CAMEROUN :: Santé publique : Les malades d’hépatites attendent les nouveaux traitements :: CAMEROON
© Le Jour : Assongmo Necdem | 13 Mar 2016 06:16:41 | 12475Annoncés en janvier par le ministre Mama Fouda, ils ne sont pas disponibles. Des porteurs des hépatites C peinent à supporter l’ancienne thérapie encore en vigueur.
Le patient a finalement rendu l’âme. Porteur de l’hépatite C de génotype 3, l’homme allait mal malgré le traitement rigoureux qu’il suivait : une injection de Pegasys chaque semaine, le même jour et presqu’à la même heure. A cela était associés les comprimés de Copegus Ribavirine. Il continuait de souffrir, mais rien n’était perdu. Et la flamme de l’espoir s’était même ravivée au lendemain du 11 janvier 2016, quand le ministre de la Santé publique avait annoncé, à fort renfort médiatique, l’arrivée au Cameroun de nouveaux traitements médicaux aux hépatites virales. Des traitements moins couteux et à l’efficacité presque garantie, avait assuré André Mama Fouda.
Tenez par exemple, pour l’hépatite C de génotype 3, la guérison est possible en 12 semaines, soit 3 mois. Il y avait là de quoi enchanté le malade inscrit à une thérapie de 48 semaines, soit presqu’une année, sans être sûr de recouvrer la santé au bout de ce calvaire pour son organisme. « Pour certains, le traitement a été reconduit sur 6 mois supplémentaires », confie une malade, elle aussi atteinte du génotype 3 de l’hépatite C. La dame a finalement perdu son compagnon d’infortune qui, dit-elle, jusqu’au dernier soupir, attendait le traitement salvateur du ministre de la Santé. La fonctionnaire à la retraite en parle la voix emprunte de colère.
« Le drame c’est le flou autour de ce nouveau traitement auquel nous avons fondé beaucoup d’espoir. Dès le lendemain de l’annonce du ministre, j’ai discuté avec mon médecin traitant et nous étions tous les deux soulagés. Puis j’ai retrouvé d’autres malades à la pharmacie du Chu de Yaoundé où nous sont fournis les médicaments. Mais la major du service nous a dit que la décision du ministre n’était pas encore arrivée à son niveau. Puis nous sommes revenus deux fois et avons entendu la même réponse. Personne ne comprenait plus rien et chacun s’énervait. »
Absence d’information
De l’annonce du ministre, beaucoup de malades ont tout juste retenu que le coût de leur traitement est revu à la baisse, de l’ordre de 80% pour certains. Grande est donc leur surprise et même leur colère d’apprendre qu’il n’en est rien ; mais qu’il est plutôt question d’une toute nouvelle thérapie dont personne ne donne les modalités d’accès. A l’évidence, il manque des détails à l’annonce d’André Mama. « J’ai dû rencontrer la pharmacienne principale du Chu qui m’a expliqué que le coût de mon traitement n’a pas baissé mais qu’une nouvelle molécule devait arriver sur le marché », raconte notre patiente.
Repartie vers son médecin traitant, elle s’entend finalement dire qu’il est mieux de continuer le traitement sans se fier aux annonces du gouvernement. La femme a suivi le conseil, comme beaucoup d’autres patients ; et voilà deux mois que ça dure. « Deux mois à endurer le calvaire causé par les effets secondaires du traitement », lâche un malade, un militaire à la retraite qui suit sa cure depuis 10 mois. « Je n’oublierai jamais les débuts, dit le malade. De mes gencives coulait du sang, beaucoup de sang. J’étais si effrayé qu’à la maison, j’ai décidé d’avoir mon propre couvert pour manger. »
Passé cet épisode, la suite est faite de jours où le soldat d’antan est « pathétique », avoue-til. Il y a les nuits d’insomnie, le temps des migraines ou des douleurs généralisées du corps ou même encore les journées de grande fatigue. « A l’hôpital, c’est le même discours : il faut supporter. Au bout de 6 mois, j’ai craqué, j’ai choisi de me laisser mourir pour échapper à ces souffrances atroces. J’ai repris courage grâce à ma famille, mon médecin et, surtout, mon frère d’armes qui m’avait remis 3 millions F.Cfa après le diagnostic de la maladie », se rappelle le vieux militaire. Le malade s’est risqué une fois à effectuer un voyage dans la région de l’Ouest. Il l’a payé cash : des jours cloué au lit, souffrant le martyr des douleurs musculaires. L’homme se dit heureux car, il a connu des patients qui sont morts au cours de leur thérapie. Tantôt le mal a continué de s’aggraver, tantôt il n’y avait plus d’argent pour un bon suivi médical.
Le militaire se souvient d’un autre qui s’en était remis à un marabout, puis avait été ramené à l’hôpital alors qu’il était déjà mourant. Lui, poursuit sa cure en se demandant si le ministre avait dit vrai ce 11 janvier 2016.
Traitement coûteux
L’attente est davantage pénible pour les malades des hépatites C dont le traitement est de loin le plus coûteux, même lorsque le patient est admis au programme de prise en charge de l’Etat. Ici, le traitement coûte 2,736 millions F.Cfa pour 48 semaines, soit une injection hebdomadaire à 57 000 F.Cfa. Et dire qu’il est possible d’être contraint à poursuivre le traitement qui est ponctué d’examens médicaux de contrôle, sans compter le régime alimentaire à suivre. La subvention publique ne concerne guère ces deux chapitres de dépenses.
C’est pourquoi un patient rencontré au Chu de Yaoundé révèle que même en bénéficiant d’une injection à 57 000 F.Cfa par semaine, ses dépenses médicales mensuelles atteignent 450 000 F.Cfa. Ça c’est quand on est intégré au programme gouvernemental. On est autorisé à acheter les médicaments dans les 3 centres agréés qui existent au Cameroun, à savoir les hôpitaux généraux de Yaoundé et Douala, ainsi que le Chu de Yaoundé. La facture est plus lourde pour le patient non intégré au programme.
Dans les quelques pharmacies privées de Yaoundé où les médicaments contre les hépatites sont vendus, le Pegasys injectable coûte pas moins de 159 000 F.Cfa. Sur 48 semaines, la dépense se chiffre à 7,632 millions F.Cfa. Comme tout le monde, le patient doit régulièrement faire des examens de contrôle et suivre un régime alimentaire.
La donne va changer, avait dit le ministre de la Santé publique. En effet, avec le programme gouvernemental de prise en charge, le porteur de l’hépatite C de type 3 paye 450 000 F.Cfa pour une guérison en 12 semaines, soit 3 mois. Rien à voir avec les 2,736 millions F.Cfa déboursés sur 48 semaines. Quant à l’hépatite C des types 1 et 4, les traitements passent à 1,44 millions sur 12 semaines, soit une baisse de 80%. Quant aux hépatites B, elles seraient encore plus faciles à soigner. Il sera mis à la disposition une ligne de médicaments antirétroviraux efficaces sur le virus. Le patient les achètera chaque mois à 5 000 F.Cfa.
Problème de calendrier
André Mama Fouda n’avait avancé aucune date pour l’effectivité de toutes ces nouveautés. Deux mois plus tard, les patients se demandent s’ils doivent encore y croire. Oui, affirme Roger Mamoun, chef de la cellule de communication du ministère de la Santé publique. L’attente est tout juste due aux procédures et aux modalités de mise en service des nouveaux traitements. A en croire Roger Mamoun, il n’y a rien à craindre, car les nouveautés à venir sont le fruit d’un partenariat de plusieurs années entre le gouvernement du Cameroun et le fabricant des produits, à savoir le laboratoire Roche, géant mondial de l’industrie pharmaceutique.
Pourtant, selon le patron d’un laboratoire d’analyses médicales à Yaoundé, le marché camerounais avait déjà été approvisionné en produits pour l’ancien traitement. « On ne le dit pas, mais le temps qui s’écoule depuis le 11 janvier dernier sert aussi à vendre d’abord les stocks présents dans les magasins. On ne va quand même pas mettre à la poubelle tous ces médicaments », explique-t-il. Toujours est-il qu’un médecin, hépato-gastroentérologue, rencontré à Yaoundé assure qu’il ne prescrit plus l’ancien traitement à ses patients, même pas aux anciens. « Il n’y a aucun mal à attendre, car à partir du moment où l’hépatite a été détectée avant la phase chronique, le malade peut vivre avec la maladie tout en se soignant et donc attendre de passer à un nouveau traitement.
D’ailleurs, quand le mal est déjà chronique, il n’y a plus rien à faire avec l’actuel traitement qui précipiterait plutôt la mort du malade », explique le soignant. Le médecin rappelle que la thérapie utilisée jusqu’ici au Cameroun ne garantit pas la guérison autant que le nouveau traitement annoncé. « Le meilleur est à venir pour les malades. Juste un peu de patience dit-il, car les médicaments sont déjà à la Cename (Centrale nationale d’approvisionnement en médicaments et consommables essentiels). »
Le médecin explique aussi qu’il faut sécuriser la distribution des produits une fois que ceux-ci seront mis sur le marché. C’est pourquoi les payements se feront désormais à la banque dans un compte spécialement créé à la Scb Cameroun par le ministère de la Santé publique. Les médecins soignants, qui sont des hépato- gastroentérologues, communiqueront le numéro du compte bancaire à leurs patients. Chacun ira verser le montant correspondant à la durée de son traitement. La première fois qu’il viendra chercher ses médicaments au centre agréé, le malade devra présenter le reçu de versement bancaire. Les autres fois, il faudra y associé les emballages vides des produits reçus précédemment. « Le souci est d’éviter que les médicaments se retrouvent dans la rue », explique une source au centre de traitement agréé du Chu. Pourtant, la formule du payement bancaire inquiète déjà des malades qui craignent pour leur petite forme physique.
Pour eux, les longues files d’attente à la banque seront bien trop pénibles. « Il n’y a pas de quoi en mourir. Le porteur de l’hépatite n’est pas un invalide », réagit un médecin.
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