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CAMEROUN :: LE Pr FELICITE OWONA MFEGUE SIGNE UN NOUVEAU ROMAN : « LE LEURRE » :: CAMEROON

Le mois dernier à Yaoundé, le Pr. Inna Owona Mfegue a dédicacé son ouvrage « Le Leurre. »  La cérémonie, accueillie à l’Institut français du Cameroun, a rassemblé  de nombreux passionnés de lecture. Le Pr. Félicité Owona Mfegue y présentait son roman, dont le thème central interroge le mariage en tant qu’institution sacrée, un sujet brûlant d’actualité. Dès l’abord, la couverture de l’œuvre attire  l’attention. Une couverture  dominée par le blanc et relevée de reflets jaune-or,  suggère à la fois la pureté des idéaux et l’éclat trompeur des apparences. Le titre, tracé en lettres élégantes, invite à réfléchir sur l’engagement, lequel, dans le récit, se décline en promesses illusoires.

Le mot « leurre » agit tel un avertissement : ce qui brille n’est pas toujours gage d’authenticité, car, comme le dit l’adage, « tout ce qui luit n’est pas or ». L’illustration centrale condense la symbolique du propos : deux personnages s’enlacent, évoquant tendresse et union, tandis que deux anneaux disproportionnés les enserrent. L’image, métaphore d’une cage dorée, suggère que le lien conjugal peut devenir piège, que la promesse nuptiale, idéalisée, dissimule parfois des vérités plus amères. Le contraste entre la fragilité des silhouettes et la massivité des anneaux souligne le fossé entre l’idéal rêvé et le poids de la réalité.

La couverture rend donc avec exactitude le sens profond du titre, tel que l’auteure l’a développé dans le livre et dans certaines de ses vidéos. Le mariage, et plus largement l’amour institutionnalisé, peut être un leurre lorsque l’apparence supplante la sincérité. Le choix graphique  est d’une sobriété extrême, il y a  peu de couleurs, peu de détails, ceci  renforce la force symbolique qui  oriente  le lecteur vers le message profond : une critique sociale et psychologique des illusions entourant l’union. Par ailleurs, la couverture de « Le Leurre » s’impose comme une porte d’entrée visuelle vers une œuvre qui interroge le rapport entre désirs intimes et constructions sociales, entre espérances personnelles et contraintes institutionnelles. Elle installe d’emblée le lecteur dans une tension : celle du rêve amoureux, mais aussi du désenchantement.

 

Selon l’auteur, le mariage perd son essence lorsque les pratiques claniques dénaturent cet engagement sacré ; la vie communautaire s’en trouve altérée. Sujet brûlant, surtout face aux mariages métissés, souvent bouleversés lorsqu’on pousse l’époux à revenir vers une femme de sa tribu. Dès lors, le mariage n’est plus vécu selon l’idéal platonicien. Pour Félicité Owona, les maux qui minent la société camerounaise ( tribalisme, égocentrisme, xénophobie, racisme) sont en train de tuer l’institution conjugale. « Ce sont les femmes qui construisent les nations, mariées ou non », affirme-t-elle. Une parole relayée par Marie Roger Biloa, pour qui le mariage est d’abord contrat social, et renforcée par Blériot Nyemeck, modérateur de la soirée, qui a déclaré  : « Les échecs des uns doivent nous aider à bâtir une société plus forte. »

Publié aux éditions Schabel, ce roman signe la troisième œuvre de Félicité Owona, désormais figure de proue de l’intelligentsia féminine engagée. Pourtant, lorsque l’auteure proclame que « ce sont les femmes qui construisent les nations », une interrogation subsiste : de quelle nation parle-t-elle ? De la femme peule, de la femme bantoue, encore entravée par l’héritage de la colonisation, de la femme arabe, ou de la Camerounaise, trop rare dans les sphères de décision malgré leur nombre ? Il y a, semble-t-il, des préalables : la nation se bâtit matériellement, mais d’abord par l’éducation, la culture, les valeurs, l’économie. Le terme « nations » confère à l’assertion une portée universelle et collective, dépassant la sphère familiale. L’opposition « mariées ou non » introduit, quant à elle, une dimension égalitaire, afin de neutraliser  une distinction qui serait  jugée discriminante. Pourtant, il reste légitime de se demander de quelle nation il est question.

 

Le livre défend une vérité générale tout en portant une prise de position idéologique forte en faveur de la reconnaissance du rôle féminin. Cette pensée confère à « Le Leurre » une portée intemporelle et universelle.  La question demeure : faut-il réellement interpréter son affirmation :  « ce sont les femmes qui construisent les nations » comme une hyperbole, ou y voir une vérité plus profonde ?  : faut-il  minimiser le rôle des autres acteurs,  hommes, institutions, structures sociales et économiques. La construction nationale n’est-elle pas une  œuvre collective ? En assignant exclusivement aux femmes cette responsabilité, le discours risque d’inverser une hiérarchie plutôt que de promouvoir une authentique complémentarité. Voilà l’ambiguïté du terme « construction » : doit-il se lire dans une perspective éducative, sociale, économique, politique ?

Pour être sincère, « Le Leurre » du Pr. Félicité Owona Mfegue dépasse le simple exercice romanesque pour s’ériger en véritable miroir des fractures sociales et intimes qui minent l’institution du mariage. En abordant avec lucidité des maux tels que le tribalisme, l’égocentrisme ou la xénophobie, l’auteure touche à l’une des réalités les plus douloureuses de notre société : la désagrégation progressive des familles, fondement même du vivre-ensemble. Son écriture, à la fois sobre et incisive, engage le lecteur dans une réflexion éthique essentielle, où se croisent l’intime et le collectif, le désir et l’institution, l’illusion et la vérité.

Par cette œuvre, Félicité Owona Mfegue inscrit sa voix dans le champ littéraire camerounais comme celle d’une intellectuelle engagée, capable de conjuguer esthétique et pensée critique. Le Leurre devrait, à ce titre, occuper une place dans les programmes scolaires, non seulement comme objet littéraire, mais comme outil pédagogique et citoyen. Car lire un tel livre, c’est apprendre à interroger nos coutumes, à décoder les pièges de nos représentations et, surtout, à construire un avenir plus juste et solidaire.

En faisant l’éloge du rôle incontournable des femmes et en dénonçant les pesanteurs sociales qui dénaturent le mariage, l’auteure  propose non  seulement une histoire  mais elle  offre également  une boussole morale, un guide pour éviter que les illusions destructrices ne continuent d’éroder nos foyers et nos valeurs communes. Ainsi, Le Leurre se révèle comme une contribution décisive à l’éthique sociale et une pierre précieuse pour l’édification d’une conscience collective nouvelle.

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