Opposition et état nerveux au Cameroun :: CAMEROON
© Correspondance : Par Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole Du CL2P | 14 Aug 2018 10:05:10 | 6260En tant qu'organisation de défense des droits humain, le CL2P comprend sa mission d'approfondissement et de dénonciation des politiques tyranniques sous toutes ses dimensions objective et subjective. En pratique, cela a trait à l'héritage du traumatisme colonial et des traumatismes existants, relativement à la construction de notre État-nation, puis à la superposition de catégories oppressives successives, notamment dans la manière dont les identités sont exprimées et exécutées dans ce pays. Comment ces catégories oppressives s'impriment dans le corps et l'esprit, puis dans le temps; mais aussi comment malgré tout cela nous pratiquons ou essayons de pratiquer de notre mieux la politique et les droits humains.
En tant qu'observateur particulièrement avisé de la politique camerounaise, le CL2P se retrouve toujours confronté à la capacité voire à l'incapacité des Camerounais ordinaires à prendre une véritable position éthique en matière de pouvoir; dans un monde pourtant où l'urgence commande de prendre des décisions ou des positions morales, et où faire le bon choix est devenu un luxe que l'on ne peut pas se permettre de rater.
Aussi, le CL2P comprend que la politique au Cameroun, en particulier les politiques d’opposition, et malheureusement de plus en plus dans de nombreux autres pays, y compris les démocraties voulues avancées, sont touchés par une sorte de névrose obsessionnelle. Une condition nerveuse créée par une violence à la fois objective et subjective, entraînant un masochisme pervers, une pulsion de mort latente, et une culpabilité inconsciente. À cela s'ajoute l'absence d'autorité légitime, au point où Hannah Arendt écrivait déjà que l'autorité légitime n'a pas besoin de recourir à la violence, mais que ceux qui n'ont ni autorité ni pouvoir ont très souvent recours à la violence. Nous sommes dans cette configuration au Cameroun;
C’est en effet le cas de l’allégeance récente de Maître Jean de Dieu Momo à la dictature en place. Jusque là il se revendiquait comme « un guerrier des droits de l’Homme et un patriote panafricaniste». Maitre Momo était ainsi en qualité d'avocat des victimes au centre de dénonciation de la répression la plus violente contre les Camerounais ordinaires par régime Biya. Ces exécutions extra-judiciaires avaient été perpétrées au Cameroun par « l’unité du commandement opérationnel » qui avait mené en février 2001 à la disparition de neuf garçons à Bepanda (un quartier populaire de Douala). Cet événement traumatisant a été enregistré et documenté dans le film «Une Affaire de Negres ou Black Business» d’Oswalde Lewat (2008). Maintenant, Me Momo est soudainement devenu un partisan farouche et enthousiaste d'un homme qui ne mérite pas le genre de virginité morale que cet estimable avocat apporte à sa table.
Pour comprendre ce type de castration symbolique et matérielle aboutissant à une impuissance politique, le travail de Catherine Malabou sur le cerveau blessé est très instructif. Elle y décrit avec compétence comment le sujet post-traumatique n'est plus conscient des conditions traumatiques préexistantes, et comment de nouvelles formes de chocs externes, de rencontres ou d'intrusions brutales inattendues en tant qu'événements traumatiques créent un contexte de subjectivité nulle, où le sujet post-traumatique n'est plus capable de la subjectivité, et est donc transformé en un mort vivant. C'est ce que le chercheur camerounais Achille Mbembe a décrit comme la condition du postcolonial, qui est un paysage de camps de concentration en tant qu’exemple de « nécropolitique », et la création de « mondes de la mort » dans lesquels sont transformés en "morts-vivants" les gens ordinaires.
Dans ce "monde de mouroir concentrationnaire" à ciel ouvert qu'est devenu le Cameroun sous le réggime trentenaire de Paul Biya, la politique se transforme en catastrophe naturalisée.
Le sujet post-traumatique ne connaît alors que la catastrophe; une mentalité qui permet et rationalise toutes les formes d'atrocités. Précisément, cela explique pourquoi Me Momo n'a plus aucun "choix" que de soutenir Biya; ou encore la raison pour laquelle l’écrivain Patrice Nganang voit la politique tribale partout et ne perçoit la drame camerounais que sous le prisme du tribalisme des «Bulus».
En effet lorsque des personnes ayant des problèmes psychologiques si évidents et profonds apparemment non traités font des déclarations aussi absurdes, le CL2P est très préoccupé par la propagation de ces problèmes psychologiques non résolus dans le reste de la société. Les Camerounais ordinaires, eux mêmes, déjà exposés à leurs propres problèmes, peuvent devenir très perméables à de telles vues négatives. Le CL2P est conscient que cette négativité continue ne fait que contribuer à perpétuer les systèmes tyranniques que nous décrions si souvent et publiquement.
Car, ces formes de catastrophes naturalisantes impriment une culture politique violente et traumatisante chez les Camerounais ordinaires qui, après avoir eux-mêmes faits-l'objet de tant de dégâts physiques et mentaux, en sont souvent à considérer l'idée que le régime Biya puisse finalement assumer la responsabilité de ses actes comme une blague macabre. C'est la preuve patente de comportements post-traumatiques.
Le CL2P est une organisation de droits de l’Homme qui croit aux soins personnels et à l’amour de soi, et refuse à quiconque de définir sa mission. Le CL2P est également un appel permanent à l'action pour que les gens s'impliquent, leur rappelant qu'être citoyen n'est plus un sport de contemplation ou de spectateur. Être impliqué est important et devient vital dans le contexte camerounais. C'est un appel à l'action que nous essayons de diffuser et vulgariser, avec espoir, encouragement, courage, abnégation, et organisation sur le terrain.
En conséquence, il s'agit de la capacité de réaliser ce que Michael Herzfeld définit comme intimité culturelle en tant que « reconnaissance des aspects d'une identité culturelle considérés comme source d'embarras externe, mais qui fournissent néanmoins aux initiés une assurance de socialité commune », et comment, affirme-t-il, une identité nationale est constituée.
L’embarras pour nous Camerounais est que nous n'avons pas l’humilité de reconnaître que nous ne sommes pas très spéciaux et que nous n’avons pas d’autre choix que de construire un pays fondé sur la justice sociale et la démocratie. Pour cela l'humilité de ne pas prétendre à des privilèges extravagants repose d'abord sur le pouvoir, du moins ceux qui l'exercent, qui carburent hélas de plus en plus au tribalisme et à la fierté imbécile dans ce pays, etc. Car il faut laisser la place à un auto-examen collectif, portant notamment sur la faiblesse institutionnelle légendaire du Cameroun, et y déceler comme une opportunité d'apprentissage et non une catastrophe naturelle; c'est-à-dire la nécessité de savoir équilibrer la logique et l'émotion, puis le rôle central de l'empathie dans la construction de l’état-nation.
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