Dialogue et pardon
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Chargé de nuages, le ciel sociopolitique camerounais semble légèrement s’éclaircir depuis la visite à Yaoundé de Michelle Bachelet, Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, séjour suivi de la toute première descente de Joseph Dion Ngute dans la région du Nord-Ouest, en qualité de Premier ministre, depuis sa nomination le 4 janvier 2019.

Au-delà du changement de style et d’approche adopté par le chef du gouvernement, la visite de Dion Ngute dans le Nord-Ouest a permis de savoir que le chef de l’Etat est disposé à organiser le dialogue que la classe politique, la société civile et les partenaires au développement appellent de leurs vœux depuis belle lurette. Paul Biya a surtout missionné son Premier ministre sur le terrain pour dire que le débat sur le fédéralisme n’est plus tabou, seul l’est dorénavant celui sur la sécession. Plus qu’une concession, il s’agit-là d’une sortie honorable pour le président de la République qui a martelé à plus d’une reprise que la forme de l’Etat n’est pas négociable.

Paul Biya envoie donc un signal sur sa disposition à ne pas vampiriser le dialogue politique attendu sur une question sans doute cruciale. D’ici le 20 mai, jour de célébration de l’unité nationale, le chef de l’Etat, de sources concordantes, pourrait envoyer un autre signal, plus fort celui-là, en ordonnant l’arrêt des poursuites contre certains leaders emprisonnés dans le cadre de la mobilisation anglophone. Il n’est pas exclu qu’il signe, dans la foulée, un décret portant commutations et remises de peines dont pourraient bénéficier, entre autres, des personnalités embastillées pour corruption et détournements de deniers publics. Le cas spécifique du leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) et de ses compagnons d’infortune, qui fait également l’objet d’un intense lobbying, serait également à l’étude.

En tout état de cause, les derniers tweets présidentiels, qui exaltent la paix, le pardon et la réconciliation, laissent penser que quelque chose d’important et d’historique prend progressivement corps en haut lieu. Une indication limpide que la ligne dure tenue par des faucons, soucieux de préserver leur pouvoir et privilèges, est en train de s’effriter face au tact, à l’humanisme et au réalisme que commande le règlement de la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, pour ne citer qu’elle.

« En ces temps difficiles, croyez-moi, je consacre toute ma force et toute mon expérience au service de la paix, de l’unité et du progrès de notre cher et beau pays », déclarait Paul Biya dans son message du nouvel an 2019 à la nation. Cinq mois plus tard, la réalité tragique que continuent de vivre les populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest engage le chef de l’Etat à faire davantage dans le sens du dialogue, et donc à se défaire de la camisole dans laquelle certains de ses collaborateurs l’ont installé, en lui faisant croire que seule la solution militaire pouvait mettre un terme à cette crise particulièrement déchirante et traumatisante pour le Cameroun.

Pour ceux qui ont pris les armes contre la République, la nouvelle offre de dialogue et de pardon constitue une aubaine. Une occasion de poser des revendications sans faiblesse, ni chantage. La bonne foi et la sincérité doivent prévaloir afin que le dialogue souhaité soit couronné de résultats mutuellement bénéfiques. Le sang de nos compatriotes qui a si malheureusement coulé dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest doit féconder un avenir meilleur pour le Cameroun et pour chaque Camerounais.

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