Pr. Mathias Eric Owona Nguini : « Les événements sociaux ne pourront pas affecter le calendrier politique »
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Professeur, qu’est-ce qui, à votre avis, peut être retenu comme fait politique majeur au Cameroun en 2017 ?
De manière incontestable, la persistance de la crise dans les régions du  Nord-Ouest  et  du  Sud-Ouest et son développement auront été les faits majeurs au plan politique au Cameroun. En effet, cette crise s’est développée au point de glisser vers une confrontation armée. C’est pourquoi  elle  constitue  un  souci majeur pour les Camerounais. On peut aussi considérer que l’officialisation de la situation de crise au plan économique est un autre fait important  qui  s’est  présenté  au cours de cette année 2017.

Pensez-vous que la situation dans les  deux  régions  sus-évoquées pourra  avoir  une  incidence  sur l’année  qui  va  commencer,  qui comme tout le monde le sait est une année électorale ?
La crise dans les régions du Nord-Ouest  et  du  Sud-Ouest  aura  certainement  une  incidence  sur  la gestion  du  processus  électoral. Mais cela ne signifie pas que cette crise pourra compromettre le déroulement des élections aussi bien dans ces deux régions que dans le reste du pays.

Comment en sortir en 2018 ?
J’ai toujours dit que cette crise était très difficile à gérer parce qu’il s’agissait essentiellement d’un dialogue de  sourds.  Les  parties  prenantes n’ont pas la même perception de la situation et ne l’envisagent pas au même niveau. Pour le pouvoir, un certain nombre de mesures ont été prises dans le sens de faire des concessions  et  de  prendre  en compte les revendications du mouvement social anglophone lorsque celui-ci  a  commencé  autour  des revendications des avocats et des enseignants. Par contre, les acteurs du mouvement social, même ceux qui  étaient  engagés  dans  les  revendications  des  avocats  et  des enseignants réclamaient des choses qui allaient bien au-delà, voulant nécessairement une discussion sur la forme de l’Etat. Ce que le pouvoir refuse. Cette situation a continué et va persister parce qu’il est difficile qu’on puisse trouver un terrain de compromis entre les deux parties sur la question des institutions.

Au-delà du Nord-Ouest et du Sud-Ouest,  le  Cameroun  est  engagé sur d’autres fronts sur le plan sécuritaire (guerre contre Boko Haram,  rebelles  centrafricains  à l’Est…), la préparation de la CAN 2019.  Quelle  influence  tous ces événements peuvent-ils avoir sur les élections prévues dans notre pays ?
La  gestion  de  la  crise  terroriste dans  les  régions  septentrionales et particulièrement dans l’Extrême-Nord, n’a que peu de chance d’affecter  substantiellement  le  cours politique du Cameroun. En vérité, même s’il existe encore un potentiel menaçant venant des acteurs liés aux réseaux de Boko Haram, le Cameroun a pris la mesure de la menace et a mis en place un dispositif qui parvient à la juguler même s’il est difficile de la supprimer.

En ce qui concerne la préparation de la CAN 2019, elle pourrait continuer à susciter des interrogations, d’autant plus que les instances qui en sont  chargées  ne  communiqueraient pas de manière efficace pour indiquer  à  l’opinion  nationale quelles  sont  les  avancées  sur  le terrain  des  préparatifs  de  cette compétition  prestigieuse.  Je  ne pense donc pas que ces deux événements puissent affecter de manière  importante  le  Cameroun, même si pour les deux, ils entraînent  un  certain  nombre  de contraintes financières. Le  Cameroun organisera son cycle politico-électoral. Il reste à savoir si ce cycle pourra comprendre toutes les élections  qui sont a  priori prévues,  à savoir, les élections législatives, les municipales et la présidentielle.

Au niveau du parlement, on a assisté à un nouveau type de manifestations des élus de certaines formations de l’opposition, le SDF et l’UDC notamment. Faut-il craindre une escalade comme cela se voit ailleurs dans certains pays ?
On a effectivement assisté  à plusieurs incidents relevant de l’obstruction parlementaire. Ceux-ci ont été orchestrés par des acteurs des partis  d’opposition  qui  estiment que la majorité les bride et les censure. Il reste à savoir si pour exprimer cela,  il  est  légitime  de  recourir  à de telles manœuvres qui peuvent discréditer  le  jeu  politique  parlementaire.

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