Les tensions politiques au Sénégal : l'armée en première ligne face à la contestation
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Alors que les appels à manifester se multiplient dans le pays, depuis vendredi, trois personnes sont décédées en marge des rassemblements. Dans le contexte d’une Afrique de l’Ouest frappée par une vague de coups d’Etat militaires et au regard du niveau inédit de tensions politiques dans le pays, les yeux dont rivés sur l’armée sénégalaise. Au point que les réseaux sociaux sénégalais se moquent du président Macky Sall croqué en tenue militaire pour « le coup d’état électoral » qu’il a suscité en reportant les élections présidentielles 

Prudente l’armée sénégalaise, réputée pour son professionnalisme, se tient, pour l’instant en tout cas, loin des turbulences politiques. La grande muette laisse en première ligne les forces de sécurité intérieure (gendarmerie et police) dans la répression tous azimuts  de la contestation. Lors des émeutes urbaines qui ont suivi en mars 2021 la mise en examen de l’opposant Ousmane Sonko et sa condamnation en juillet 2023 à deux ans de prison pour « corruption de jeunesse », l’armée sénégalaise avait déployé quelques blindés dans les rues de Dakar sans s’impliquer dans des opérations de police. Nul ne peut dire ce qu’elle fera si le pays venait cette fois-ci à basculer dans la violence généralisée.

Scènes de fraternisation

Appelée en renfort des forces de sécurité intérieure (police, gendarmerie) très largement débordées ces derniers jours, l’armée a eu la prudence de n’a pas trop s’avancer dans la confrontation entre Macky et ses adversaires, acceptant seulement de déployer quelques groupes de soldats de l’armée de terre dans les rues de Dakar. Pourtant les scènes montrant des manifestants fraternisant avec des soldats aux pieds des blindés, largement diffusés sur les réseaux sociaux, ont finalement alerté le pouvoir.

De quoi inquiéter le président sénégalais quand on a vu durant l’année 2023 au moins cinq chefs d’état africains céder leur place à des juntes militaires. Alors que le coup d’état militaire représente hélas dans les démocraties d’opérette qui sévissent en Afrique la seule forme d’alternance possible, Macky Sall a quelques raisons de s’inquiéter face à de telles fraternisations entre soldats et manifestants

La peur de la contagion

Macky Sall est l’un des faucons ouest-africains qui ont défendu l’option de la force militaire pour combattre les trois juntes au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Depuis samedi, Maliens, Burkinabè et Nigériens ironisent sur sa sincérité démocratique et sur celle des leaders de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, présidents civils mal élus, cramponnés illégalement au pouvoir et soupçonnés d’être vendus aux intérêts occidentaux

L’État-Major décapité

Méfiant, le président sénégalais avait alors remanié la hiérarchie militaire en précipitant en avril 2023 le départ du chef d’état-major Cheikh Wade, dont le commandement n’était pas encore terminé, et son remplacement par le général Mbaye Cissé, qui n’est autre que le chef d’état-major particulier de Macky Sall. « Les désaccords entre le désormais ex-CEMGA, en fonction depuis 2020, et certains officiers issus du premier cercle du clan Sall, notait alors la lettre d’information Africa Intelligence, se sont multipliés. Parmi eux, on trouve notamment l’aide de camp personnel du chef de l’Etat, l’indéboulonnable général Meïssa Cellé Ndiaye«. Et nos confrères d’ajouter: » En coulisses, Cheikh Wade a longtemps soupçonné ce dernier d’avoir facilité la nomination de plusieurs de ses proches à des postes clés au sein de l’armée, afin de mieux imposer sa vision sur certains dossiers d’importance ».

Rien n’indique, toutefois, que cette tentative de reprise en main de la hiérarchie militaire puisse servir d’assurance-vie à Macky Sall, qui persiste dans sa volonté de contourner la volonté populaire en interrompant le processus électoral après en avoir écarté les principaux opposants. 

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