HADJA HAOUA L’IRRUPTION D’UNE VOIX INATTENDUE DANS LE PAYSAGE POLITIQUE CAMEROUNAIS :: CAMEROON
© AFIKSURSEINE : Aoudou Bakari | 07 Jul 2025 08:30:47 | 810Jusqu’à la démission récente de figures politiques bien connues telles que Bello Bouba Maïgari et Issa Tchiroma Bakary, peu de Camerounais connaissaient Hadja Haoua. Mais en quelques jours, la lionne du Sahel, comme certains commencent déjà à la surnommer, a pris d’assaut la scène politique nationale, imposant un style nouveau, un ton direct, et une présence singulière. Elle ne laisse personne indifférent.
Une voix, une énergie, une posture
Dans un univers politique souvent encadré par des codes figés, Hadja Haoua rompt avec la langue de bois traditionnelle. Elle parle avec les tripes, avec la passion, avec cette forme de spontanéité qui choque autant qu’elle fascine. Là où certains cherchent à polir leur discours, elle choisit de dire ce qu’elle pense, sans filtre, sans calcul. C’est à la fois son arme et son audace. Sa parole détonne, parfois même dérange, mais elle est vivante. Et en politique, la vitalité est un acte de présence. Elle respire le franc-parler, une franchise rare dans une classe politique souvent verrouillée. Cette liberté de ton, cette faculté à occuper l’espace, à imposer sa voix, témoignent d’un certain entregent et d’un instinct politique qui méritent d’être pris au sérieux.
Une figure construite dans l’ombre
Il serait naïf de croire que Hadja Haoua est apparue par hasard. Son émergence correspond à une stratégie claire du pouvoir : réorganiser les lignes, diversifier les figures, réoccuper le terrain abandonné par certains poids lourds du septentrion. Et dans ce jeu de repositionnement, elle incarne une carte inattendue, une femme politique du Sahel, capable de parler fort, de prendre la parole, de faire du bruit. Le président, dit-on, aime les personnalités affirmées. Et Hadja Haoua semble parfaitement répondre à cette attente : une femme debout, audacieuse, directe, avec une loyauté affirmée au régime. Elle ne laisse pas la critique la déstabiliser. Elle y répond, souvent avec un ton tranchant, qui n’est pas sans rappeler les joutes politiques d’antan. Certes, les critiques ne manquent pas. Certains dénoncent une absence de fond, d’autres évoquent un manque de culture politique ou une hyper-exposition mal maîtrisée. Des phrases mal comprises, des formules exagérées, ou un ton jugé excessif ont nourri les débats, souvent virulents, autour de sa personne. Mais au-delà de ces réactions, elle force le débat, oblige la société politique à sortir de son silence, et interroge la place réelle des femmes dans l’arène politique. Car ce que Hadja Haoua incarne, au fond, c’est aussi l’irruption d’une parole féminine affranchie, inattendue, presque dérangeante pour certains. Elle ne demande pas la permission d’exister politiquement : elle s’impose.
Une figure à suivre, à encadrer, à écouter
Il est encore tôt pour juger du parcours politique de Hadja Haoua. Mais son apparition marque un tournant dans la communication politique contemporaine au Cameroun. Qu’on l’apprécie ou qu’on la critique, elle bouscule, et en cela, elle fait œuvre politique. Elle oblige à reconsidérer les standards du discours public, à penser le rôle des femmes au-delà du silence ou de la figuration. Il serait utile qu’elle consolide son message, qu’elle canalise son énergie dans une vision plus structurée. Car derrière cette force de caractère se cache peut-être un vrai potentiel de leadership, à condition qu’il soit accompagné, affiné et mis au service d’un projet plus vaste que la simple défense d’un système. Hadja Haoua ne sera peut-être pas la voix que l’on attendait. Mais elle est, indiscutablement, celle que l’on a entendue. Et cela suffit déjà à en faire une figure politique à surveiller de près.
Quand le discours politique descend dans la rue : la parole publique en déshérence
Il fut un temps où la parole politique se pensait, s’écrivait, se mesurait. Elle était le lieu d’un débat d’idées, d’un affrontement civilisé entre visions du monde, projets de société, ambitions collectives. Aujourd’hui, elle semble avoir déserté les hémicycles, les tribunes et les colonnes éditoriales pour se répandre dans la rue, sur les réseaux, dans les interjections de colère, les invectives de quartier, les ricanements fatigués des citoyens déçus. Le discours politique, jadis noble et structurant, s’égare désormais dans les bouches lippues, amères, égarées, celles qui parlent plus fort que juste, plus vite que vrai. On ne cherche plus à convaincre, mais à blesser. À chaque mot, un soupçon. À chaque phrase, une attaque. Les accusations remplacent les arguments. Les jugements prennent la place du dialogue.
« Mais dis, à part entrer dans tous les bureaux, les chambres d’hôtel et les villas, tu travailles quoi ? »
Cette phrase, extraite d’un commentaire sur une page Facebook, résume la manière dont l’espace politique est désormais perçu : non plus comme un lieu de responsabilité et de service, mais comme une scène de privilèges, de scandales, de théâtre grotesque. Le citoyen ne débat plus, il crie. Il ne construit plus, il détruit symboliquement, par la moquerie, par l’humiliation. La vie politique camerounaise est descendue dans la rue, mais sans élégance. Elle est tombée dans l’ironie amère, dans les insultes répétitives, dans une sorte de mépris généralisé où plus personne ne semble digne de porter la parole du peuple. Même les femmes, lorsqu’elles s’imposent sur la scène publique, ne sont plus écoutées pour ce qu’elles disent, mais pour la manière dont elles dérangent. « Femme extraordinaire », dit-on avec sarcasme. Non pas pour célébrer un parcours ou un courage, mais pour réduire une prise de parole à une nuisance sonore. Même les actes posés à l’international, comme œuvrer pour la paix ailleurs , sont tournés en dérision, des formules qui mêlent scepticisme, repli identitaire et fatigue nationale. L’espace public devient alors un ring, où la parole politique est arrachée, déformée, battue au rythme des colères collectives. Et dans cette agitation, la pensée s’efface.
Le langage s’appauvrit.
Le politique devient caricature, spectacle, ou cible. Il ne s’agit pas de condamner cette colère, car elle est révélatrice d’une souffrance réelle, d’un profond sentiment de trahison politique. Mais lorsque le citoyen ne croit plus qu’en sa propre ironie, lorsque toute prise de parole publique devient immédiatement suspecte, la démocratie chancelle, car il ne reste plus que le bruit. Le drame, c’est que les vrais débats sont noyés dans la rumeur, et que l’élan vers une meilleure gouvernance est absorbé par un climat d’hystérie verbale. On n’écoute plus pour comprendre, mais pour répliquer. On ne pense plus l’avenir, on dénigre le présent.
reconstruire la dignité du verbe politique
Il est temps de réhabiliter la parole. De redonner au discours politique sa puissance de clarté, sa capacité de fédération, son souffle républicain. Cela passe par l’exemplarité des figures politiques, mais aussi par l’éducation du citoyen à l’écoute, à la nuance, au respect du langage. Car un pays où la parole ne vaut plus rien est un pays où le chaos s’installe lentement. Et ce que l’on croyait être un simple éclat de voix pourrait bien être l’écho d’une démocratie à l’agonie.
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