Les chefs sawa accusés de grenouillage politique
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Après avoir demandé à Paul Biya d’être leur candidat à la présidentielle 2018, au cours de la visite de travail du ministre de l’Administration territoriale dans la capitale économique, des acteurs politiques jugent cette sortie des gardiens de la tradition inopportune. 

Plus une surprise pour personne. Les chefs traditionnels au Cameroun sont des acteurs  d’un poids certain dans le microcosme sociopolitique. Ils ne s’encombrent plus de pudeur ou de scrupule pour afficher de manière ostentatoire, leur marquage politique. Cet état de fait vient d’être confirmé à Douala, au terme de la visite de travail que le ministre de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji, a effectué dans la capitale économique, mardi 10 avril 2018. 

Ce séjour sur les berges du Wouri du Minat a été marqué par une déclaration commune des chefs traditionnels Sawa, lue par le président en exercice du Ngondo, Sa Majesté, Madiba Songue, à l’issue d’une séance de travail que l’hôte de marque a eue avec les gardiens de la tradition, dans la salle de Conseils baptisée Rodolphe Tokoto de la Communauté urbaine de Douala. Tous les chefs traditionnels des cantons disséminés dans la région du Littoral, ont prié le président de la République, Paul Biya, à poursuivre son action à la tête de l’Etat, à l’heure des manoeuvres précédant la présidentielle de 2018. Dans la foulée, ces monarques applaudissent le climat de paix et de calme qui prévaut dans la région, comme facteur de développement. 

De même, ils se félicitent de la promotion de nombreuses et diverses réalisations économiques et sociales achevées. Pèle mêle, l’on cite le lycée technique et professionnel agricole de Yabassi dont les travaux sont en cours, le deuxième pont sur le Wouri, les pénétrantes Est et Ouest de Douala, le stade de Japoma en matériels préfabriqués encore en chantier, le stade de la Réunification et de Bonamoussadi en rénovation, la relance de la caféiculture dans le Moungo entre autres. 

Une sortie déplorable

Approché mercredi 11 avril 2018 par le Grand Reporter du Messager, le 3eme adjoint au maire de Douala IIeme, par ailleurs ministre en charge de l’information et des médias du shadow cabinet du principal parti de l’opposition au Cameroun, ne voit pas d’un bon oeil cette sortie des chefs sawa qu’il qualifie de «malheureuse et de déplorable». Pour Jean Robert Wafo, «il est déplorable et malheureux que les chefs traditionnels sawa s’acoquinent, à ciel ouvert, avec le régime en place, au point d’apporter leur soutien à la candidature de l’actuel président de la République». 

Après 34 ans de magistère à la tête du pays, c’est indécent pour ces gardiens de nos valeurs ancestrales d’encourager Paul Biya à se représenter à la magistrature suprême lance Jean Robert Wafo qui assène : «un chef traditionnel est un gardien des us et coutumes. Un chef traditionnel n’est pas un entrepreneur politique. Un chef traditionnel n’a pas vocation à faire du grenouillage politique. Il doit être neutre, garder de la hauteur chaque fois qu’il y a une compétition politique. Sinon, il est plus qu’une girouette en cas d’alternance». 

Au sujet du climat sociopolitique dans le  Littoral et à Douala singulièrement, le ministre du Shadow Cabinet se demande si ces chefs vivent dans la même région avec les populations paupérisées. «La vraie paix n’est pas l’absence de guerre. La vraie paix est celle des coeurs. Un Homme normalement constitué ne saurait prétendre qu’il y a la paix à Douala. Les  populations sont en colère. Pour cause de vie chère, chômage endémique, insécurité, déguerpissements sans recasement, enclavements des villes et quartiers, pauvreté…Ce n’est pas parce que le conflit n’est pas ouvert dans le Littoral comme ailleurs qu’il y a la paix». Tranche-t-il. Sentencieux ! 

Même la société civile dont Philippe Nanga, coordonnateur de l’Ong «Un monde avenir» est l’un des acteurs majeurs, trouve cette déclaration des chefs Sawa inopportune sinon opportuniste avant de dénoncer le rapport incestueux qu’entretient le régime avec les suzerains en général au Cameroun. «La sortie des chefs traditionnels sawa confirme la politisation de la scène. Ces gardiens du temple sont désormais des acteurs du champ politique, avec la bénédiction du régime». Frappant sur le même clou, Philippe Nanga estime que Douala et la région du Littoral, présentée comme ville-coeur de l’économie avec des réalisations diverses, « est une ville vieille, étouffée sinon morte. Toutes les réalisations citées sont issues de vieux projets remontant à l’époque du président Ahidjo. Douala est programmée pour être classée comme vieille ville au profit de Kribi, ville nouvelle qui abrite désormais d’importants pôles économiques. Douala a un vieux port. Kribi a un port futuriste et charrie beaucoup d’espoir…» 

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