Gestion des fonds du Barreau : Me Ngnie Kamga face au défi de la transparence
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Le nouveau bâtonnier s’est donné le challenge de moderniser le barreau. Mais un autre défi, et pas des moindres, s’impose à lui : la gestion transparente et intègre des fonds du barreau. Un défi qui a renversé plus d’un bâtonnier.

Me Ngnie Kamga Jackson a de l’ambition pour le barreau camerounais. C’est le moins qu’on puisse dire. Sa profession de foi pendant la campagne en a dévoilé un pan. Mais il doit d’abord et avant tout faire la différence avec ses prédécesseurs par son intégrité morale et la transparence dans la gestion des fonds du barreau. C’est un challenge dont ne parlent pas beaucoup les avocats, mais ils n’en pensent pas moins. Puisqu’ils ont systématiquement sanctionné les trois derniers bâtonniers qui ont pris des libertés avec la trésorerie du barreau, en les empêchant de briguer un deuxième mandat. Ainsi en est-il du bâtonnier Charles Tchoungang et de son trésorier Junior Ashu qui ont été balayés pour mauvaise gestion. La paire Eta Bessong/Michel Penka a subi le même sort ainsi que celle constituée de Francis Sama et Joseph Biliga.

La situation de la caisse du barreau n’a jamais été aussi catastrophique qu’avec ces trois bâtonniers. Une gestion épicière qui, non seulement ternit la moralité des concernés, mais rend le barreau camerounais médiocre. Les fonds qui devaient servir à le rendre plus performant ayant systématiquement pris la direction des poches privées. La faute à la pudeur et à la volonté des avocats de protéger leur profession. En effet, ceux-ci rechignent à traîner l’un des leurs devant les juridictions pénales afin de ne pas fragiliser le barreau. Au plus, ils peuvent infliger des sanctions disciplinaires aux contrevenants à la déontologie et à l’éthique de leur profession.

Il se trouve cependant que pour ce qui est des finances, ils n’ont jamais sévi contre les fautifs, avalant leurs frustrations. Pour autant, ils finissent par les sanctionner d’une manière ou d’une. Soit en traînant les pieds pour payer leurs cotisations soit alors en refusant un deuxième mandat au bâtonnier coupable. Il faut dire que les différentes équipes qui sont passées depuis Charles Tchoungang n’y sont pas allées de main morte. A chaque fois, leur bilan financier laisse à désirer. Un bilan qui cache mal les prises de fonds dans la caisse pour des besoins personnels. De fait, se sachant exempts de toutes poursuites judiciaires, les différents bâtonniers et leurs trésoriers successifs ne se sont pas gênés.  

Ainsi par exemple, Francis Sama avait trouvé à son arrivée 40 millions dans les caisses, laissés par Eta Bessong. A son départ, les caisses du barreau n’en contiennent que 4 millions, son équipe et lui ayant dépensé plus de 600 millions ces deux dernières années. Certes, ils ont acheté le terrain qui va abriter le siège du barreau. Mais les avocats approchés disent qu’ils ont surfacturé ledit terrain. Selon les intéressés, celui-ci aurait coûté environ 260 millions. Un montant jugé excessivement gonflé par certains avocats. En tout, leur bilan était émaillé d’incongruités bizarres qui ont effarouché beaucoup d’avocats qui estiment qu’au bas mot, le bâtonnier sortant aurait dû laisser au moins 150 millions de francs dans les caisses. Non seulement, ce n’est pas le cas, mais en plus, ils ont fait payer par anticipation leurs cotisations sur deux ans aux 1500 avocats qui viennent d’être admis en stage.

En tout cas, les caisses du barreau sont exsangues. Le défi pour le bâtonnier Jackson Ngnie Kamga et son trésorier Dominique Fousse n’est pas simplement d’être intègres et transparents, mais de renflouer les caisses. Dans l’entourage de l’actuel bâtonnier, il se dit que celui-ci est prêt à mettre de son argent dans le fonctionnement du barreau. On lui reconnaît également un détachement certain vis-à-vis des questions d’argent. Ce qui, a priori, pourrait être de bon augure pour le barreau. D’ores et déjà, Me Ngnie Kamga semble avoir pris la pleine mesure de la situation, puisqu’il envisage de changer radicalement le mode de gestion de la trésorerie du barreau. Il s’agit notamment de recruter un directeur financier qui serait comptable de ses actes.

Celui-ci apporterait son expertise dans la gestion et éviterait les distractions de fonds observées jusque-là. Puisque si d’aventure il faisait des détournements ou s’en rendait complice, il aurait à en répondre devant la justice. Ce qui n’est pas le cas actuellement avec les avocats. Selon ses proches, au regard de sa vision du barreau et des ambitions qu’il affiche, le nouveau bâtonnier se serait engagé à mettre ses propres ressources financières au service du barreau. Egalement crédité d’un puissant entregent, on lui reconnaît aussi une grande capacité de mobilisation au niveau international pour faire profiter le barreau camerounais le soutien de la coopération internationale. Quelque part, Me Ngnie Kamga est obligé de se surpasser car le barreau qu’il va diriger est au plus mal. Financièrement bien sûr, mais aussi professionnellement. On ne se donne pas six grands travaux pour la modernisation du barreau sans s’en donner les moyens. La formation des stagiaires et la formation continue des avocats qui sont au coeur de son programme nécessitent beaucoup de moyens qu’il faut trouver.

Me Ngnie Kamga sait ce qui lui reste à faire. Autrement, vote sanction dans deux ans !

© Les Nouvelles du Pays : Etienne PENDA

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