CAMEROUN :: LE PROFESSEUR AUGUSTIN KONTCHOU APPORTE UN SOUTIEN VOILE A MAURICE KAMTO :: CAMEROON
© AFRIKSURSEINE : Romancier, Ecrivain Calvin DJOUARI | 04 Aug 2025 10:08:46 | 662Une attente forte, une gestion approximative
Annoncée comme un rendez-vous majeur avec une figure emblématique de la vie politique camerounaise, l’émission « Actualité Hebdo », diffusée hier sur la CRTV, a laissé un goût d’inachevé chez de nombreux téléspectateurs. Le sujet en lui-même suscitait l’intérêt : un échange rare avec le professeur Augustin Kontchou Koumegni, ancien ministre de la Communication, universitaire, et témoin privilégié de plusieurs décennies de vie politique nationale. Pourtant, dès l’annonce de la diffusion, les premiers signaux d’alerte se sont manifestés. L’horaire initialement prévu (18h30) n’a pas été respecté, la programmation a été modifiée sans qu’aucune explication ne soit fournie, et de nombreux téléspectateurs ont cru à une déprogrammation pure et simple. Ce flottement organisationnel a sérieusement entamé l’impact potentiel d’une prise de parole pourtant précieuse.
Un format contraint, des coupures manifestes
Lorsque l’émission a finalement été diffusée, bien plus tard dans la soirée, les spectateurs les plus attentifs ont relevé plusieurs irrégularités dans la conduite du programme. Le professeur Kontchou, visiblement affaibli et en fauteuil roulant, répondait avec une lucidité certaine, mais aussi avec une réserve inhabituelle. Les interruptions répétées du présentateur, souvent survenant au moment où l’invité abordait des points sensibles, ont renforcé l’impression d’un échange encadré, voire filtré. Malgré cela, Kontchou est resté fidèle à lui-même : mesuré dans ses propos, il a dressé le bilan du « renouveau » dans un ton serein, sans excès ni faux-semblants. Mais l’ensemble donnait le sentiment d’un format contraint, volontairement réducteur.
Une parole rare, entre fidélité et lucidité
Malgré les coupes visibles, l’émission a permis de redécouvrir la posture intellectuelle et militante d’Augustin Kontchou. S’il demeure loyal à son parti, il se garde bien de tout zèle partisan. Sa parole, posée et rigoureuse, évite la confrontation directe mais conserve une certaine lucidité critique. Sur des sujets délicats, la performance des Lions indomptables en 1994, les débats internes du RDPC ou encore les réformes éducatives, il démontre sa capacité à nuancer, contextualiser et transmettre une mémoire politique encore vive. Cependant, la forme n’a pas servi le fond. Dans un pays où la mémoire politique reste peu institutionnalisée, une telle prise de parole méritait un traitement à la hauteur : une émission bien conçue, respectueuse de l’homme et de son parcours. Un internaute le résume avec justesse : « Si les joueurs de 94 avaient eu leur prime, on aurait vu une autre histoire. Si l’émission de Kontchou avait été bien gérée, on aurait eu un moment d’Histoire. »
Un hommage implicite, brouillé par le montage
Parmi les séquences manifestement coupées au montage, celles évoquant le professeur Maurice Kamto retiennent particulièrement l’attention. C’est précisément dans ces passages que la parole de Kontchou gagnait en profondeur et en sincérité, lorsqu’il évoquait un lien personnel et familial avec l’actuel leader du MRC. Ce soutien implicite, presque codé, se dévoilait clairement dans cette déclaration : « Le professeur Maurice Kamto… est mon frère pratiquement, de sang… Je l’ai découvert à l’université… brillant étudiant, que j’ai moi-même préparé au concours d’agrégation… » Une telle reconnaissance publique, émanant d’un ancien pilier du régime, pouvait effectivement déranger dans un climat politique tendu. Ce qui aurait dû être un témoignage fort et historique, s’est vu atténué, affadi, sous le poids du montage et de la prudence éditoriale.
Une parole de fraternité enracinée dans la culture
On perçoit clairement dans ce témoignage une revendication de fraternité et un soutien implicite, profondément enracinés dans la culture locale. Il ne s’agit pas simplement d’un lien symbolique : Maurice Kamto est présenté comme un frère de Baham, un frère de concession, voire un frère de sang. À travers des termes simples et populaires, le professeur Kontchou convoque une vision traditionnelle de la parenté, façonnée par les rites, la filiation commune et l’appartenance territoriale. Cette insistance sur les origines n’est pas anodine. Elle traduit à la fois un appel identitaire fort, une volonté de rapprocher le destin d’un homme public à celui de sa communauté d’origine, et peut-être aussi, de manière plus subtile, une manière de rappeler à son propre camp politique la nécessité de soutenir « leur frère » de sang. L’évocation du lignage, « chez les Soh Kamto », vient ainsi consolider l’appartenance de Maurice Kamto à un héritage collectif, conférant à son parcours une légitimité enracinée et presque sacrée.
De la fraternité culturelle à la reconnaissance méritocratique
Le soutien le plus significatif se manifeste cependant lorsque le propos prend une tournure plus académique : c’est à l’université de Yaoundé que le professeur rencontre Maurice Kamto. Intrigué par ce nom familier, il découvre alors un jeune homme brillant, travailleur et prometteur. Ce passage relève d’un récit méritocratique, où Kamto, par la seule force de son intelligence et de sa persévérance, gravit les échelons universitaires jusqu’à devenir major de sa promotion. L’auteur se positionne ici en mentor attentif : il observe, reconnaît, guide et accompagne. Il souligne avoir encouragé Kamto, contribué à sa formation, et même préparé avec lui le concours d’agrégation dans sa propre bibliothèque à Etoudi. Ainsi, le mérite individuel de Kamto est mis en avant, mais aussi la contribution active du professeur à cette réussite. Le récit devient alors doublement légitimateur : il valorise l’étudiant tout en mettant en lumière le rôle formateur du maître.
Une transmission valorisante, à double lecture
Ce témoignage dépasse l’hommage ; il relève aussi d’un discours d’auto-valorisation en filigrane. En soulignant son implication directe dans le parcours de Kamto, le professeur Kontchou revendique une place centrale dans la construction de cette figure intellectuelle et politique. Il ne s’agit pas simplement de raconter une ascension ; il s’agit de s’y inscrire personnellement. Dès lors, le récit prend les contours d’une transmission intergénérationnelle, où savoir et reconnaissance circulent, mais où l’aîné reste au cœur du récit. Il en ressort une forme de réciprocité, presque affective, mais latente, entre le professeur et son ancien étudiant, désormais figure publique. Cette démarche s’inscrit dans une logique de valorisation par proximité et légitimation mutuelle.
Une parole triple : sang, culture et intellect
Sous l’apparente simplicité de son propos, le professeur Kontchou tisse un discours complexe, à la croisée du récit biographique, de l’hommage et de la stratégie identitaire. Il dresse un portrait affectif et admiratif de Maurice Kamto, fondé sur trois piliers de légitimité : le sang, la culture et l’intellect. Par ce témoignage, il ne parle pas simplement d’un ancien étudiant, mais d’un frère, d’un héritier. Il propose une lecture profondément personnelle du destin d’un homme public, mais qui dépasse la sphère privée pour toucher à la mémoire collective. Loin d’un affrontement politique, le discours du professeur se donne à entendre comme un geste de reconnaissance, presque comme une réhabilitation symbolique. Hier soir, le professeur Kontchou n’a pas parlé à un adversaire idéologique : il s’est adressé à un frère de sang, et tout dans son discours allait en ce sens. L’ensemble de ses propos trahissait de la fierté, de l’attachement et de l’admiration pour Maurice Kamto. L’évocation suit une chronologie libre, passant de la parenté à la découverte universitaire, puis à l’ascension professionnelle. Il est venu, sans détour, établir une légitimité profonde à travers une parole de proximité, marquée du sceau de la sagesse Baham.
Un rendez-vous manqué avec l’Histoire
Au lieu d’un grand moment de télévision, « Actualité Hebdo » a accouché d’une émission écourtée, mal programmée, frustrante pour les spectateurs, et injuste envers l’invité. Le public attendait un moment fort ; il a eu une impression d’effacement. L’appel à une rediffusion intégrale est donc pleinement légitime. Il ne s’agit pas seulement de revoir un homme affaibli mais encore lucide ; il s’agit de laisser l’histoire s’exprimer à travers ceux qui l’ont vécue et faite.
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