FRANCE :: MEETING DE PARIS : LE PROFESSEUR KAMTO INSULTE LES JURISTES CAMEROUNAIS D’ILLETRES
© AFRIKSURSEINE : Ecrivain;Romancier Calvin DJOUARI | 02 Jun 2025 09:00:07 | 1467Le meeting de Maurice Kamto, tenu samedi dernier à la Place de la République à Paris, présenté comme un lancement de campagne en vue de l’élection présidentielle de 2025, a pourtant été marqué par une dérive de langage qui interroge la posture intellectuelle du présumé candidat. En qualifiant certains collègues juristes d’« illettrés juridiques » et en insinuant que des professeurs d’université auraient » brûlé leurs thèses de doctorat » . Ceux-ci feraient – selon le professeur Kamto -, » un droit du quartier « . Dès lors, nous constatons que le professeur Kamto a abandonné le registre du débat argumenté pour sombrer dans l’invective personnelle et l’humiliation. Un tel discours, porté par un universitaire de haut rang, trahit non seulement une arrogance manifeste, mais aussi un profond mépris pour le pluralisme juridique et le respect déontologique dû aux pairs.
Cette sortie, loin de relever du simple affrontement d’idées, révèle une posture indigne de la fonction professorale et de la mission de l’intellectuel dans l’espace démocratique. Quand un professeur qualifie ses collègues d’« illettrés », il insulte en même temps tous les enseignants des universités françaises, dont sont issus la plupart de nos agrégés. Le mot « illettré » évoque non seulement l’ignorance, mais aussi une forme d’incapacité fondamentale à comprendre les lois ou à raisonner juridiquement. Appliqué à des professeurs d’université, cela revient à nier leur compétence professionnelle et leur formation intellectuelle – une posture qui va à l’encontre de l’éthique universitaire fondée sur le débat, la contradiction et le respect des différences doctrinales. Ce type de qualificatif serait choquant dans n’importe quel espace académique. Dans un discours public, il devient infamant, et donc indigne du rang que son auteur revendique.
Dans son intervention de samedi, il déclare :
« Il n’y a aucun obstacle juridique à ma candidature à l’élection présidentielle de 2025… Certains illettrés juridiques squattent les plateaux de télévision en longueur de journée pour essayer de créer des doutes sur ma candidature, mais je n’ai pas de temps à perdre pour eux… Je suis également triste quand je vois certains professeurs d’université qui ont choisi de brûler leurs thèses de doctorat pour aller expliquer le « Droit du quartier » sur les plateaux de télévision. » En vérité, il est toujours significatif qu’un homme politique sente le besoin de clamer haut et fort qu’il n’y a « aucun obstacle juridique » à sa candidature. Car, dans une démocratie apaisée, la légitimité électorale d’un candidat ne se décrète pas : elle s’impose par l’évidence des faits et du droit. Or ici, ce n’est pas la clarté juridique qui parle, mais l’urgence de dissiper une suspicion. Et cette urgence même trahit un malaise. Si tout était si limpide, pourquoi tant d’emphase ? Pourquoi tant d’agressivité à l’égard de ceux qui posent simplement la question ? Celui qui martèle : « Il n’y a aucun obstacle juridique à ma candidature » agit comme quelqu’un accusé sans l’être officiellement. Il sent le soupçon dans l’air. Et plutôt que d’expliquer calmement les textes, il attaque, il dénigre, il insulte. Cela n’est pas le comportement de quelqu’un sûr de son bon droit, mais de quelqu’un qui cherche à étouffer un problème par la violence verbale.
La violence du ton cache l’inconfort du fond.
En traitant ses contradicteurs d’illettrés juridiques, Kamto évacue le débat au lieu de l’affronter. Pourtant, plusieurs juristes crédibles et qualifiés ont soulevé des interrogations fondées sur le droit positif. S’il n’y avait aucune ambiguïté, pourquoi cette fébrilité ? Pourquoi parler de » droit du quartier « , comme pour balayer d’un revers de main des analyses qui mériteraient au moins d’être discutées sur le fond ? On ne peut pas se poser en intellectuel, invoquer la rigueur académique, et dans le même souffle disqualifier grossièrement d’autres universitaires – certains même agrégés – en les accusant d’avoir » brûlé leurs thèses « . Cette rhétorique de la violence verbale est le symptôme d’un inconfort juridique masqué par la posture politique. C’est une tentative de remplacer l’argument par l’autorité, ce qui est tout l’inverse de la logique du droit. Plutôt que d’éclaircir, Kamto déplace le débat : il ne dit pas pourquoi les critiques sont infondées ; il dit seulement qu’elles sont portées par des » illettrés « . Ce refus de répondre précisément, article par article, disposition par disposition, laisse penser qu’il y a bel et bien matière à discussion et peut-être même à exclusion.
Si le droit était si limpide, l’élégance aurait été de le démontrer, et non d’attaquer ceux qui posent la question. En fait, ce n’est pas le droit qui parle dans ce discours, c’est la peur d’un obstacle juridique réel, ou du moins redouté. Et cette peur se transforme en agressivité. Mais l’agressivité ne remplace ni la loi, ni la jurisprudence, ni l’appréciation souveraine des juridictions compétentes. À trop vouloir convaincre que tout va bien, on finit par faire entendre le contraire. Et ceux qui osent encore poser la question du droit, au lieu d’être insultés, devraient être écoutés – car c’est aussi cela, la vraie culture républicaine. C’est une arrogance contraire à la posture intellectuelle que Maurice Kamto prétend défendre. Alors que la mission de l’intellectuel est de dialoguer et de convaincre par les idées, ici l’argument se transforme en attaque personnelle. Lorsqu’il parle d’illettré, il évite le fond du débat et impose son autorité comme indiscutable – ce qui ne relève plus de la pensée critique, mais de l’autoritarisme intellectuel. L’arrogance prend ainsi la forme d’un refus d’admettre la légitimité du désaccord : une posture aux antipodes des valeurs de débat et de pluralisme que Kamto proclame pourtant dans son discours.
On peut même dire que c’est une offense à la communauté universitaire.
Revenons sur la phrase suivante : « Je suis également triste quand je vois certains professeurs d’université qui ont choisi de brûler leurs thèses de doctorat pour aller expliquer le droit du quartier… » Cette formule est une allégorie destructrice. » Brûler sa thèse » signifie ici renier tout son savoir. L’expression » droit du quartier » caricature violemment le discours juridique alternatif ou dissident, en le rabaissant à une forme de folklore local, donc illégitime. Comme pour dire que lui seul est légitime au cameroun. Ce n’est pas simplement une critique : c’est une humiliation publique de collègues qui ont le même parcours, les mêmes diplômes, et souvent la même exigence intellectuelle. Cela viole le principe d’honneur entre pairs, fondement de la collégialité universitaire. Chacun peut constater ici que Maurice Kamto agit en paltoquet, car en qualifiant grossièrement un collègue agrégé d’ illettré « , il contribue à dévaloriser l’ensemble de la profession juridique. Pour un observateur extérieur : si un professeur peut ainsi injurier ses pairs, comment accorder foi aux débats académiques qui se déroulent au sein des universités ? En démocratie, la pluralité d’opinions – y compris sur des questions juridiques – est non seulement tolérée, elle est indispensable. En désignant ses contradicteurs comme des ignorants, Kamto rompt avec l’idéal d’un débat rationnel et ouvert. Il introduit un clivage dogmatique entre ceux qui » savent » – c’est-à-dire lui – et ceux qui » mentent » les autres, délégitimant ainsi toute critique.
Ce type de posture est précisément ce que l’on reproche aux régimes autoritaires : la confiscation de la vérité par une minorité autoproclamée légitime. Et ici, cela émane d’un leader qui prétend incarner une alternative démocratique. C’est une faute morale et rhétorique chez Kamto, révélatrice de ses lacunes en matière de transmission du savoir et de maîtrise linguistique. Il ne sait pas transmettre son savoir sans commettre des bévues. En ce sens, Kamto ne pouvait pas être un grand professeur. Chacun peut constater, à travers sa récente intervention, qu’il signe un discours efficace sur le plan oratoire, mais moralement défaillant. En insultant des collègues universitaires sur la place publique, il donne l’image d’un intellectuel pédant, dominateur et incapable d’humilité. Un véritable universitaire ne rabaisse pas autrui par des formules injurieuses : il construit des raisonnements, élabore des critiques structurées et respecte les règles du dialogue académique. Ce type de dérive est non seulement indigne de sa stature, mais également contre-productif sur le plan politique. Car un véritable leader démocratique puise sa force dans la pluralité des voix, non dans la volonté de faire taire ceux qui ne l’adoubent pas. À titre personnel, je n’ai jamais vu un candidat à la présidence en Afrique, insulter publiquement ses pairs de façon aussi virulente. C’est une forme de voyoutisme politique, une véritable dérive d’une élite savante. On pourrait bien dire le genre de savant idiot.
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