comme une preuve de la résilience de notre plantation biopolitique déguisée; et se faisant passer pour un État moderne.

En effet, le CL2P ne croit pas en l’indépendance du Cameroun, mais assimile la prétendue indépendance comme un simple changement cosmétique des modes de domination. Un changement cosmétique sans changement administratif significatif, seul M. Paul Biya remplaçant le maître colonial. De ceci découle l’absence de processus démocratique dans le pays, qui a notamment conduit le CL2P à s’opposer à la tenue de cette mascarade d’élection présidentielle du 07 octobre dernier.

Le grand changement avec cette élection, cependant, est la diffusion des nouvelles technologies et des médias sociaux qui minent la forme de propagande traditionnelle entretenue par le régime en place. Plus précisément, l’émergence cruciale d’acteurs politiques et sociaux qui divisent et déstabilisent le pouvoir actuel à l’instar du Pr. Maurice Kamto ou du journaliste Michel Biem Tong correspondant du CL2P kidnappé et sequestré depuis le 23 octobre dans les cachots de Biya. Ces nouveaux acteurs politiques introduisent dans la sphère publique un débat central sur les droits existants et la nécessité de nouveaux droits.

L’émergence de ces nouveaux acteurs est source de confusion pour le régime camerounais. Par ses attaques et ses menaces contre Pr. Le kamto, c’est un régime habitué aux citoyens qui ne pensent pas par eux-mêmes, obéissent sans contestation, se soumettent et ne défient jamais l’autorité du « prophète », ne sortent jamais des sentiers battus de la résignation, et se contentent de se laisser distraire et divertir par les conneries des « créatures » de Biya.

Vraiment le mauvais côté de l’histoire!

Il devient donc évident que les «créatures» de Biya s’appuyant sur une rhétorique diabolique contre une opposition légitime, insinuant que seuls les partisans du parti-État, le RDPC, sont les seuls véritables Camerounais, se révèlent comme d’incurables irresponsables. Car la responsabilité du politicien est d’unir et de servir la population, indépendamment de ce que les critiques disent du régime. En ce moment, cependant, le climat politique camerounais continue à en souffrir. Il s’est encore enfoncé dans la toxicité, les divisions, et les menaces de violence proférées par l’ancien brigand de grand chemin devenu ministre de l’Intérieur Paul Atanga Nji contre la vraie opposition, qu’ il a de la sorte bêtement contribué à officialiser.

L’argument fondamental du Cl2P en faveur de la démocratie libérale est que les démocraties libérales n’ont aucune raison à se faire la guerre ou de l’inciter, qui plus est contre leur propre peuple. Nous pensons que cela s’applique toujours.

Il existe en effet un lien direct entre la dictature, le nationalisme, la militarisation, et finalement la guerre extérieure et l’oppression interne brutale, souvent avec un ethnocide. De plus, le pouvoir corrompt absolument et il devrait toujours y avoir des contrôles institutionnels. La démocratie, aussi imparfaite soit-elle, vise précisément à limiter le pouvoir exécutif. En outre, la liberté de parole, d’association, de réunion et de presse, la liberté de religion et de conscience, la séparation de l’Église et de l’État, l’égalité devant la loi, la démocratie représentative, le droit à un procès juste et équitable, le jury, la présomption d’innocence, la protection contre les perquisitions et saisies arbitraires, la séparation des pouvoirs, l’indépendance judiciaire, le système juridique de la Common Law, la primauté du droit, la constitution écrite limitant le pouvoir gouvernemental, la libre entreprise, les droits à la propriété privée, la liberté de contracter, etc….

Le moment est donc venu pour tous de regarder fixement dans le miroir et d’exiger que ceux qui nous représentent dans la vie publique réintègrent la civilité dans leur discours public, dans nos médias généralistes et nos réseaux sociaux. Sinon nous nous dirigeons tout droit vers une destination très sombre.

En résumé, pourquoi l’autocratie échoue-t-elle toujours? Parce que comme Charlie Chaplin le dit dans son célèbre film, Le dictateur, la dictature échoue parce que la haine des hommes passera, que les dictateurs mourront et que le pouvoir qu’ils auront pris aux gens reviendra au peuple. Et tant que les hommes mourront, la liberté ne périra jamais.

Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P
http://www.cl2p.org 

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