Dans les chaînes du silence, de Ndèye Fatou Ndiaye
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Condition féminine, féminisme, égalité de genres, ce ne sont encore là que de gros mots. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien y comprendre, elle, Roky l’héroïne de Ndèye Fatou Ndiaye, autrice sénégalaise. Rocky la petite villageoise ne demandait qu’à être épargnée du drame psychologique de devoir épouser un vieil homme qui eût pu tout aussi bien être son grand-père. Elle n’avait pas voix au chapitre. Son père avait pris la dot. Et décidé.

C’est la triste réalité. Il y a encore fort à faire dans nos sociétés patriarcales pour à tout le moins reconnaître une certaine dignité humaine à la femme, très souvent assimilée à une propriété comme une autre, un objet meuble. Au point où, Ndèye Fatou Ndiaye nous le rappelle dans l’une de ses histoires (La soumission), il parait encore déplacé et saugrenu pour une femme de parler de viol ou d’agression sexuelle lorsqu’il s’agit de son mari.

  • Mais Père, il m’a violé, il a abusé de moi !
  • Abusé de toi ? As-tu déjà vu un mari abuser de sa femme ? Ce sont encore les Blancs qui vous mettent ces sottises dans la tête.

Comment pourrait-il en être autrement, puisqu’elle est la propriété de son mari. Elle lui appartient, tant et si bien que l’époux peut tout bonnement décider de la prêter, ou de la vendre, pour une nuit, à un pervers, à un porc, pour parler comme les féministes là-bas ; un porc en quête de nouvelles sensations et prêt à payer le prix, à l’homme, l’époux, le propriétaire de la chose, l’ayant-droit de l’objet sexuel. Ce fut le cas de l’autre malheureuse héroïne de Ndèye Fatou Ndiaye, Penda, dont le mari devint aussi le proxénète.

Dans les chaînes du silence, c’est quatre nouvelles de Ndèye Fatou Ndiaye, quatre histoires, quatre cas de figure, de « bonjour tristesse ». Âmes sensibles, prévoir un paquet de Kleenex. Et comment que vous allez pleurer ! Ou du moins, pour les cœurs durs, écraser une petite goutte d’eau sortie par mégarde de vos pupilles. Cela arrive, il y a des livres comme celui-ci qui font aux yeux l’effet des ognons découpés. Rien à voir avec l’émotion. Soit. Je vous l’accorde. Toujours est-il que pour moi, les petites histoires de Ndèye Fatou Ndiaye suscitent de la compassion, et même de l’indignation.

Imaginez Safieh, à qui le père a ravi la virginité, refoulée par l’homme qu’elle aime, parce que justement elle n’est plus chaste. Et l’autre, Nafissatou, qui subit les sévices corporels infligés par un homme de qui elle ne doit surtout pas envisager de se séparer. Ordre de son père, pour qui le divorce est une affaire de Blancs.

Imaginez… Bon, on ne va pas tout dévoiler non plus. On va en laisser un peu aussi dans le livre, de suspense. Et bonne lecture !

Dans les chaînes du silence de Ndèye Fatou Ndiaye était en lice à l’édition 2019 du GPAL (Grands Prix des Associations Littéraires).

palabresintellectuelles@gmail.com

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