France:LA LIBERTE D’EXPRESSION DEVRAIT-ELLE S’APPLIQUER A TOUT PRIX?
© Correspondance : Arsene KOUAMEN | 12 Jan 2015 00:00:00 | 4429Le mercredi 7 janvier 2015 restera surement dans les annales de l’histoire sombre de notre humanité, à cause de la tragédie indescriptible qui sévit dans les locaux de journal satirique, Charlie Hebdo. Deux fondamentalistes islamiques, assoiffés de sang, avec pour dessein de rendre justice à Allah, ont ouvert le feu sans aucune forme de procès sur des journalistes qui étaient en pleine séance de travail. Le décompte macabre est sans appel: 12 morts. Cela est d’autant plus choquant et révoltant que ces derniers de la pire espèce, des scélérats sans scrupules, perfides ténébreux, personnages dont l’existence même devrait faire l’objet d’un questionnement du divin, affirment agir en accordance avec le Coran. Sans toutefois être un islamiste convaincu et encore moins un sympathisant, je crois qu’il est désormais d’une urgence capitale, pour le monde islamique et la communauté œcuménique avec, de se regarder enfin dans la glace, et décider de se remettre en question afin de tordre le coup à l’amalgame, mais surtout que les évènements que nous avons vécu cessent d’être inscrit au banc de tragédie supplémentaire au profit de celle de trop.
Néanmoins, loin de toute pensée émotive et sans fioritures aucune, tout en assumant la chape de plomb qui pèse sur la problématique, il importe de s’interroger sur les faits conjoncturels qui ont abouti - hélas on ne le dira pas assez, à ce spectacle abject et barbare. Charlie Hebdo, Journal spécialisé dans la caricature, au nom de la liberté de l’expression, use de son crayon pour faire des caricatures provoquantes parfois même belliqueuses contre certains vecteurs de la société. Dans un contexte de liberté absolue, il est dans son droit le plus précieux. Et c’est justement où le bât blesse, l’absolutisme de cette liberté. Puisque tout ce qui est absolu est inévitablement rédhibitoire à son substrat, à son essence. Une fois que l’on tutoie l’absolu, on rentre dans la sphère de l’inaliénable, la surpuissance, le divin, le sacre. Dans l’absolu, il n’y a pas de place pour la remise en question ou le débat; on ne parle qu’en termes de certitude. Et pourtant…
Et pourtant, comme toutes ses semblables de libertés, si à celles de l’expression on attribuait un cadre bien précis, tout en évitant de franchir la ligne infime et délicate de la censure, les choses se passeraient surement autrement. Tout être humain a le droit de se nourrir. Cependant consommer de la chair humaine dans le désir d’assouvir les caprices de sa panse, est assimilable à du cannibalisme et par conséquent condamnable par la majorité des chapelles de ce monde. La possession d’une arme à feu est putative aux USA, mais son utilisation répond à un certain nombre de critères (Même si cela suscite des interrogations, eu égard des évènements récents). En Afrique, le mariage se fait entre un homme et une femme, cependant l’accouplement de ressortissants d’une famille similaire est considérée comme de l’inceste et susceptible, pour ceux qui croient à de la prestidigitation, d’attirer de la malédiction sur la dite famille. Ce qui nous permet de dire avec Paul, dans une acculturation assumée : “Tout m’est permis, mais tout ne m’est pas utile”.
Ceci dit, le cadre régulateur que nous évoquions précédemment, devrait s’appuyer sur une trilogie d’action: Déontologie – Ethique – Morale.
La déontologie qui peut se définir comme un ensemble de règles et devoirs qui régissent une profession, la conduite de ceux qui l’exercent, et le rapport entre ceux-ci et leurs clients, leur public. En d’autres termes il s’agirait de la mise en œuvre des règles assurant une symétrie entre les différents acteurs d’un système, ce qui permettrait une cohabitation plus ou moins parfaite, et une harmonie acceptable. Certains parleront de professionnalisme, ou agir dans les règles de l’art. Chaque professionnel, à travers quelconque vecteur, devrait s’adresser à sa cible en s’assurant que la quintessence de son message ou son action, soit
porteur de ce que les anglo-saxons appellent le “Common Good”. A travers la déontologie, c’est le bien-être de la société qui est mis en avant et non son instrumentalisation nébuleuse à l’instar de la Radio mille collines, acteur non moins militant du génocide rwandais. Et pour s’assurer du respect scrupuleux de cette mesure, un organe devrait être mis pour pied pour réguler et non censurer, les actions des acteurs de tout secteur d’activité.
L’éthique quant à elle devrait avoir un rôle non seulement avant-gardiste, mais s’installer sur tout le projet. Elle permettra d’éviter les dérives des acteurs et de prévenir, et nous insistons sur la prévention, tout écho que peut avoir la substance de tout projet dans son domaine de prédilection et pourquoi pas, par le truchement des conjonctions, questionner l’impact de ce projet dans des domaines qui lui sont reliés. Ainsi donc, un comité de veille d’éthique à valeur non pas consultative, mais obligatoire, devrait s’installer dans tout domaine d’activité.
“Agis comme si la maxime de ton action devrait être érigée par ta volonté en règle universelle”. Par cette pensée E. Kant appelait à la conscience de tout un chacun, à la responsabilité de tout sujet, à la morale de chaque être. Oui, parce que la morale a de particulier sa subjectivité. Elle commence chez nous pour se terminer chez l’autre. C’est une forme d’autorégulation. Ainsi donc, les règles “Les mieux partagées” qui sous-tendent les principes moraux, nous éloigneraient de la provocation, l’insulte, la profanation, la stigmatisation, griefs qui ont été de tout temps reproches aux membres de l’hebdomadaire Charlie. Décrier, dénoncer, c’est bien; mais le faire dans un style acceptable c’est encore mieux.
Nous estimons que la synchronisation de ces trois principes, dans toute forme de liberté, contribuerait à assainir l’environnement dont l’air polluant devient davantage inhalable pour cette génération. Si seulement Charlie Hebdo avait
choisi la voie de la déontologie, l’éthique, la morale, peut être que le 7 Janvier 2015 n’aurait jamais eu lieu. Si la corporation des journalistes français, avait mis en place des structures visant à réguler les actions de ses membres, on se serait bien passé de ce drame. Si l’état français avait choisi la voie de la régulation du champ de la liberté d’expression, les Djihadistes ne se seraient peut-être pas attaquer à ces artistes du crayon.
Certes qu’avec des “SI”, on peut mettre Paris dans une bouteille. Ceci dit, on ne peut pas construire l’avenir sans notre passé, mais ne faisons pas de notre passé la substance de notre avenir.
Toute ma sympathie aux âmes lâchement abattues.
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