La présidence de la République ayant décrété des obsèques officielles pour la défunte maire de Douala Vème, Françoise Foning a eu droit à un enterrement haut de gamme. Mais, jusque là, la tentation gratouillait, comme d’habitude, de faire la comparaison entre les obsèques de Foning et celles, par exemple, de tel ministre, ou tel membre du comité central, maire Rdpc, et autres délégués du gouvernement ! Juste pour voir le deuil de qui avait « fait le plus de bruit » ! Les gens ont donc comparé, et comme il fallait s’y attendre, ils en sont venus au deuil de Maman Rosette Mboutchouang, la belle mère du président !

Certains   pensent que le deuil de Françoise Foning a fait plus de bruit… D’autres ont même poussé le bouchon jusqu’à dire qu’il a fait plus de bruit que le deuil de Maman Eyenga, la propre mère du chef de l’Etat ! On a même voulu comparer avec, paix à son âme, le deuil de Jeanne Irène, feue l’épouse du président ! Oui messieurs zé dames, à ce point ! Est-ce dû au gabarit du label Foning, immense au propre, comme au figuré ? La « seule femme homme d’affaires du Cameroun », comme elle-même se définissait était aussi, en effet, la seule femme membre du genre, qu’on retrouvait dans l’organe viril du Rdpc, à savoir, le Rdpc, justement, l’Ofrdpc ou l’Ojrdpc, ayant été spécialement taillés sur mesure pour les femmes, et les jeunes…

Chronique d’une enquête avortée… Nous ne saurions pour notre part, définir qui de Luc Loè ou d’Amougou Noma, d’Emah Basile, Bénaé Mpecke, Ferdinand Oyono, Andze Tsoungui, ou de Koungou Edima etc., ont « mieux » été enterrés que d’autres, mais si ces personnes ont été honorées, c’est parce qu’elles représentaient toutes une valeur sûre aux yeux du chef de l’Etat ou de la nation. Dans ce contexte précis, Foning était sans conteste, la pièce rapportée la plus inattendue, la plus ahurissante, la plus surprenante, la plus hilarante, et donc, la plus peu probable de l’immense patchwork qu’est Paul Biya dans son pouvoir Rdpc. Pour beaucoup donc, c’est elle, la personnalité défunte la plus célèbre dont le deuil a fait le plus de bruit. Mais c’est notre propre petite enquête menée auprès de Camerounais qui va nous édifier dans ce sens !

On découvre au fil des aveux que la personnalité dont le deuil a fait le plus de bruit au Cameroun ne se trouve inscrite nulle part dans le registre ouvert à Françoise Foning, Jeanne Irène et tous les autres ! Pour beaucoup de personnes interrogées, le deuil du siècle, c’était celui de Foé, l’international de foot camerounais qui s’était écroulé sur un stade à Lyon, alors qu’il livrait un match de coupe des confédérations sous les couleurs du Cameroun ! Nos compatriotes aimaient, adulaient et vénéraient Marc Vivien Foé, et ils le confessent volontiers. Le jeune homme a d’ailleurs eu droit à la reconnaissance de la patrie : un deuil officiel a été décrété pour lui par le chef de l’Etat. Comme Foning. Comme Luc Loe, Rosette Mboutchouang et les autres… Mais quelle n’a pas été notre surprise d’entendre les mêmes personnes nous jurer que sans mentir et pour dire la vérité, aucun deuil ne fera jamais autant de bruit au Cameroun que le deuil de Kotto Bass !

« Les routes étaient barrées ; les circuits ont fermé sans mot d’ordre ; les voitures ont garé ; le gens ont marché ; le stade était plein ; les artistes ont chanté ; les gens ont veillé etc. », dit une gargotière en écrasant une larme. Kotto Bass, artiste musicien. Jeune, mais plein de talent. Infirme, mais plein d’allant. Il n’a reçu ni distinction, ni médaille, mais plus qu’aucun président, ministre, millionnaire ou une personnalité politique ne le sera, selon les dires, probablement jamais, il a été honoré par le peuple. Cependant, Kotto Bass, Marc Vivien Foé, qu’importe ! Ils ont tous deux été portés aux nues par le peuple. L’histoire retiendra qu’ils étaient sans parti pris. Ils rassemblaient par le ballon et la chanson, leur travail, leur message. Clair que le souvenir de leur vie fera longtemps encore, écho dans tous ces grands deuils qui font tant de bruit.