Cameroun, Pierre Sime, Président du SNTRC « Le gouvernement doit urgemment élaborer un cadre juridique du transport pour compte propre »
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Cameroun, Pierre Sime, Président du SNTRC « Le gouvernement doit urgemment élaborer un cadre juridique du transport pour compte propre » :: CAMEROON

Depuis quelques mois, certains industriels, profitant d’un vide juridique dans ce domaine transportent eux même leurs produits au détriment des transporteurs professionnels qui paient de impôts et taxes dans le cadre de leurs activités. Dans l’interview qui suit, Pierre Sime le président du Syndicat des transporteurs routiers du Cameroun (SNTRC) explique les enjeux du transport pour compte propre, et surtout les conséquences négatives chez les transporteurs et sur les recettes publiques.

Comment se porte le secteur du secteur transport routier au Cameroun…?

Depuis plusieurs années, notre secteur d’activité connait de graves difficultés. Ces difficultés sont connues de tous. Il serait fastidieux de les énumérer ici, puisque nous avons adressé des correspondances, et des memoranda au gouvernement sur ces questions. La pression fiscale, le prix du carburant, la question des infrastructures routières,l’assainissement de notre fichier syndical, la question du transport pour compte propre…C’est le lieu pour moi de remercier le chef de l’Etat qui s’est très souvent personnellement impliqué dans la résolution de certaines de nos préoccupations.

Parlant justement de la question du transport pour compte propre, de quoi s’agit-il exactement ?

De façon simplifiée, c’est le fait pour une entreprise ou un une société de transporter une marchandise qui est soit sa propriété, soit qu’elle a achetée, vendue, louée, produite, extraite, transformée ou réparée pour ses propres besoins à l’aide de ses propres véhicules et chauffeurs ou à l’aide des véhicules pris en location avec ou sans conducteurs. Je prends le cas d’un cimentier nigérian (NDLR : DANGOTE CIMENT) qui installé au Cameroun a acheté plus de 200 camions pour transporter sa production. Vous convenez avec moi que ce cimentier n’est pas transporteur, mais de façon illégale il exerce cette profession.

N’est ce pas justement parce qu’il y’a un vide juridique à ce niveau là ?

Bien évidement. Dans d’autres pays, le transport pour compte propre est bien réglementé. Ce n’est pas le cas au Cameroun. Certains investisseurs profitent donc de ce vide juridique pour s’en mettre pleines les poches. C’est une situation tellement préoccupante. D’un côté vous avez des entreprises de transport comme nous qui paient les taxes et impôts…et de l’autre côté vous avez des personnes qui ne connaissent pas ces charges. Pour vous parler de l’ampleur des pertes fiscales notamment la TVA, le BGFT a réactualisé une étude de l’AFD et fait état de près de 22 milliards de FCFA de pertes par mois. Nous saisissons donc cette occasion pour demander au gouvernement de vite légiférer sur cette problématique, d’élaborer un cadre juridique pour le transport pour compte propre. Je dois tout de même signaler que le gouvernement à travers le ministère des Transports a mis sur pied un calendrier de concertation et négociations sur cette question. Malheureusement, les négociations à peine démarrées ont été interrompues de façon brusque. Nous nous sommes rendu compte par la suite de l’existence d’un lobby entretenus par les producteurs pour le maintien du statu quo.

Est-ce à dire que vous n’y pouvez rien…

Nous sommes un syndicat responsable, et nous agissons de façon responsable. Je ne doute pas un seul instant que le chef de l’Etat va se pencher sur cette situation qui est une grave menace à la survie des entreprises de transport au Cameroun. Il faut noter que le manque d’encadrement réglementaire du transport pour compte propre impacte non seulement la survie des transporteurs que nous sommes mais également et surtout l’assiette fiscale. Ceci peut porter atteinte à la sécurité sociale. Nous n’allons plus accepter que ce vide juridique perdure. La reprise et même l’accélération des concertations en vue de l’aboutissement d’un texte consensus sur cette question s’imposent.

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