Aboubakar Shekau, l’énigmatique imam de Boko Haram
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NIGÉRIA :: Aboubakar Shekau, l’énigmatique imam de Boko Haram :: NIGERIA

En cinq ans, le jeune homme désœuvré d'un quartier misérable a fait régner la charia sur un territoire important.

Jusqu’en avril dernier, le nom d'Aboubakar Shekau n'était pas connu de l'opinion publique mondiale. Son nom figurait pourtant depuis juin 2012 parmi la liste des huit personnes les plus recherchées de la planète, après que le gouvernement américain a mis sa tête à prix pour 7 millions de dollars. Une prime qui en fait le djihadiste africain le plus cher. Quant au printemps dernier, dans la ville nigériane de Chibok, non loin de la frontière du Cameroun, ses hommes enlèvent 276 lycéennes, le Nigérian dévient brusquement l'ennemi numéro. Mais qui est cet énigmatique personnage qui règne aujourd’hui sur un large territoire du nord du Nigeria, le pays le plus peuplé et le plus riche d’Afrique?

On le dit né en 1965, 1970 ou 1975 dans un petit village du sud-est du Niger, ou d’une petite bourgade de la fédération du Nigeria, dans l’Etat de Yobe. Seule certitude, au début des années 1990, il vit dans la grande ville de Maiduguri, capitale de l'Etat voisin de Borno, où il traîne dans le quartier misérable de Mafoni. C’est là qu’il fait la connaissance du prédicateur fondamentaliste Mohammed Yusuf, qui plus tard fondera la secte islamiste radicale Boko Haram.

«Véritable insurrection armée»

Le discours de ce théologien formé à Médine en Arabie saoudite, qui aime fustiger l'Occident et les élites locales, souvent cupides et corrompues, séduit le jeune Aboubakar. Le villageois déraciné s’inscrit alors à l’institut islamique où enseigne le prédicateur. Studieux et discipliné, Aboubakar qui parle déjà le Kanouri, le Haussa, le Kanouri et le Peul, les trois langues locales les plus répandues, apprend aussi l’arabe, langue dans laquelle ce barbu au sourire moqueur aime à prononcer ses diatribes filmées.

Quand Yusuf transfère sa base dans les environs de Kanama, aux portes du Niger, pour créer une sorte de cité idéale, censée renouer avec les vertus de l'islam originel, Aboubakar est de la partie. Mais l'expérience tourne court: délogé à l'automne 2003 par les forces de sécurité, le groupe retourne à Maiduguri. Là, Yusuf fonde une mosquée baptisée Ibn Taymiyya, du nom de ce kurde disparu au XIVe siècle, qui est aujourd’hui l’un des plus grands inspirateurs du salafisme.

Le lieu devient le point de ralliement des islamistes les plus virulents et politisés d’Afrique de l’Ouest. Il est à son tour fermé au lendemain d'une campagne de répression lancée en 2009 par les autorités. Yusuf lui-même est tué. Aboubakar, grièvement blessé à une jambe, disparaît alors avant de s'autoproclamer imam du groupe. Sous sa férule, Boko Haram, alors considéré comme une petite secte, prend l’allure d’une véritable insurrection armée. Les combattants du mouvement dont la liste des cibles s’allonge ne pratiquent pas le dialogue et encore moins les concessions. Yusuf attaquait les postes de police ou les imams suspectés de tiédeur. Aboubakar organise des enlèvements, des opérations suicides, détruit des églises, commande des raids surprises contre les bases militaires et conquiert des territoires.

En moins de cinq ans, l’ancien villageois désœuvré est devenu le maître d’un petit émirat islamique, où l’application stricte de la charia est devenue une terrible réalité.

© Source : 24heures.ch

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