Près de 17 000 associations réunies en groupe de 50 personnes minimum ne savent plus à quel saint se vouer pour entrer en possession de leur argent.

Issa Tchiroma Bakary, le ministre de la Communication a publié un communiqué relatif à l’affaire Mida. L’on y apprend qu’au bout du décompte, la somme saisie au siège de Mida est de 3 622 928 550 FCFA. Or, selon les responsables de la structure, 11 835 personnes ont souscrit s pour 12 798 825000 FCFA. Il y a donc un gap de plus de neuf milliards FCFA, qui seront entièrement remboursé par Mida, dit le communiqué. Le Mincom annonce aussi que des paiements seront engagés au prorata de la somme saisie en attendant la fin des enquêtes.

Sur le terrain, il n’est plus possible d’accéder sur le site de la Mission d’intégration et de développement pour l’Afrique (Mida). Policiers et gendarmes ont investi les lieux et repoussent tous ceux qui comptent s’y aventurer. Les séminaristes venus en nombres hier jeudi pour entrer en possession de leur dû, ont été priés de libérer les lieux chacun à son arrivée. « Allez au stade militaire de Yaoundé pour toute information », renseigne un gendarme.

« C’est de la diversion », lâches un moto taximan à l’un des séminaristes que nous rencontrons à notre arrivée. Ensemble, nous décidons de nous y rendre. Chemin faisant, le jeune homme âgé d’une vingtaine d’années, visiblement abattu, indique ne rien comprendre de ce qui se passe. « Avant que le préfet ne suspend e cette activité, on payait les gens normalement. J’ai un ami qui a injecté 8 millions et a reçu 15 millions de FCFA.

Les responsables de Mida ont demandé au gouvernement de leur accorder trois jours pour payer la septième vague qui avait déjà débuté la formation en secourisme, et la huitième vague q ui venait de souscrire. Le gouvernement refuse. Cette affaire est politique. Les problèmes ont commencé le lendemain du jour ou on a fait venir Anicet Ekané pour nous inculquer des valeurs républicaines pendant la formation. Vu le nombre de jeunes que cette activité a mobilisé, je suis sûr que c’est ça qui a entrainé les problèmes », croit savoir le jeune homme.

Présentés comme des victimes d’un vaste réseau d’escroquerie, les séminaristes disent ne pas se reconnaitre dans ce qualificatif. « C’est l’Etat la victime, c’est lui qui sait ce qu’il reproche à Mida. Nous ne reprochons rien à cette ONG qui est prête à nous payer notre argent. Cette ONG nous a inculqué des valeurs e t a toujours respecté les délais de payement de nos cotisations. Je suis un Anglophone, il ne m’a jamais effleuré l’esprit d’apprendre à chanter l’hymne national en français. Grâce à Mida, je le fais aujourd’hui. On dit que c’est une secte, même le simple mal de tête personne parmi nous n’en a souffert. Nous voulons notre argent. Dimanche ils nous ont dit que le Président de la république a demandé que le gouvernement fasse tout pour nous rembourser, et le gouverneur nous a rassuré que dès jeudi il y aura une suite favorable. Aujourd’hui il n’y a personne pour nous recevoir », ajoute le jeune homme.

A notre arrivée à l’esplanade du stade militaire, nous trouvons une meute de séminaristes, les uns couchés à même le sol, les autres râlants. Pas l’ombre d’un responsable de Mida ou d’une autorité administrative. « Repartons au siège pour manifester, on va faire les bras de fer avec les forces de l’ordre », lâches l’un d’eux, exaspéré. « Non les gendarmes et les policiers sont plus nombreux que nous, ils vont très vite nous tenir en respect. Nous ne pouvons rien. Rendons-nous plutôt aux services du gouverneur pour lui demander où et quand on sera payé », répond un autre. Sur les lieux, une liste appelant les séminariste s à inscrire les numéros de téléphones pour la création d’un groupe numérique circule. Il est question de relayer aux membres les informations et la démarche à suivre pour le payement des cotisations. Déboussolés, les séminaristes ne savent plus à quel saint se vouer.

« La Mida est une institution qui existe au Cameroun depuis 2015. C’est en aout 2017 qu’elle s’est lancée dans la formation des jeunes et le financement des projets. Le préfet était représenté à l’ouverture de cette mission, ainsi que toutes les autorités administratives. Depuis tout ce temps, personne n’a été escroquée. Chacun venait avec ses 12500Fcfa, se faisait former et recevait 70000Fcfa à la fin pour financer son projet.

Les autorités étaient toujours présentes lors des payements. Il est inadmissible qu’on nous dise aujourd’hui que le préfet n’était pas au courant. Ce qui embarrasse le plus dans cette affaire, c’est qu’avant qu’on n’interdise cette activité, le coordonnateur de la Mida a demandé qu’on lui accorde trois jours pour désintéresser tout le monde. Le gouvernement refuse. J’entends dire que c’est une association fictive qui escroque les camerounais. Ç a c’est votre problème, laissez la Mida nous payer notre argent », clame Fabrice, l’un des séminaristes.

Informé de cette mobilisation, le commissaire de l’arrondissement de Yaoundé 5è est descendu sur les lieux pour calmer les ardeurs. « Rentrez chez vous et reste z à l’écoute, vous allez être informés sur les jours de remboursement. Pour l’instant on compte encore l’argent retrouvé. C’est beaucoup. Il s’agit de plus de 4 milliards de FCFA en 500 et 1000 FCFA », a indiqué le commissaire.