119 poteaux sur 409 détruits en moins de quatre ans, tandis que la moitié des lampadaires encore en place n’éclairent plus

Parti de Soa en 2014 après avoir été déclaré admis au concours de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), Jean Charles A. n’avait plus remis ses pieds dans cette ville qui accueille l’Université de Yaoundé II où il obtient, un an plus tôt, un master II en droit. 

Invité à une fête chez un parent au quartier Nkolfoulou (à environ 5 km de Soa), le 09 septembre dernier, celui qui est désormais magistrat a été estomaqué par le niveau de dégradation des lampadaires solaires installés il y a moins de quatre ans le long du terre-plein central de l’autoroute reliant les villes de Yaoundé et Soa. Poteaux cassés, plaques solaires arrachées, terre-plein central envahi par l’herbe, etc. « Mais… il n’y a pas longtemps qu’on a placé ces poteaux ! », s’exclame-t-il.

C’est en décembre 2013 que l’entreprise Huawei Technologies Co Ltd termine l’installation de ces lampadaires solaires, sur un linéaire de 10 km. Mais en moins de quatre ans, 119 poteaux sur les 409 placés ont été détruits par des voitures à la suite d’accidents de la circulation. Ceci traduit un niveau d’incivisme assez inquiétant de la part des automobilistes sur cette voie, pourtant parmi les mieux construites au Cameroun. 

On se souvient qu’en 2015, l’ancien préfet du département de la Mefou et Afamba, Mbemi Nyaknga – actuel directeur général de la Société nationale de transport d’électricité -, avait menacé de traduire en justice les auteurs de destruction de ces poteaux. Sans plus. Une mission de la délégation du ministère des Travaux publics pour le Centre a même effectué une descente au niveau de la mairie de Soa il y a environ deux ans, pour savoir si la municipalité détenait des informations sur les auteurs des casses. « Elle envisageait, confie le maire Essama Embolo, des sanctions à leur encontre. Or, c’est la police et la gendarmerie qui, dans leurs rapports d’accidents, doivent fournir ce type d’informations ». On ne sait rien de la suite. Sur le terrain, la moitié des 390 lampadaires encore en place ne brillent plus la nuit. 

Au ministère de l’Eau et de l’Energie (Minee), aucune information ne filtre au sujet du service après-vente. Tout ici est frappé du sceau de la confidentialité. D’un coût de 1,5 milliard Fcfa, le projet d’éclairage public sur l’autoroute Yaoundé-Soa est un don du gouvernement chinois, que le président de la République Paul Biya avait obtenu en vue de réduire significativement les accidents de la circulation de nuit et l’insécurité sur cette voie hautement sensible. Toujours dans le cadre de ce projet, 75 autres lampadaires avaient été installés au sein du campus de l’université de Yaoundé II.