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© rolandtsapi.com : Roland TSAPI
- 18 Feb 2023 11:29:12
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Jeunesse et amour : en contre sens au Cameroun :: CAMEROON
Dans les discours, les politiques disent avoir beaucoup d’amour et de soucis pour la jeunesse et son bien-être, mais ils s’accrochent désespérément au pouvoir, proposant des solutions dépassées pour une jeunesse de plus en plus moderne et confrontée aux défis de l’évolution
Jeunesse et amour, ces deux thèmes sont à la faveur d’un hasard du calendrier, célébrés au Cameroun en l’espace de 3 jours au mois de février de chaque année. La jeunesse, elle, ne se construit qu’en suivant des modèles dans la société, alors que l’amour est supposé être transgénérationnelle et surtout transpirer de tous les comportements, à plus forte raison des ainés. Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait, dit l’adage. Pour dire en bref que si la jeunesse avait les connaissances des vieux, elle pouvait combiner cela à la force dont elle dispose et faire des merveilles, au contraire des vieux qui connaissent beaucoup de choses mais n’ont plus la force nécessaire pour les mettre en application.
Il resterait donc, pour qu’une société puisse profiter des atouts de ses différentes générations, que les vieux mettent à la disposition des jeunes, avec amour et sincérité, leurs connaissances afin que ces derniers puissent combiner avec leur vigueur pour la construction d’une nation forte. Passer la main fait donc partie de la responsabilité de la vieille génération, mais qu’en est-il au Cameroun ? Le constat est que la jeunesse qualifiée de fer de lance de la nation, n’a toujours pas la considération qu’elle mérite. Le dessin caché des gouvernants est de la maintenir dans un statu quo stérile en la berçant des promesses continuelles, sans qu’elle ne dispose des leviers pour s’épanouir et prendre les choses en mains. Les quatre principales institutions de la république donnent suffisamment d’éléments pour comprendre, la présidence de la république, le sénat, l’assemblée nationale et le Conseil économique et social.
Gérontocratie
Le conseil économique et social a à sa tête Ayang Luc. Né en 1947 à Doukoula dans l’arrondissement de Kar-Hay, département du Mayo-Danay dans la région de l’Extrême. Il a été premier ministre de la République unie du Cameroun du 22 août 1983 au 25 janvier 1984, alors qu’il avait 36 ans, ayant commencé sa carrière à 28 ans en mars 1975, quand il entre au Secrétariat Général de la Présidence, où il y est nommé Chef de service de la Législation et de la Réglementation à la Division des Affaires Administratives et Juridiques. Agé de 76 ans en 2023, il est à la tête du Conseil économique et social depuis le 4 février 1984, soit depuis 39 ans sans discontinuer. A l’Assemblée nationale trône aussi depuis 31 ans Cavaye Yeguié Djibril, né en 1940. Il commence sa carrière administrative à 25 ans quand il est nommé inspecteur interministériel du Grand Nord en 1965. Il entre également à l’Assemblée législative du Cameroun oriental en avril 1970, où il finit par s’établir un titre foncier.
A 83 ans, il ne compte pas lâcher ni les rênes de la chambre basse du Parlement, ni la fonction de député. Juste au-dessus de lui, à la chambre haute, le sénat, on retrouve Marcel Niat Njifendji comme président. Né en 1934, il intègre la fonction publique le 31 décembre 1960 à l’âge de 26 ans, au grade d’ingénieur des ponts et chaussées et des services techniques de l’État. Directeur de la Société nationale d’électricité Sonel à 40 ans, il est en 2023 encore président du sénat depuis 2013, à l’âge de 89 ans. Juste un an de moins que le président de la république, qui a soufflé sur sa 90 eme bougie le 13 février 2023. Né en 1933, il est dans l’administration camerounaise depuis 1962 quand il avait 29 ans, nommé chargé de mission à la présidence de la république dès la fin de ses études. Il est resté non loin du palais présidentiel depuis lors, pour l’occuper définitivement dès 1982 quand Ahidjo lui cède le trône après lui avoir pavé le chemin depuis quelques années auparavant.
Un vieux d’un âge avancé, malgré sa sagesse et son expérience, peut-il vraiment comprendre et résoudre les problèmes d’un jeune de 25 ans, dans un monde qui court de tous les côtés ? Trop de questions qui poussent à implorer la classe dirigeante vieillissante, à faire preuve d’un peu d’amour du 14 février, à l’endroit de la jeunesse du 11 février, ne serait-ce qu’à l’occasion du partage du gâteau du 13 février.
Jeunesse méprisée
Ainsi, dans un pays où la jeunesse est le fer de lance, les rênes sont tenues par les plus âgés : 90 ans à la présidence de la république, 89 ans à la tête du sénat, 83 ans à la tête de l’Assemblée nationale, 76 ans à la tête du Conseil économique et social. Et celui qui a duré le moins au poste est le président du Sénat, parce que cette chambre elle-même n’existe que depuis ce temps c’est-à-dire 10 ans. En dehors de lui, on a 41 ans de pouvoir pour le président de la république, 31 ans de règne pour le président de l’Assemblée nationale et 39 ans au même poste pour le président du Conseil économique et social. Longévité au poste et avancement en âge, c’est le maître mot. Il faut cependant remarquer que pour tous ces quatre à la tête des plus hautes institutions du pays, ils étaient déjà tous rompus dans l’administration avant 30 ans.
Dès années après l’indépendance, les jeunes jusqu’à 35 ans sont encore appelés à concourir pour la fonction publique, et comme l’Etat ne peut pas résorber tout le monde comme le dit le président de la république, il leur est demandé de créer eux-mêmes leurs emplois. « Mais je me dois de le rappeler. Il est évident que ni l’Etat, ni les entreprises existantes du secteur privé, ne peuvent à eux seuls absorber le volume de jeunes issus chaque année du système éducatif classique. C’est pour cette raison que je vous demande, une fois de plus, de vous tourner également vers l’auto-emploi, en saisissant les opportunités qui s’offrent à vous dans les domaines tels que l’agriculture, l’artisanat ou l’économie numérique », disait encore le président Paul Biyalors de son adresse à la jeunesse le 10 février 2023.
Juste une autre façon de laisser croire à cette jeunesse que l’on pense à elle, alors qu’en amont le minimum n’est pas fait. Pour que les jeunes s’intéressent à l’agriculture, il faut qu’ils aient accès au foncier, et depuis que les experts critiquent la loi foncière existante en demandant qu’elle soit revue pour faciliter l’acquisition des terres, la réponse du gouvernement a été d’augmenter les taxes sur les transactions foncières dès 2023. Les jeunes ne tarissent pas de génie dans la fabrication des produits artisanaux, mais pour quel marché ? Ils sont en mesure de fabriquer des meubles de très grande qualité esthétique avec du bambou ou du bois, mais le mobilier de bureau des administrations est renouvelé chaque année par des meubles sortis des conteneurs.
Comment vont-ils développer l’économie numérique quand l’électricité est rationnée, quand la société nationale Camtel est incapable de fournir une connexion internet en qualité, en quantité et au meilleur prix et se fait même battre sur le marché par les opérateurs privés qui sont pourtant ses clients ? Un vieux d’un âge avancé, malgré sa sagesse et son expérience, peut-il vraiment comprendre et résoudre les problèmes d’un jeune de 25 ans, dans un monde qui court de tous les côtés ? Trop de questions qui poussent à implorer la classe dirigeante vieillissante, à faire preuve d’un peu d’amour du 14 février, à l’endroit de la jeunesse du 11 février, ne serait-ce qu’à l’occasion du partage du gâteau du 13 février.
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