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© Camer.be : Rév. Dr Joel Hervé BOUDJA
- 21 May 2023 17:24:46
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FRANCE :: PREDICATION DU DIMANCHE 21 MAI 2023 Par le Rév. Dr Joël Hervé BOUDJA
Textes : Actes 1, 12 – 14 ; 1 Pierre 4, 13-16 ; Jean 17, 1b-11a
« Père, glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie »
Dans l'Evangile de ce dimanche, il est beaucoup question de gloire, de glorifier, de glorification. Le terme de gloire est assez bien présent dans la Bible. Mais qu'est-ce que cela veut dire ? Pour la plupart d'entre nous, la gloire désigne le fait d'avoir une grande réputation, d'où l'expression « avoir son heure de gloire ». Il s'agit donc de succès, d'éclat ou encore de célébrité.
Or, il semble bien que Jésus ne demande pas à son Père de faire de lui une star, bien que son histoire soit restée célèbre. Dans la Bible, la gloire n'est pas une affaire de renommée ou de réputation mais une affaire de présence. En effet, parler de la gloire de Dieu, c'est parler de la présence agissante de Dieu dans notre monde. Lorsque nous chantons, le Gloria, « le Gloire à Dieu au plus haut des cieux », nous exprimons notre joie devant cette présence active de Dieu dans notre vie et notre monde. Dieu n'est pas absent de notre vie, même s'il est souvent discret et silencieux. Dieu agit à sa façon dans les profondeurs de notre être et de l'humanité.
Jésus, sans éclat ni tambour, a concrétisé cette présence aimante de Dieu auprès des hommes et des femmes, en cheminant avec eux, en étant à leur niveau. C'est pour cela qu'il est dans la gloire de Dieu, qu'il est la gloire de Dieu. Jésus a fait que le Dieu Tout Autre devienne proche et présent dans la vie quotidienne. C'est peut-être cela son succès. Jésus ne brille pas par les apparences et les beaux discours mais il rayonne par le don de lui-même. En donnant sa vie sur la Croix, Jésus a accepté d'aller jusqu'au bout de sa mission. Il a refusé la violence et est resté fidèle à son message d'amour au sujet du Dieu proche. Il est l'Emmanuel, ce qui veut dire « Dieu avec nous ». C'est en accomplissant sa mission que Jésus a glorifié son Père. Ensuite, c'est par la résurrection que le Père a glorifié son Fils. De façon inouïe, le Père s'est rendu proche de son Fils en lui donnant la vie, en le relevant du séjour des morts.
Lorsque Jésus parle des croyants, il parle de ceux qui lui ont été donnés et en qui il trouve sa gloire. « Je trouve ma gloire en eux ». Autrement dit, ce sont les disciples qui offrent au Christ une présence, une proximité. Maintenant que Jésus est remonté auprès du Père, c'est à nous à rendre Dieu présent dans le monde. Nous sommes à une époque où on parle beaucoup des religions et du religieux mais on ne parle plus tellement de Dieu tel que Jésus nous l'a révélé par sa vie, sa mort et sa résurrection.
Or, Jésus nous demande de faire connaître Dieu, de transmettre la vie éternelle à ceux qui nous entourent. Comment pouvons-nous y arriver ? Nous sommes capables de donner un témoignage en étant à l'image du Dieu présent. Tout en demeurant discret et respectueux de l'autre, nous pouvons nous faire proches. Nous devons être des présences agissantes du Dieu d'amour et de tendresse. Nous sommes appelés à transmettre la gloire, en toute simplicité. Individuellement, nous sommes des signes de la proximité de Dieu. Mais il est très important de témoigner comme communauté.
Nous sommes réunis ici pour chanter la gloire de Dieu, pour rendre gloire à Dieu et pour devenir une image de cette gloire divine. Laissons la gloire toucher nos oreilles et nos cœurs pour qu'elle nourrisse notre prière et notre amour pour ceux que nous rencontrerons demain et après-demain. Soyons de simples porteurs de gloire, devenons des êtres glorieux !
Bien-aimés dans le Seigneur,
Imaginez-vous un instant, que demain matin, en allant acheter votre journal, votre regard se porte sur les étagères où sont rangés les magazines. Et quelle n'est pas votre surprise de voir ma photo en couverture de toutes les revues qui sont exposées. Je serais à la une de tous les magazines « people », et même sur celle de « foot magazine » alors que certains d'entre vous savent pertinemment bien que je déteste ce sport. Et vous vous demandez : mais qu'a-t-il encore bien pu faire pour avoir droit à une telle publicité. A cette question, je ne puis vous donner de réponse car je suis en plein rêve pour le moment. Mais si c'était vrai. Vous vous rendez compte. Quel succès ! Quelle gloire ! Et je me sens d'autant plus à l'aise que Jésus n'arrête pas de nous parler de gloire, à l'heure où il passe de ce monde à son Père. Mais peut-être n'ai-je pas bien compris le sens de la gloire, se disent sans doute les plus impertinents d'entre vous. Alors s'il en est ainsi, que signifie-t-elle ?
Il ne s'agit certainement pas d'une gloriole passagère et éphémère. Non, la gloire à laquelle le Christ fait référence, est le poids réel d'un être, c'est-à-dire sa valeur profonde, celle que tout homme, toute femme acquiert au fil des années et qu'il recevra en plénitude lorsqu'il aura accompli sa destinée. Ni plus, ni moins. Au terme de sa mission terrestre, le Fils pouvait alors être glorifié dans le Père puisqu'il avait atteint la mission qui lui avait été confiée de toute éternité. Cette gloire n'est donc pas réservée à une des personnes de la Trinité. Chacune et chacun de nous sommes appelés à entrer dans la gloire de Dieu.
De par notre naissance, nous sommes devenus citoyens de la terre. La vie nous a été donnée et elle fait de nous, des cosmopolites. Par notre baptême, nous sommes entrés dans une nouvelle citoyenneté, celle du Ciel. Ce sacrement fait de nous des ouranopolites, c'est-à-dire des citoyens du Royaume de Dieu. Cosmopolites par notre naissance, ouranopolites par notre baptême, telle est notre condition aujourd'hui. En suivant librement le Christ, inspiré par l'Esprit Saint, nous acceptons de partir à la rencontre du Père et d'établir dès à présent son Royaume là où nous sommes. Cela se fait tout simplement en vivant pleinement l'amour de celles et ceux de qui je me fais proche ici-bas tout en étant habité par l'espérance de cette vie d'en-haut. Le chemin est simple. Il suffit de croire en Dieu. Et chaque fois que nous croyons en Lui, il existera un peu plus. Et si nous persistons, il existera complètement, souligne Éric-Emmanuel Schmitt. Il y va encore de notre responsabilité personnelle. A nous, et à nous seuls, de décider de faire exister Dieu au cœur de notre monde en lui donnant la place qui lui revient dans nos vies.
Cosmopolites, citoyens de la terre, nous le sommes en étant les biographes de nos existences. Nous écrivons nos vies par les choix que nous posons, par les paroles et gestes que nous offrons. Être cosmopolite est une certitude qui s'impose à nous par le fait même que nous existons. Que je le veuille ou non, cela s'impose à moi. Je ne l'ai pas décidé. A moi, en lien avec les autres, de réussir ma citoyenneté terrestre pour ne pas passer à côté de ma vie. Par contre, ouranopolites, citoyens du Ciel, nous ne le sommes pas au départ, nous le devenons. Il s'agit cette fois d'une décision personnelle dans la foi. Je choisis de devenir ouranopolite. Depuis mon baptême, inspiré par l'Esprit, je vis ma vie autrement. Je suis non seulement biographe de mon existence mais également théographe. La théographie est une calligraphie divine. L'ouranopolite que je suis, choisit de devenir un théographe c'est-à-dire d'écrire sa vie avec l'encre de Dieu. Une encre indélébile qui marque tous nos faits et gestes d'une couleur particulière, celle de l'arc-en-ciel, signe de l'alliance entre Dieu et son humanité. Cette fois, nous avons quitté le champ des certitudes pour entrer dans celui de l'espérance. L'espérance que tout ce que nous vivons aujourd'hui s'inscrit à jamais dans un au-delà. L'espérance de recevoir la vie éternelle.
En résumé, mon état de citoyen terrestre s'impose à moi et c'est à moi de décider d'écrire ma biographie. Mon état de citoyen du Ciel est un don auquel je réponds librement dans la foi pour écrire ma vie avec cette calligraphie divine qui rend la vie plus belle encore puisqu'elle nous ouvre les portes de la vie éternelle. Cosmopolite et biographe seulement ou plutôt cosmopolite et biographe tout en étant ouranopolite et théographe ? Nous seuls pouvons le décider. Mais le second choix donnera une couleur toute particulière à la vie, celle d'avoir la conviction de la réussir puisqu'elle s'inscrit en Dieu. Amen.