CAMEROUN :: CRéATION DES FACULTéS DE MéDECINE : Le malaise des régions septentrionales :: CAMEROON
© L'OEIL DU SAHEL : Raoul Guivanda | 02 Dec 2017 11:19:54 | 13192Le président de la République ne s’est pas montré généreux à leur encontre.
Depuis la lecture des décrets du président de la République signés le 24 novembre 2017 et portant notamment création d’une Ecole polytechnique à Bamenda, d’une faculté de médecine et de sciences pharmaceutiques à Dschang et d’une Ecole normale supérieure d’enseignement technique de l’université de Yaoundé I à Ebolowa, l’heure est à la consternation dans les régions septentrionales. En lieu et place d’au moins une faculté de médecine et d’une Ecole normale d’enseignement technique à Garoua, le chef de l’Etat leur a offert l’organisation administrative et académique de deux Ecoles déjà ouvertes à l’université de Ngaoundéré.
La première est l’Ecole de génie chimique et des industries minérales et la seconde, l’Ecole de Géologie et d’Exploitation minière installée à Meïganga. Le Président ne s’est donc pas montré particulièrement généreux ! Rien de nouveau donc sous le soleil, si ce n’est que ce subterfuge confirme cette tendance qui se dégage depuis quelques années au ministère de l’Enseignement supérieur et qui privilégie, pour contenter le Grand Nord, la stratégie de mutations au détriment de la création de nouvelles Ecoles ou facultés. Il est encore frais dans les mémoires, le changement en juin 2017 de la dénomination de l’Institut supérieur du Sahel de Maroua en Ecole nationale supérieure polytechnique de Maroua.
Avec la création de la faculté de médecine de Dschang, si l’on exempte du décompte l’université de Yaoundé II confinée aux enseignements de droit et de sciences économiques, les universités de Ngaoundéré et de Maroua sont les seules à ce jour à ne pas avoir en son sein de faculté de médecine. Sur les 8 universités d’Etat, 05 sont donc habilitées à former des médecins.
Toutes sont situées dans un mouchoir de poche comme le révèle Moussa, étudiant à l’université de Maroua. «La formation en médecine au Cameroun se passe dans un tout petit rayon. Vous avez une faculté à Buea et une autre à Douala. Entre les deux villes, pas de quoi passer un mèche de cheveu. Vous trouvez encore une autre faculté à Dschang et une autre à Bamenda, les deux villes ne sont également pas si éloignées que cela. Pendant ce temps, dans toute la vaste région septentrionale, pas une seule faculté de médecine», fulmine l’étudiant.
Reste à savoir pourquoi dans ces conditions, le chef de l’Etat n’a créé la moindre faculté de médecine dans le Grand Nord. Lui qui sait combien cette attente est forte dans le Septentrion comme en témoigne ses propos tenus à Maroua, le 04 octobre 2011. «Je sais que vous souhaitez l’ouverture de nouveaux établissements et notamment d’une faculté de médecine et de pharmacie. Je puis vous dire que cette doléance a retenu notre meilleure attention et nous avons mis ces projets à l’étude», avait-il martelé. Six années que durent lesdites études !
PARTENARIAT
Au ministère de l’Enseignement supérieur où Jacques Fame Ndongo n’a nommé aucun nordiste sur la quinzaine de directeurs et assimilés de son département ministériel, des sources relèvent que les universités du Grand-Nord ne sont encore prêtes à faire le grand bond. Bigre ! Que l’université de Dschang dispose d’éléments indispensables au fonctionnement d’une faculté de médecine, n’échappe à personne.
«L’université de Dschang a signé depuis longtemps des conventions avec des universités étrangères réputées, lesquelles sont disposées à lui fournir toute assistance nécessaire la formation de médecins. En plus, là bas, il y a une ressource humaine de qualité, prête à y aller enseigner. Je peux même vous dire qu’en 2008 déjà, cette institution universitaire avait préparé et acheminé au ministère, des décrets pour la création de cette faculté. A Dschang, ce n’était pas seulement l’envie, mais également une certaine préparation», indique un responsable du ministère de l’Enseignement supérieur. Soit.
«Que manque-t-il aux universités du Grand-Nord pour accueillir des facultés de médicine ? L’Extrême-Nord compte trois hôpitaux régionaux, un hôpital militaire et de nombreux hôpitaux de district qui peuvent servir d’hôpitaux d’application en attendant qu’un CHU ouvre ses portes. L’université de Maroua dispose aussi d’une faculté des sciences qui peut encadrer les étudiants de la faculté de médecine jusqu’à leur quatrième année, car ce n’est qu’à partir de ce moment-là qu’ils débutent leur apprentissage pratique.
L’institution universitaire dispose aussi d’un terrain de 156 hectares à Zokok Ladeo où pourraient être construits les bâtiments de la faculté de médecine ainsi que le CHU qui pourrait être créé à l’occasion. L’université de Ngaoundéré, elle, dispose déjà d’une filière des sciences biomédicales et médico-sanitaires à la faculté des sciences.
Le refus de la création des facultés de médecine est pour moi plus une question politique que technique», admet Jonas Bouba, enseignant à Maroua. Pour beaucoup, une seule chose fait obstacle à la création des facultés de médecine dans le Septentrion : la décision politique. «Les facultés de médecine des universités de Bamenda et de Buea ont été créées sans aucune étude préalable. Elles forment bien de futurs médecins. La question de l’éducation et de la formation est désormais une question politique», rappelle un député Rdpc de l’Adamaoua.
Le cri de coeur des populations du Grand-Nord est d’autant plus strident qu’elles espéraient, à moyen terme, par la création des facultés de médecine, remédier au déficit abyssal de médecins que connaît cette partie du pays comme l’atteste le tableau publié en page 7. «Nous vivons dans le secteur médical, la même situation que nous connaissions dans le secteur de l’éducation avant la création de l’Ecole normale supérieure de Maroua. Je puis vous assurer qu’il y a des établissements secondaires qui n’avaient jamais vu passer un professeur de mathématiques, de physique, de chimie.
Parfois, sur le papier, il se trouvait bien des enseignants affectés dans ces lycées et collèges, mais ils refusaient d’y venir pour enseigner. Grâce à nos enfants formés à l’ENS de Maroua, la situation est certes toujours critique mais il y a de l’espoir. Dans le secteur médical, très peu de médecins acceptent venir travailler chez nous.
Qu’est-ce que nous allons devenir ici, nous ? Nous devons former dans le Grand-Nord des médecins qui iront travailler à Bankim et Hilé Alifa, Madingring, partout dans nos villages sans rechigner », constate Aboukress, un fonctionnaire à la retraite. Plus que tout, le Grand-Nord voit en la création des facultés de médecine dans les universités de Maroua et de Ngaoundéré, une question de survie.
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