Cameroun: Le CL2P et la guerre de sécession
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Lors de sa dernière apparition sur Vision 4 le 16 décembre 2018, le Pr. Éric Mathias Owona Nguini, l’idéologue du régime Biya, a critiqué les États-Unis qui ont appelé à la fin des massacres puis au dialogue sans condition dans les régions anglophones en guerre au Cameroun. Pour un régime bien connu pour son extrême susceptibilité envers les observations extérieures et qui pour cela s’emploie à payer sans compter les journalistes étrangers pour éviter les gros titres négatifs de presse, le Pr. Nguini s’est à l’évidence précipité pour invoquer un principe usé du récit de «Lost Cause ou Cause Perdue» en affirmant notamment que l’échec du compromis dans la guerre de sécession aux Etats Unis est de la responsabilité des abolitionnistes radicaux et des politiciens du Nord, y compris le président alors nouvellement élu, Abraham Lincoln, qui avait laissé aux Sudistes aucun choix autre que la guerre.

Dans un certain sens le Pr. Nguini pourrait avoir techniquement raison car, effectivement, le compromis a échoué entre le nord et le sud. Mais l’énoncer sans aborder le rôle central de l’esclavage dans le contexte américain de l’époque reproduit une version erronée mais populaire de l’histoire de la guerre civile qui continue hélas à nourrir le nationalisme blanc qui empoisonne actuellement la politique américaine, en particulier, et Occidentale en général.

Mathias Eric Owona Nguini n’a curieusement pas mentionné- et personne à Vision 4 pour lui donner la réplique- le fait que les habitants du Nord étaient plus que disposés à faire des compromis avec les États esclavagistes et à satisfaire bon nombre de leurs demandes. Le compromis de 1850 incluait même une loi révisée sur les esclaves fugitifs, qui obligeait notamment tous les habitants du Nord à aider à renvoyer les fugitifs présumés et refusait à ceux qui étaient appréhendés le droit à un procès – suscitant des cris de protestation des abolitionnistes.

Cet accord reflétait et faisait en réalité la part belle à la plupart des revendications des États esclavagistes, sinon à toutes. Il a renforcé les protections constitutionnelles de l’esclavage et assouplit ses limites territoriales. Les terres acquises du Mexique, à l’exception du nouvel état de Californie, seraient ouvertes à l’esclavage par vote populaire.

Cependant, ces compromis n’ont pas satisfait les États esclavagistes et leur insatiable désir de dicter la politique intérieure et extérieure des États-Unis. Ils voulaient des protections sans ambiguïté et éternelles, permettant l’expansion de l’esclavage dans les territoires occidentaux et au-delà.

La CL2P pose donc la question suivante: pourquoi continuons-nous à défendre le compromis alors qu’il était utilisé depuis si longtemps pour promouvoir prioritairement la cause de l’injustice humaine?

En fait, c’est là que l’idéologie du Pr. Nguini vire au déni et à l’hypocrisie. Il utilise en effet le camouflage d’Abraham Lincoln pour prétendre en filigrane que Paul Biya est une sorte d ‘ »Abraham Lincoln » tropicale combattant des « sécessionnistes radicaux » et jusqu’au boutistes. La vérité est que le régime de Biya ne se bat pas pour libérer les esclaves dans les régions anglophones. Le régime Biya se bat pour maintenir un statu quo injuste, inégalitaire, discriminatoire, gérontocratique, et paternaliste. Dans ce cas, Paul Biya n’est pas Abe Lincoln mais le chef d’un État en guerre contre son propre peuple, et connu pour enfermer ses détracteurs et vaincre toutes les formes de dissidence par la violence, la répression, et la mort…Créant pour ce faire une crise humanitaire d’une magnitude exceptionnelle avec des victimes innombrables de sa machine à tuer sans arrêt.

C’est pourquoi le régime de Biya fait partie du problème et pas de la solution!

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