Cameroun - Mairie Douala Vème : Jeux et enjeux sur la succession de Françoise Foning
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7 mois après le décès de la maire de la commune de Douala Vème Françoise Foning en janvier 2015, le Conseil municipal est convoqué le mercredi prochain 5 août pour procéder à son remplacement. L’intérim de la mairie est assuré depuis ce temps par le 1er adjoint Gustave Ebanda, de la même obédience politique que la défunte, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) parti au pouvoir et majoritaire au sein du conseil.

D’après des sources proches du dossier, la hiérarchie de  ce parti a mandaté trois de ses militants pour venir superviser les élections, à savoir Jacques Fame Ndongo, Camille Ekindi et Tobbo Eyoum. Comme il est de coutume dans ce parti, cette commission ne vient pas juste pour assister aux élections, elle vient surtout pour porter le nom du candidat investit par le parti. Jusqu’ici, les pronostics donnent l’actuel intérimaire favori, mais rien n’est encore sûr, compte tenu des enjeux politiques futurs que cette succession charrie.

Débat tribal

Gustave Ebanda qui a déjà goûté aux délices du pouvoir, aspire légitimement à être confirmé par son parti. Surtout qu’il est resté à ce poste très longtemps au-delà du délai légal de 60 jours prévu par les textes pour le remplacement d’un maire décédé.Et si l’autorité administrative a laissé trainer aussi longtemps cette illégalité, c’est dire que le 1er adjoint ne gênait personne. Il espère surtout qu’en le maintenant ici, le pouvoir répondrait favorablement à la demande des autochtones de Douala V, qui ont toujours souhaité que le maire soit originaire de leur localité, concevant très mal que la mairie ne soit dirigée que par les ressortissants de la Région de l’Ouest depuis sa création, pendant qu’ils sont relégués au second plan. Des tractations dans ce sens sont engagées depuis le décès de Françoise Foning, et se sont intensifiées ces derniers temps avec la convocation du Conseil.

Les réunions des chefs traditionnels Bassa se sont succédées, non seulement pour donner l’onction au fils du village Ebanda Gustave, mais aussi pour contrer les velléités des conseillers Bamiléké du même parti, qui seraient en train de fourbir leurs armes pour occuper ce poste. En tête de ce groupe de « conservateurs » qui voudraient que ce soit un Bamiléké qui succède au Bamiléke Foning, on cite le nom du conseiller Jeannot Tamajong.

Cet ancien sous-préfet du même arrondissement lorgnerait selon ses accusateurs le poste de maire, « alors qu’il ne devait même pas figurer dans la liste des conseillers. » Il lui est en effet reproché de n’être pas resté en retrait et neutre assez longtemps tel qu’exigé par la loi après son départ à la retraite, avant de s’engager politiquement. En son temps, le Social democratic front (Sdf) avait même engagé un contentieux électoral pour demander l’annulation de la liste du Rdpc du fait de la présence de son nom sur la liste.

Jeannot Tamajong de son côté n’accorde aucun crédit à ces allégations : « Personne ne se porte candidat au poste électif dans le Rdpc. C’est le parti qui investit les candidats, on ne peut se déclarer candidat, à moins d’être un aventurier », tranche-t-il, joint au téléphone.

Un adjoint au maire issu du Sdf

Pendant ce temps, le Social democratic front (Sdf) est en embuscade. Tout ce que le parti demande, c’est l’application de l’article 60 de la loi 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes, ce qui lui permettra de faire son entrée dans l’exécutif communal.

Cet article stipule que « …la répartition des postes d’adjoints au maire doit, autant que possible, refléter la configuration du Conseil municipal. » Jusqu’ici, le maire et ses six adjoints étaient tous issus du Rdpc, alors que le Conseil est composé de 5 partis politiques, et le Sdf vient en deuxième position, avec 13 conseillers sur les 59 restants,  deux étant décédés, Françoise Foning du Rdpc et Pappy Ndoumbe de l’Upc.

Le cas de la mairie de Douala V reste d’ailleurs une curiosité dans le non-respect de cette disposition de la loi, qui a été scrupuleusement respectée dans toutes les autres mairies de Douala après les dernières élections municipales. C’est ainsi qu’à Douala 1er, 2eme et 4eme, où le Rdpc est majoritaire et dirige les mairies, on a dans chaque cas un adjoint au maire issu du Sdf, à Douala 3eme où le Sdf est majoritaire, on a un adjoint au maire Rdpc.

L’enjeu pour les conseillers Sdf pour cette élection est que cette injustice soit corrigée, et que le parti pour une fois entre dans l’exécutif communal. Ici aussi, on parle des batailles pour la prise de ce poste, maiscomme dans le Rdpc, la hiérarchie du parti devra trancher, et en toute logique désigner le junior des conseillers de cette mairie, Carlos Ngoualem, qui a conduit la dernière listes aux municipales.

A l’occasion de cette élection, l’autorité administrative est également interpellée, elle qui devra définitivement mettre un terme aux mépris de la loi que la défunte maire affichait, au point où il se disait dans les cercles qu’au Cameroun il y a la loi, mais Douala Vème a sa loi.

 

 

© camer.be : Roland TSAPI

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