Cameroun: La Descente dans le Terrier du lapin à  Yaoundé: L'obsession du régime Biya contre les supposés ennemis réels ou imaginaires de l'état.
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Cameroun: La Descente dans le Terrier du lapin à  Yaoundé: L'obsession du régime Biya contre les supposés ennemis réels ou imaginaires de l'état. :: CAMEROON

Maintenant que le régime de Paul Biya a comme toujours opté pour le pire que nous l’imaginions, en embastillant notamment Patrice Nganang au mouroir carcéral de Kondengui, nombre d’entre-nous ne pouvons plus nous dire choqués par les contours de la bassesse à laquelle s’adonne si régulièrement ce régime pour prouver à la terre entière combien il mérite d’être perçu et vu comme une « démocrate apaisée ». Nous avons acquis la certitude qu’il n’y a précisément pas de fond ni de limite à sa descente aux enfers dans sa répression aveugle, brutale, et sauvage des voix dissonantes.

Il est aussi devenu quasiment impossible de porter un regar de saint sur l’attitude d’un régime qui a perdu toute crédibilité internationale. D’autant plus que les souffrances endurées aujourd’hui par le Dr. Nganang sont essentiellement motivées par l’extrême intolérance, la cruauté, et l’hypocrisie auxquels le régime de Yaoundé nous a tant habituées depuis 35 ans, au point où nous réalisons aujourd’hui combien il carbure uniquement à la haine et aux souffrances administrées à ses ennemis réels ou imaginaires.

Alors parlons-en tout un petit peu:

Double nationalité?

Dans un pays où le président passe autant de temps en Suisse comme le fait Paul Biya depuis 1982, il pourrait lui aussi parfaitement être un citoyen suisse sans que cela ne gêne ou ne choque personne. D’ailleurs nombreux sont les membres de son gouvernement et de son entourage qui ont des antécédents de double nationalité. Il s’agit aujourd’hui d’un secret de polichinelle au Cameroun, un pays où beaucoup de personnalités possèdent donc la double nationalité, mais une seule personne déterminée s’en trouve curieusement accusée et acculée, et comme par hasard c’est Nganang. Mais quelle heureuse coïncidence?

Toute cette «enquête» sur la double nationalité de Nganang semble ainsi vindicative et mesquine de la part d’un gouvernement connu pour être vindicatif et mesquin.

Le régime Biya poursuit et cherche clairement dans un trou de lapin ici. Car combien sont-ils les millions de voyageurs d’origine camerounaise, qui vont et viennent du Cameroun, dont le président Biya et sa suite, en exhibant leur double nationalité? Il est en fait improbable et impossible de prouver qu’un Camerounais possède la double nationalité parce que ce type de divulgation est souvent volontaire. De plus, en privant les Camerounais ordinaires de la double nationalité, le régime politise de facto la question. Ainsi, la double nationalité au Cameroun est fondamentalement une question politique, et non criminelle. Dans ce contexte tenir ou détenir deux passeports doit être vu et considéré comme un signe de protestation contre une loi injuste.

La violence?

Ensuite, la question des menaces de mort. Qui croit réellement qu’un homme d’âge mûr hyper-éduqué, sans antécédents de violence, peut soudainement devenir un tueur et s’improviser assassin de chef de l’État? La vraie question consiste davantage à savoir qui incite réellement à la violence au Cameroun? Qui assassine les Camerounais ordinaires dans les régions anglophones? Qui s’est levé au Sénat et a déclaré en pleine séance plénière qu’il a demandé à son propre fils de commettre un génocide dans les régions anglophones? Est-ce Patrice Nganang?

En tant qu’écrivain, les pratiques artistiques sont connues pour être autonomes et souveraines; cela trouve toute sa résonance dans l’argument du Général De Gaulle, selon lequel Voltaire ne peut pas être emprisonné. Car en tant qu’écrivain, Patrice Nganang est protégé par sa liberté d’expression et sa création artistique ou littéraire.

En cela la fonction sociale de Patrice Nganang est précisément ce qu’il fait et qu’il aurait fait y compris sur sa page facebook, c’est-à-dire raconter des histoires et créer des moments de suspense mémorable. Il est clair que la plupart de ce qu’il fait est de l’ordre de la fiction mais les attaques contre lui ne le sont pas; en particulier, pour un régime qui ne sait pas respecter le travail artistique et la liberté d’expression.

De plus, la politique rend souvent l’artiste encore plus stupide au Cameroun. Paul Biya et ses tontons macoutes ont réussi la prouesse de tout rendre ennuyeux dans ce pays. Car tous leurs rituels sont vides de sens et ne produisent que du néant. L’art au Cameroun a ainsi coûté quelques points de QI à des gens intelligents comme nous l’avons vu récemment avec Patrice Nganang et Achille Mbembe, dans leur incapacité à éviter l’imaginaire violent dans un pays où la violence est réelle et permanente. Cela ne fait qu’ajouter à l’incivilité ambiante.

Obsession?

Le régime de Yaoundé est obsédé par ses propres ennemis, réels ou imaginaires. C’est un régime qui fonctionne sur la méfiance armée où chaque Camerounais est susceptible d’être emprisonné sans procédure régulière. N’oublions jamais qu’il s’agit ici d’un régime qui a l’équivalent de tout un gouvernement en prison. De plus, ces arrestations qui prennent une tournure politique, n’ont souvent rien à l’essence à voir avec la politique (au sens de la confrontation des idées et des idéologies). Le CL2P a constaté qu’à l’origine toutes ces arrestations procèdent toujours de querelles personnelles et ont des motivations personnelles. De plus, cette obsession aux conflits de personnes fournit également un moyen approprié de divertissements à un gouvernement qui n’a précisément aucun succès à son actif. Ainsi mettre des gens en prison donne l’impression que le gouvernement fait quelque chose, travaillerait enfin pour le bien être du Cameroun.

Sinon, pourquoi Paul Biya se soucierait-t-il encore autant de ce que les gens disent de lui sur Facebook et les réseaux sociaux? Pourquoi accorderait-il à ses adversaires virtuels une telle attention démesurée et inutilement nécessaire, si il n’y voit précisément pas une force incontrôlable et inadmissible d’insoumission à sa personne, voulue cultivée et porteuse d’une «démocrate apaisée» au Cameroun? Pourquoi le président doit-il donc continuer à enfermer les politiques et les gens perçus comme des opposants politiques? Comment un homme avec plus de 50 ans de service public peut-il encore être aussi sensible et susceptible par rapport à son bilan, et ne toujours pas parvenir à transcender la confrontation de ses «opposants politiques»? Quand va-t-il enfin déclarer la victoire? Après d’autres 35 années de plus au pouvoir???

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