Point de presse de maitre Charles Tchoungang  Quelles leçons en tirer? Par l’écrivain Calvin Djouari
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L'avocat Charles Tchoungang, qui défend Amougou Belinga, cet homme d’affaire suspecté dans l’assassinat du journaliste Martinez Zogo, a tenu vendredi 17 février, un premier point de presse à l’immeuble Ekang. Une intervention péremptoire et à demie teinte dans laquelle le maître Tchoungang déclare aux journalistes d’entrée de jeu qu’il ne répondrait à une aucune question.

Maitre Tchoungang, ancien bâtonnier conduit le dossier le plus difficile de sa carrière, premièrement à cause de la complexité de l’affaire, et deuxièmement à cause de la personnalité du mis en cause. Le grand ex-bâtonnier, tel qu’on le connaît, m’a semblé avoir perdu sa perspicacité de ses débuts de carrière. Il avait l’air désemparé par l’affliction de son client qui certainement vit une étape difficile de sa vie. Dans son exposé il a livré des éléments de la déposition qui normalement devraient être confidentiels dans son dossier. Il a affirmé que son client avait pénétré les services secrets depuis longtemps. Et dans ses déclarations, le constat est flagrant, maître Tchoungang a enterré ses clients vendredi.

Le premier constat que j’aimerais faire ici est le suivant, l’avocat est un être solitaire. Il est seul avec sa conscience. Il a le destin d’un homme et de ses affaires entre ses mains. Peut-être une stratégie de défense ?  Il y aussi le destin de la justice qui est en jeu. Amougou Belinga est un grand homme d’affaire, mais le destin d’un pays est plus important qu’un individu qui n’a su vivre dignement au sein d’une société qui l’avait adopté.

Revenons sur Maitre Tchoungang. Je tiens tout d’abord à préciser la solide expérience de cet avocat et l’estime profonde que la perfection de sa carrière professionnelle lui avait conféré auprès des tribunaux, que ce soit au Cameroun ou à l’étranger. C’est un homme qui a de l’entregent. Au Cameroun, c’est une voix qui pèse. Mais hier, j’ai eu l’impression qu’il était fatigué ; le maitre Tchougang que j’ai vu plaidé des dizaines de fois, manquait de verbe et d’arguments qui clarifient les faits en de telles circonstances. Article similaire https://o-trim.co/nmz

Il a devant lui un dossier lourd, mais ses propos ne montrent pas une détermination à la défense. Son attitude montrait qu’il était fatigué par les gens d’en face. Son visage dessinait une véritable déroute devant ces personnalités aux grades somptueux.

Son point de presse ressemblait à peu de chose près, à un aveu de culpabilité de son client. Des déclarations très graves qui auraient pu rester confidentielles ont été diffusées. En l’occurrence, le fait que le lieutenant-colonel livrait à Amougou Belinga, des informations sur les questions sécuritaires entre le Cameroun et la Centrafrique au niveau des frontières.

Autre chose, il était visiblement consterné, au lieu de garder l’affabilité qui caractérise les avocats. Il n’a pas souhaité répondre à des questions, parce qu’il savait, que parmi les journalistes présents, il y a ceux qui en savaient plus que lui-même sur le dossier en cours. C’est sur un coin de la bouche qu’il a dit que son client était innocent. D’ici quelques jours, il va se rendre à l’évidence. Il a essayé deux timides protestations, sans vouloir vraiment saisir l’orage ; une intelligence à rebours dans un moment décisif d’une affaire comme celle-ci ! moi je suis Martinez Zogo mais comme bâtonnier il parait être un serpent à deux têtes.  Article similaire https://o-trim.co/nvb

Après s’être longuement étendu sur les dramatiques circonstances de l’incident, il m’a paru imprudent de donner les trois versions du lieutenant au lieu de dire ce qui intéressait son dossier de défense ; dans les situations de crime, les aveux qu’ils soient multiples ou non, permet de déceler la vérité. L’accusé a sa version, mais le défunt aussi est présent et délivre les faits instinctivement ce qui s’est passé aux juges. Dans les crimes lorsque les accusés sont, le défunt explique mentalement aux enquêteurs ce qui s’est réellement passé, c’est la magie de la science criminologique. Le mort a sa version du crime. Les procureurs le comprennent.

Maitre Tchoungang pour ma part est venu laver ses mains publiquement parce qu’il y a là aussi un enjeu politique ailleurs. Et ce maître a un avenir politique. Il faut être subtil pour comprendre de quoi il est question ici. Ce point de presse n’a rien apporté de nouveau. Puisqu’il est venu dire ce qu’on savait déjà. Il aurait dû prendre deux ou trois questions pour voir les angles des attaques et murir sa défense. Aucun crime ne ressemble à aucun autre. Une conférence de presse aiderait à se faire une idée profonde de l’opinion dans une actualité aussi brûlante. 

Il manque sa propre signature dans une affaire délicate et ce n’est pas devant les tribunaux qu’il ira démontrer cela, c’est maintenant. Il n’a pas exprimé ses prétentions pour donner le ton à ses adversaires, il n’est pas venu pour arriver à des fins. Il est venu lui exprimer sa désolation. Mais comme avocat, il doit faire son match. Il sait que cette affaire le dépasse, c’est pourquoi il fait place à des superstitions : « Si vous saviez ce qui est dans ce dossier ! » Dit-il. Justement, les gens veulent en savoir puisqu’il les a appelés pour cela. En tant que juriste, je suis déçu. On sentait une répulsion, pour un avocat qu’on disait un dur.

  Maitre Tchoungang est un avocat du passé comme ceux qu’il défend.

Il constate finalement qu’il s’est mis dans un dossier dont il ne sait plus comment s’en tirer. L’homme n’a plus sa verve des années 90. Il joue les prolongations. C’est un homme du passé. Il demande la scène de crime. Il n’exploite pas celle qu’on a trouvée. Pourtant, il l’a cité au début du texte, on ne peut pas maquiller la scène de crime ici. C’est à lui de démontrer que la scène de crime de l’immeuble n’existe pas. Mais il ne l’a pas fait. Plus l’affaire avance, plus il s’enfonce et s’isole. On sent un avocat qui veut jeter l’éponge mais il y a une contrainte du contrat qui le lie dans l’affaire. Il n’a vraiment pas dans cet esprit envie de sauver son client. Il ressemble à ce piroguier qui dit à des passagers, « montez dans la pirogue voici la pagaie, traversez, je vous surveille à partir de la rive du fleuve. »

Il était complétement paumé dans la défense d’un magnat devenu un vulgaire délinquant. Il proteste timidement de l’arrestation sans défendre avec détermination sa non-culpabilité. Il n’apporte aucune preuve de l’innocence de son client, mais il sait seulement qu’il est innocent. Les journalistes l’auraient mis dos au mur, s’il avait accepté les questions. Rien n’indique la culpabilité de client, mais le fait que celui-ci soit trempé dans les histoires sordides, ne fait plus de lui un homme de valeur. Cette affaire est dégradante, mais l’avocat consent tout de même à plaider et il se plaint des journalistes qui font leur travail comme le sien. Un journaliste ne donne jamais sa source et on ne peut pas l’interpeller pour cela. Je donne le cas de cette journaliste qui Jacques Mesrines déclaré ennemi numéro 1 en France avait été interview par une journaliste de Paris Match Isabelle de Wengen. Malgré la pression du gouvernement la journaliste a refusé de donné sa source d’information.  En disant qu’il faudrait interpeller certains journalistes dans l’affaire est un nanisme intellectuel. C’est ignorer les canons de ce métier.  Retenons pour conclure que maître est dans son action parce qu’il y a un intérêt colossal dans le destin d’une famille. On ne peut pas parler de procédure dans un pays sous-développé. L’uniforme du gendarme remplace la convocation lorsque ses supérieurs hiérarchiques lui intiment l’ordre d’amener un individu. 
 
Le maître Tchoungang est une légende il a su laisser son empreinte dans l'histoire, mais c’était avant, maintenant il faut laisser à des jeunes qui savent défendre les dossiers. Pour nous qui aimerions avoir la connaissance, ses arguments nous auraient enrichis, les inculpés ne nous intéressent pas. Ils ne méritent pas vivre au milieu des hommes dans leur bestialité ; qu’ils restent à jamais dans le cachot.

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