Quand les créatures échappent au créateur
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Dans leur quête effrénée du pouvoir, d’argent et de sang, des hommes et des femmes conspirent contre le président  de la République à qui ils doivent tout. Prenant en otage la justice, infiltrant l’appareil sécuritaire, les circuits de nomination et de promotion aux postes stratégiques, et pillant à tout vent les lignes 65 et 94 du trésor public…, ces personnalités construisent patiemment leur toile. Cette arrogance doublée du mépris des valeurs sacrées de rigueur et de moralisation prônés par le chef de l’Etat risque à terme, d’ouvrir la voie à une révolte populaire pouvant conduire au renversement de l’ordre institutionnel établi.

Laurentine Koa Mfegue Epse Mbede a décidé de rompre le silence. La doyenne d’âge de l’Assemblée nationale est montée au créneau, le 3 mars 2023, à l’ouverture des travaux de la session ordinaire de la Chambre basse du parlement, au palais des Congrès de Yaoundé. Cette députée a ainsi déploré, dans son discours, ce qu’elle a appelé « les scandales de la République ».

L’élue du peuple cite entre autres scandales qui ébranlent le pays: l’affaire des indemnisations relatives au projet de construction de l’autoroute Yaoundé-Douala, l’affaire de la gestion des chapitres 94 et 65 de la loi de finances, l’affaire de l’assassinat de Monseigneur Jean Marie Benoît Bala (ancien évêque de Bafia), l’affaire de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo, etc. «Nous condamnons avec la dernière énergie les cas répréhensibles que constituent toutes ces affaires», a déclaré la doyenne d’âge, avant de marteler: «Il faut que cela cesse. Le Cameroun, notre cher et beau pays, ne saurait se muer en terre de scandales ».

La doyenne d’âge de l’Assemblée nationale interpelle dès lors «ceux qui sont en charge de la gestion de la chose publique », afin que ces derniers «puissent faire preuve de patriotisme et de rectitude morale». «Ils doivent savoir qu’ils sont investis d’une mission sacrée, celle de promouvoir, chacun à son niveau, le développement du Cameroun. Je les exhorte à éviter tout acte susceptible de ternir, de quelque manière que ce soit, la belle image de notre pays auprès de l’opinion nationale et internationale », a-t-elle conclu.

Scandales en série

Des scandales à répétition, qui ébranlent la République, alors que le chef de l’Etat, depuis son accession à la magistrature suprême, ne cesse de semer les valeurs de «rigueur et de moralisation». Malheureusement, Paul Biya semble prêcher dans le désert. Dans leur quête effrénée du pouvoir, d’argent et de sang, des hommes et des femmes qui doivent tout au président de la République décident de conspirer contre lui et les institutions qu’il a patiemment construites et consolidées. Plusieurs personnalités qui planifient depuis plus d’une décennie, un coup d’état scientifique, prennent en otage la justice camerounaise. « Elles sont devenues intouchables malgré les dénonciations citoyennes ou administratives », regrette un observateur de la scène politique nationale. Ces ‘’créatures’’ qui échappent au contrôle du ‘’créateur’’ ont amassé une puissance financière à travers le siphonage des lignes 65 et 94...

Il y a une décennie, le ministre de l’Enseignement supérieur, et responsable de la communication (propagande) du RDPC, insistait sur la bonté du chef de l’État. D’après le Professeur Fame Ndongo, « Nous sommes tous des créatures ou des créations du président Paul Biya, c’est à lui que doit revenir toute la gloire dans tout ce que nous faisons. Personne d’entre nous n’est important, nous ne sommes que ses serviteurs, mieux, ses esclaves.»

Avion présidentiel

Et pourtant, de nombreuses ‘’créatures’’ ne cachent désormais plus leur appétit vorace pour le pouvoir suprême, et se retrouvent trempées dans moult scandales, comme l’affaire de l’avion présidentiel, dans laquelle plusieurs dizaines de milliards de francs CFA sortis du trésor public ont été distraits. L’appareil qui devait servir aux déplacements du président de la République n’a jamais été acquis.

Plusieurs pontes du régime de Yaoundé, reconnus coupables de détournements de fonds publics, purgent à cet effet, depuis plusieurs années, de lourdes peines d’emprisonnement. C’est le cas de l’ancien Premier ministre Ephraim Inoni, ou des anciens secrétaires généraux de la présidence de la République Jean Marie Atangana Mebara et Marafa Hamidou Yaya, etc.

Pour lutter certaines dérives, l’appétit vorace des uns et des autres pour le pouvoir, des personnalités regroupées au sein des mouvements dénommés «G11» ou la «Génération 2025», les pouvoirs publics ont mis en place des organismes spécifiques, question d’intensifier la lutte contre les atteintes à la fortune publique qui constitue le cheval de bataille du chef de l’Etat. Il s’agit du Contrôle supérieur de l’Etat, la Commission nationale anti-corruption, l’Agence nationale d’investigation financière, ou la Chambre des comptes, Etc.

Ceux qui pillent les caisses de l’Etat, ou «ceux qui ont exécuté le journaliste Martinez Zogo et leurs commanditaires sont ceux-là mêmes qui planifient depuis plus d’une décennie, un coup d’état scientifique. Ils ont patiemment construit leur toile. Ils ont pris en otage la justice camerounaise et sont devenus intouchables malgré les dénonciations citoyennes ou administratives », regrette un observateur de la scène politique nationale. . 

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