Vient de paraître: Le rôle clé d'Assale dans la montée en puissance d'A. Ahidjo (1958-1965)
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S’il existe un homme politique camerounais qui a donné en premier une dimension nationale à Ahmadou Ahidjo, c’est bien Assale Charles. Le congrès de son parti politique, UC, à Ebolowa au mois de juillet 1962, est venu « dénordiser » cette formation politique jusque-là très ethniquement et régionalement marquée.
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Chapitre I :
Ahmadou Ahidjo : le protégé et obligé de Paris aux yeux de la population en 1960
 
Lorsqu’Ahmadou Ahidjo succède à Mbida André-Marie à la fonction de Premier ministre chef du gouvernement le 18 février 1958, Il n’est guère connu par la population. Il est certes Vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur et parlementaire, mais, en dehors de son Garoua natal, dont il est l’élu, il n’est guère une personnalité nationale.
Bien plus grave, dans cette région de la Bénoué, il est infiniment moins populaire qu’Ahmadou Mahondé, un autre élu de l’ARCAM, puis de l’AT-CAM, qui bénéficie quant à lui de son statut de fils de Lamido .
 
Ahmadou Ahidjo, en fait, est entré en politique à la faveur de l’administration coloniale. D’abord agent vétérinaire, puis fonctionnaire des Postes et Télécommunications, il est coopé en politique par le pouvoir colonial, en sa qualité d’«évolué» originaire du nord du pays, au même titre que de nombreux autres « évolués » à travers le territoire. Pour son malheur, il est originaire d’une région où la féodalité est très forte, et en conséquence, les « évolués» n’ont guère une influence déterminante comme au Sud.
Ceci le met terriblement en difficultés lors des législatives de mars 1952 pour l’ATCAM, puis des deux scrutins législatifs du 2 janvier 1956, pour l’Assemblée Nationale Française à Paris, et du 23 décembre 1956 pour l’Assemblée Territoriale du Cameroun. Il est battu le 2 janvier par Jules Ninine, un avocat antillais, candidat dans la même circonscription électorale que lui, celle du Nord. Puis, pour le scrutin du 23 décembre 1956, il est en ballotage très défavorable, face une fois de plus à Ahmadou Mahondé. L’administration coloniale se retrouve dans l’obligation d’intervenir en sa faveur afin qu’il ne soit pas battu. Il a été en effet vice-président de l’Assemblée Territoriale, tout au long de l’année 1956. Elle ne peut le laisser tomber.
 
Cette intervention décisive du chef de région du Nord laisse cependant des traces dans l’opinion publique. Les gens le considèrent comme un « élu administratif », l’« élu des Blancs » en quelque sorte. Garoua et la Bénoué, d’une manière générale, lui préfèrent Ahmadou Mahondé.
N’empêche, il est le représentant de la région à Yaoundé. Bien mieux, et à ce titre, à l’ouverture de la session parlementaire au mois de janvier 1957, il prend même du galon, il devient Président de l’Assemblée Territoriale et conduit les débats pour l’adoption du statut du Cameroun soumis aux parlementaires par le gouvernement français.
 
Il se retrouve ainsi, en 1957 après l’adoption de celui-ci , élu avec difficulté dans son nord natal, et inconnu dans le Sud. Il n’existe pas de journaux comme de nos jours, pas de réseaux sociaux, pas de télévision, et il ne dispose pas de parti politique .
Lorsqu’est formé le 1er gouvernement camerounais au mois de mai 1957, il s’y retrouve numéro deux par équilibre ethnique, sans plus, le Premier ministre désigné, Mbida, député à Paris et de ce fait l’homme politique camerounais le plus influent de l’époque de tous ceux qui sont dans la légalité, étant du Sud et chrétien, le haut-commissaire Pierre Messmer choisit un vice-premier ministre musulman et issu de la partie septentrionale du pays.
Février 1958, il devient Premier ministre par coup d’Etat du haut-commissaire de Jean Ramadier, successeur de Pier-re Messmer, ce qui accentue, dans l’opinion publique, son image de protégé et obligé de Paris. Son action en vue de la levée de la tutelle des Nations Unies sur le Cameroun, à savoir la proclamation de l’indépendance, n’y pourra rien.
Il demeure l’élu de Garoua grâce à l’administration coloniale, et Premier ministre chef du gouvernement par un coup d’Etat de cette même administration, contre un personnage indocile.
 
Ahmadou Ahidjo va de ce fait s’atteler à rallier les populations des différentes parties du pays à sa politique. Ce qui ne lui sera guère une tâche aisée. Il se dote rapidement de relais politiques locaux, région par région, avec plus ou moins de succès. Au nombre de ceux-ci, on peut citer Fouda André, Bétayéné Jean-Faustin, Onana Awana, dans le Centre, Ekwabi Ewané dans le Littoral, Mabaya Jean-Baptiste à l’Est, Keutcha Jean, Kamé Samuel, Enoch Nkwayep dans l’Ouest, et Assale Charles dans le Sud. Il devra batailler du 18 février 1958, date de son accession au pouvoir, au 1er septembre 1966, date de la naissance du parti unique qualifié « d’Unifié », l’Union Nationale Camerounaise, UNC, soit pendant huit longues années pour s’imposer politiquement dans le pays. En fait, c’est l’extinction de l’opposition, au lendemain du scrutin législatif du 26 avril 1964, par les arrestations qui s’en sont suivies qui le lui permettra. Entre temps, le 5 mai 1960, il sera élu Président de la République par le Parlement, et non par un vote au suffrage universel, en étant candidat unique. En 1965, il sera de nouveau candidat unique, dans un ticket avec Foncha, l’opposition n’ayant eu aucune possibilité de déposer la moindre candidature. Tous ses leaders importants croupissaient en prison.
A cause de cela, il est demeuré dans l’opinion publique, le protégé et obligé de Paris. Cette image ne se dissipera pratiquement jamais, malgré ses 24 années de règne.
Quoi qu’il en soit, Assale Charles lui sera d’une très grande utilité sur le plan politique, par l’apport des voix du Sud à une période où il était dramatiquement en quête de soutiens politiques.
 
Enoh Meyomesse
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Avant-propos
Chapitre I :
Ahmadou Ahidjo : le protégé et obligé de Paris aux yeux de la population en 1960
Chapitre II :
Ahmadou Ahidjo Premier ministre et l’apport d’Assale Charles contre l’accord de Soppo Priso
Chapitre III
Le OUI déterminant du Ntem d’Assale Charles au referendum constitutionnel du 21 février 1960
Chapitre IV
La dislocation du congrès de l’UPC « légale » en 1962 et l’arrestation d’Ema Otou
Chapitre V
L’arrestation de Mayi Matip, Bebey Eyidi, Okala Charles et Mbida en 1962 pour refus d’adhésion à l’UC
Chapitre VI
L’alliance Nord-Sud scellée grâce à Assale ou le congrès d’Ebolowa au mois de juillet 1962
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