DU REVE A LA REALITE, LE DEMARRAGE DE LA ZONE DE LIBRE- ECHANGE CONTINENTAL AFRICAINE  EST EFFECTIF
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AFRIQUE :: DU REVE A LA REALITE, LE DEMARRAGE DE LA ZONE DE LIBRE- ECHANGE CONTINENTAL AFRICAINE EST EFFECTIF

Le 6 octobre dernier, la douane camerounaise a délivré  le tout premier certificat d’origine Zlecaf à ses produits à destination du Ghana. C’est un évènement historique sur le continent. Et  pour certains analystes, cet acte marque  la renaissance du continent. 

Entièrement balkanisé après les indépendances, le continent qui  représentait à peine   1 % du commerce mondial est devenu depuis vendredi dernier l'une des plus grandes zones de libre-échange au monde, avec un marché de plus de 1,2 milliard de personnes, et un PIB combiné de plus de 3000 millions de dollars.

C’est le rêve des pères fondateurs de l’OUA et  l’UA, les fédéralistes Julius Nyerere, Kenneth Kaunda et plus récemment Kadhafi qui se réalise. Julius Nyerere disait dans un discours prononcé lors du 40 e anniversaire de l’indépendance du Ghana : 
« Je rejette la glorification de l'État-nation léguée par le colonialisme ainsi que les nations artificielles que nous tentons de forger à partir de cet héritage. Au fond, nous sommes tous africains, mais des Africains qui essaient à toutes forces d'être des Ghanéens ou des Tanzaniens. Heureusement pour l'Afrique, nous n'avons pas totalement réussi. Le monde extérieur a du mal à distinguer un Ghanéen d'un Tanzanien. Ce que le monde extérieur voit en nous, c'est que nous sommes africains. Oubliez la stupide division des peuples africains entre anglophones, francophones et lusophones. Cette tentative de diviser nos peuples en fonction de la langue de leurs anciens colonisateurs doit être rejetée avec fermeté et tout le mépris qu'elle mérite. Pendant ce temps, les propriétaires naturels de ces langues magnifiques sont occupés à construire une Europe unifiée. » Julius Kambarage Nyerere premier président de la Tanzanie.

Ces propos de Nyerere, Donald Kaberuka ancien président de la Banque Africaine de développement les a  rappelé en 2012 lors de  la conférence annuelle des Présidents des Parlements africains , il a relevé  que sur 54 pays africains, plus de la moitié ont un PIB inférieur à 10 milliards de dollars et comptent moins de 10 millions d'habitants ;  « On dit aussi que quantité de pays africains peinent à réaliser les économies d'échelle requises pour devenir compétitifs à l'échelon international. » précisait Donald Kaberuka avant de conclure qu’à ce jour, le total des réserves externes de l'Afrique représente 500 milliards de dollars ! Pourtant, nous continuons à dépendre des prêts et des dons qui nous sont consentis par le monde extérieur.

Entrée en vigueur le 31 Janvier 2021, c’est le 25 juillet 2022 que le secrétariat de la Zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA) a dévoilé son initiative de commerce guidé en sélectionnant  huit pays pour commencer provisoirement à échanger des marchandises dans le cadre de l'AfCFTA sur une base pilote. La date de lancement était prévue le 07 Octobre 2022 en marge de la 10e réunion de l'AfCFTA du Conseil des ministres responsables du commerce  à Accra. Lancement historique selon  Mark-Anthony Johnson secrétaire général de l’AfCFTA car ce jour, une cargaison partait du Cameroun pour le Ghana. 

L’Afrique et l’import substitution
Au cours de la période 2015-2017, seul 2 % des échanges commerciaux ont été réalisés entre pays africains, plusieurs préféraient encore les échanges avec leurs anciennes  puissances coloniales qu’avec leur propre voisin. 
« Si je dois expédier un article aux États-Unis... ça coûte 25 dollars mais si je dois expédier le même article en Ouganda, ça coûte 60 dollars » déclarait Mabel Simpson, Entrepreneure à Accra, Ghana au micro de BBC. C’est une créatrice de mode à Accra, au Ghana, qui fabrique des articles à partir d'imprimés africains, tels que des sacs pour ordinateurs portables, des sacs à main et des oreillers faits à la main.
Le Thé 
Le Kenya est un des plus gros producteurs de thé au monde, les pays africains continuent d’importer de chine, Inde et Sri Lanka.
Cacao
La plupart des pays producteurs de cacao fournissent  aux pays développés, des matières premières   à faible valeur ajoutée. Pourtant, sur le continent existe des centres  de fabrication comme l’Égypte et l’Afrique du Sud qui  s’approvisionnent  en dehors du continent.

Les deux plus gros exportateurs de manioc au Monde sont le Nigeria et la RDC, loin devant la Thaïlande, mais le Cameroun importe le Manioc de Chine. Toujours le Nigeria est premier producteur de riz sur le continent et gros producteur d’huile de palme, seulement,  plusieurs pays africains notamment le Kenya et bien d’autres achètent du riz et huile d’Asie. Sans oublier d’indexer le  Nigeria qui importe les fleurs de la Hollande pourtant le Kenya en est un grand exportateur. Avec l’entrée en vigueur de la zone de libre-échange, de  nouveaux horizons s’offrent aux pays africains, en témoigne la tournée africaine du ministre Ethiopien du commerce qui a fait le tour du continent pour proposer les prochaines récoltes de blé de son pays.
Bien au-delà de la production des biens et services, à  date,  le total des réserves externes de l'Afrique selon la BAD représente 500 milliards de dollars .Paradoxalement, les Africains  continuent à dépendre des prêts et des dons d’extérieur.

Le Cameroun inaugure la Zone de libre-échange continentale 
Ratifie par 54 pays sur 55, de manière progressive les prix dans les magasins  vont changer  du fait de la réduction des  taxes sur les marchandises importées, car de  nombreux pays ont officiellement réduit les taxes de certains produits. Dans la cargaison à destination du Ghana, il y avait des safous séchés, ananas séchés et du thé au gingembre.

L’élément clé de la croissance inclusive selon les experts des nations unis consiste à accroître la participation à l'activité économique et au commerce à tous les niveaux de revenu en augmentant l'entrepreneuriat et l'emploi des groupes marginalisés.
Global Capacity Building foundation pilote un ensemble de 400 entreprises réunies au sein d’une structure dénommée MISS30 (Mutuelle d'inclusion sociale et de solidarité) .Partant du principe que les pays qui ont eu les plus grands succès à l’exportation (Corée du Sud, Brésil, Mexique, Chine) sont passés par une ou des phases préalables de substitution aux importations , Global Capacity Building Foundation milite depuis des années pour l’import substitution .Elle a salué avec la plus grande satisfaction les décisions du premier ministre chef du gouvernement d’encourager la production locale car indispensable pour trouver le salut avec la ZLECAF .Au-delà de l’artisanat et de l’agriculture, GCBF encourage les acteurs dans le secteur de l’agro-industrie et de  transformation car le commerce intra-africain représente à 47 % les produits transformés . Le Cameroun perd environ 25 % des produits post récoltes à cause   de l’absence des mécanismes de transformations et de conservations. . 

Huit pays ont été choisis pour expérimenter la ZLECAF, le Cameroun, du Ghana, du Rwanda, du Kenya, de l’île Maurice, de l’Égypte et de la Tanzanie. Les tarifs spéciaux de ces pays ont été valides .Au total au Cameroun,  5838 produits sont soumis à des tarifs spéciaux, des produits catégorisés en trois groupe : La « catégorie A » constitue de  produits importés et non produits localement, ils sont au nombre de  5255. Ensuite la « catégorie C », avec 175 produits dans lesquels l’on retrouve    la farine de froment, la farine de maïs, l’huile de palme brute, l’huile de palme raffinée, les sucres, les gommes à mâcher, les bonbons, les pâtes alimentaires, les jus de fruits, les ciments portland, les ciments de colle, les défrisants, les savons et gels de douche, les profilés d’aluminium, etc. Enfin la catégorie B dite des produits sensibles (produits localement) au nombre de 408 produits.
 Avant de faire valider ses prix,   le Cameroun s’est associé aux 5 autres pays d’Afrique centrale (le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine et le Tchad)   pour élaborer de manière consensuelle cette offre tarifaire.

Après le fond monétaire africain, la force africaine en attente, le Cameroun se retrouve une fois de plus  au-devant de la scène africaine  pour ce qui symbolise l’unité de l’Afrique. Kwame Krumah dans son livre « Africa Must Unite » 

Albin Michel Njilo (Global Capacity Building Foundation)

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