Douala-Bonamoussadi : Une maison Sic, deux propriétaires
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Vingt-deux ans après une transaction d’achat, la vendeuse vient d’expulser l’acquéreuse avec l’appui des éléments du corps national des sapeurs-pompiers.

La maison construite par la Société immobilière du Cameroun (Sic), située au quartier Bonamoussadi à Douala, bloc N12, servant d’habitation, est désormais occupée par une dizaine d’éléments du corps national des sapeurs-pompiers. Ces hommes en tenue y ont presqu’élu domicile depuis le 9 février dernier, date à laquelle ils ont procédé à l’expulsion forcée de Berthe Amélie Kemogne, qui revendique la propriété des lieux.

Ce différend fait l’objet de plaintes déposées par la victime dans des unités de police et de gendarmerie, ainsi qu’à la Sécurité militaire (SÉMIL), au Tribunal militaire à Douala et au Tribunal de grande instance du Wouri. La plaignante en veut à Duisile Wanko, celle qui lui a vendu ladite maison pour escroquerie, trafic d’influence, rétention sans droit de la chose d’autrui ; et aux responsables des sapeurs-pompiers ayant encadré l’opération d’expulsion pour trafic d’influence, destruction de denrées alimentaires, vol, destruction en complicité et autres.

Une affaire qui remonte à l’an 2000. Berthe Amélie Kemogne est informée que Duisile Wanko qui vit aux Etats-Unis, vend sa maison au quartier Bonamoussadi. La vendeuse est en voie d’acquérir cette maison auprès de la Sic. « Nous nous accordées pour un montant total de 12,5 millions Fcfa, et que je devais lui verser la somme de 5 millions Fcfa et continuer à payer le reste sous forme de traites auprès du Crédit foncier du Cameroun (CFC) jusqu’au solde de tout compte », informe Berthe Amélie Kemogne.

Par la suite, un accord de vente est passé par devant notaire le 11 avril 2001 dans l’Etat de  MaryLand aux USA. « Une avance de 5 millions Fcfa a été reçue. Le dernier ou le reste du versement sera payé avant le transfert de propriété. Sous-entendu le transfert définitif du titre foncier en son nom », signe Duisile Wanko. Après avoir reçu l’avance de 5 millions Fcfa, Mme Wanko remet les clés de la maison vendue à la nouvelle acquéreuse. Mme Kemogne y habite pendant quelques années, avant d’y laisser sa famille pour s’installer au pays de l’Oncle Sam. Dans l’intervalle, elle verse les traites au Crédit foncier du Cameroun (CFC), comme convenu dans la transaction.

18 millions Fcfa

Plus tard, après avoir versé la totalité des traites attendue, Mme Kemogne sollicite une attestation de solde auprès du CFC. Elle ne l’obtient pas, parce que ladite attestation ne peut être délivrée qu’à Mme Wanko. L’immeuble portant encore son nom. « J’ai essayé depuis plusieurs mois d’entrer en contact avec dame Wanko pour parfaire la vente, en vain », explique Mme Kemogne. Entre-temps, Mmes Wanko et Kemogne, deux Camerounaises d’origine, obtiennent la nationalité américaine. Le 4 février 2023, l’acquéreuse débarque au Cameroun pour y passer quelques jours.

Tout se passe bien jusqu’au jeudi 9 février 2023, lorsque, étant au marché, « j’ai été jointe au téléphone par mon vigile qui m’a informé que des militaires qui sont arrivés chez moi. Ils ont demandé au vigile d’ouvrir le portail. Et face au refus du vigile, ces militaires ont escaladé la barrière et ont détruit les serrures des portes », rapporte Mme Kemogne. A son arrivée sur les lieux, Mme Kemogne se souvient qu’elle a été «portée par des sapeurs-pompiers et jetés hors de sa barrière comme un sac. Je me suis blessée. Quelque temps après, un autre véhicule des sapeurs-pompiers est arrivé à bord duquel se trouvait Mme Wanko, avec du matériel domestique qu’ils ont introduit dans ma maison».

Le lendemain, l’huissier de justice qui a voulu faire un constat a été refoulé. Joint au téléphone, Mme Wanko dit n’avoir pas vendu sa maison à dame Kemogne. « Si elle pense que je dois rembourser l’argent de son loyer de 22 ans, qu’elle me le dise. Je ne lui ai rien vendu. On a fait un contrat verbal à travers une amie », déclare Mme Wanko. Avant d’ajouter, en réaction à la présence des hommes en tenue, que : « Je suis de la famille des sapeurs-pompiers. J’ai le droit de demander de l’aide à tout le monde ». Pour sa part, dame Kemogne estime que « si Mme Wanko dit que je n’étais que son locataire, qu’elle apporte la preuve de ce qu’elle déclare ».

La plaignante, Berthe Amélie Kemogne, n’entend pas baisser les bras face à ce qu’elle qualifie d’injustice et d’utilisation abusive de la force publique à des fins privées. En plus, Mme Kemogne a perdu l’essentiel de ses effets qui sont restés dans la maison querellée. Il en est de même d’une somme de 18 millions Fcfa qui devaient lui permettre, dit-elle, d’achever les travaux de réhabilitation de ladite maison et des paquets qu’elle a transportés des Etats-Unis au Cameroun pour les familles de ses connaissances. 

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