Initialement prévu pour  les 26 au 27 juin 2015,le forum Agribusiness aura finalement lieu les 08 - 09 juillet 2015 à Yaoundé  Hilton Hôtel.La rédaction de camer.be s'est approchée de l'une des personnalités ressources de cette  rencontre annuelle. Elle est la coordonnatrice au Cameroun de l’ONG Partenariat France et Afrique pour le Co développement (PFAC). Madame Pauline EFFA puisqu’il s’agit d’elle, travaille à l’accompagnement de la structuration des communautés rurales en coopératives pour qu’émerge une économie sociale et solidaire au Cameroun. Rencontre...

Bonjour madame, vous êtes une personne ressource qui participera activement les 08 - 09 juillet 2015 à Yaoundé au forum Agribusiness. De quoi s'agit-il exactement?

Bonjour et merci. Le but de ce forum est de renforcer le secteur agro alimentaire, par l’encouragement des partenariats et l’échange des bonnes pratiques. J’ai également noté que le forum vise à promouvoir des projets agricoles alors, ces objectifs m’ont séduite et je me suis engagée aux côtés des promoteurs.

Quel est le sujet qui retiendra particulièrement votre attention au cours des travaux?

Le sujet qui a retenu mon attention est celui de « la participation des petits producteurs ». Je reste convaincue que lorsqu’on parle de développement agricole, il s’agit d’engager, de manière inclusive, les petits producteurs pour qu’ensemble, chacun dans son domaine, on accompagne l’évolution de leurs activités et donc de leurs revenus. Pour ce faire, il faut d’abord penser leur structuration afin de les engager dans un cadre qui permette un meilleur accompagnement et donc leur renforcement qui les mettrait surtout à l’abri des maux que sont le clientélisme, la corruption et la mal gouvernance. La question de la structuration en cours au Cameroun a donc retenu mon attention.

Que pensez vous de ceux qui affirment que ce forum est manière de mettre en lumière l’importance des opportunités d’affaires dans le domaine de l’agriculture au Cameroun...

Je pense que ceux qui le disent n’ont pas tort mais, à condition de savoir avec qui faire les affaires, prenons le cas du matériel agricole ou des intrants, la cible est le petit producteur, je pense qu’il doit pouvoir dire son mot sur le matériel qui lui sera destiné au final. Si un forum ne concerne que de gros négociants en matériel, les producteurs seront toujours floués parce qu’ils se contenteront de ce qu’on leur propose au finish. Ils sont les utilisateurs de ce matériel et donc il faut les impliquer même dans le choix de celui-ci.

Au cours des travaux, serait-il possible aux entrepreneurs de discuter des projets d’investissements dans le domaine de l’agriculture?

Oui justement pour ce qui nous concerne, il faut investir sur les Hommes c’est une manière humaine de faire des affaires. Les seuls négociants ne regardent que leur profit alors que la participation des acteurs de la base pourrait mieux orienter le choix du matériel à proposer. C’est pour cela que nous avons tenu à ce que la parole soit donnée à ces acteurs essentiels qui sont les principales cibles des ces négociants, d’autant plus qu’une coopérative de petits producteurs bien accompagnés, doit pouvoir acquérir son matériel en mutualisant ses moyens. C’est à cela que nous les éduquons. Cela est le cas dans d’autres pays, pourquoi pas au Cameroun ?

Que diriez vous à ceux qui hésitent encore à confirmer leur présence à ce rendez vous annuel?

Je leur dirai qu’ils manqueraient là une occasion de discuter « vrai » car des producteurs y participent et ne font pas dans la langue de bois.

Nous sommes dans des pays où la base, c'est-à-dire les acteurs, les vrais travailleurs ont toujours été écartés des discussions qui les concernent. Ce forum innove en les intégrant dans les discussions. C’est ce dont nous faisons la promotion, l’approche « bottom-up » des questions liées au développement est essentiel, c’est-à-dire que tout part de la base, n’est-ce pas là le sens normal de la croissance et du développement ? Nous pensons que le premier développement est humain, il faut donc replacer l’Homme au centre des pratiques qui le concernent.

Un dernier mot à l'intention de nos lecteurs ?

C’est le regard que tout Africain devrait avoir pour repenser notre développement qui est souvent « top-down » de l’étranger à nos pays et des gouvernements vers la base, qui généralement ne se contente que du saupoudrage.