Mounchipou Seidou : Triste fin d’un commis de l’Etat
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L’ex-ministre des Postes et Télécommunications quitte brutalement la scène après une fulgurante carrière dans l’administration publique.

Me Nasser, avocat au barreau du Cameroun, un des fils de Mounchipou Seidou, est au four et au moulin au Cameroun, pour les préparatifs des obsèques de son père, décédé dans la nuit de dimanche à lundi dernier, 18 janvier en France. Pour ce faire, il va sans doute multiplier les voyages sur l’axe Yaoundé-Foumban qu’il connait bien. Un nouveau challenge pour cet avocat, organiser des obsèques dignes de la réputation de son père, qui avait déjà dû revêtir, aux côtés de confrères engagés, la robe d’avocat pour assurer la défense de son père mis en cause, alors qu’il était ministre des Postes et Télécommunications, devant la justice camerounaise dans une rocambolesque affaire de détournement de deniers publics qui arrosait plusieurs personnalités.

L’ex-ministre Mounchipou Seidou quitte brutalement la scène alors qu’il préparait, non plus pour la Justice qui l’avait déjà condamné, mais pour la postérité, sa propre version des faits dans un ouvrage à paraitre et qui selon plusieurs proches, occupait l’essentiel de son temps. C’est donc la fin de parcours d’un haut commis de l’Etat qui décède à 69 ans, après avoir roulé sa bosse dans l’administration camerounaise. Diplômé de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), administrateur civil promotion 1981, il est nommé la  même année, 1er adjoint au préfet de Kribi dans le département de l’Océan dans ce qui était alors la province du Sud.

Son parcours professionnel est quasiment sans embuches. En effet, dès 1983, deux ans seulement après sa sortie de l’Enam, il est propulsé au poste de préfet du Mayo Danay, dont le chef-lieu est Yagoua, dans l’Extrême Nord du Cameroun. Il y restera pendant sept longues années avant d’être muté dans la Bénoué, province du Nord, au plus fort des troubles socio-politiques qui agitent alors le Cameroun dans le contexte du Vent d’Est. L’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) de Bello Bouba Maigari, parti de l’opposition en ce temps-là, lève des foules à Garoua et met à mal l’autorité de l’Etat. Mounchipou Seidou a pour mission de contenir cette bourrasque et s’en acquitte visiblement avec succès.

Puisque deux ans plus tard, en 1992,  comme une récompense, il est promu gouverneur de la province de l’Extrême Nord. Le 7 décembre 1997, le ministère des Postes et Télécommunications a un nouveau ministre, Mounchipou Seidou, qui connaitra là, le couronnement d’une carrière fulgurante. La descente aux enfers ne tardera cependant pas. Deux ans plus tard, le 1er septembre 1999, il est démis de ses fonctions et, six jours après, dans un scénario cauchemardesque pour sa famille et ses proches, il est placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de Kondengui. La fin d’une époque. La justice le condamnera ensuite pour « tentative de complicité de détournement de deniers publics ».

Faustin Njikam, directeur de la publication et proche de Mounchipou Seidou s’étonne aujourd’hui encore de l’énoncé de ce crime qui vaudra à l’administrateur civil principal une quinzaine d’années en prison. Il quittera la prison non sans séquelles, avec notamment des problèmes de santé et surtout un long séjour au pavillon Lagarde à l’hôpital central de Yaoundé. Mais ses proches retiennent surtout l’hommage qui lui a été rendu le jour où il quittait le pénitencier de Kondengui : « Il a été attendu devant la prison par une foule d’amis et de proches qui l’a accompagné jusqu’à Manka non loin de Foumban. C’était le retour de l’enfant prodigue », s’enthousiasme Issoffa Pahm, Conseiller principal de jeunesse et d’animation, auteur d’un ouvrage à paraitre sur les figures emblématiques des Grassfield, parmi lesquelles Mounchipou Seidou. M. Pahm nous confie que l’exministre a achevé en prison l’apprentissage du coran : « C’était un grand érudit », scande-t-il. M. Mounchipou a quitté la prison six avant d’avoir purgé sa peine au bénéfice d’une remise de peine en 2014.

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