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© Camerbe : Calvin DJOUARI
- 15 Jan 2022 13:37:27
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FRANCE :: ET FALLY IPUPA CHANTA... PAR L'ECRIVAIN CALVIN DJOUARI
Rarement, une prestation d’un artiste aura marqué l’actualité en terre camerounaise. L’écrivain que je suis, avait toujours supplié aux dieux de la nature de donner aux maîtres de la parole un cœur intelligent, si la tête n’avait pu l’être. Mais les dieux laissèrent faire et on se retrouva avec des gens à l’intelligence sommaire en train de meubler leur emploi du temps.
Quand le savoir n’intervient pas dans nos affaires, nous sommes fichus et surtout quand, dans la société nous sommes représentés par une foule de possédés c’est plus grave. Mais aussi, notre dette est grande, parce que beaucoup des personnes sans instruments de la vie, partagent cette ivresse, ces sensations, confondues dans l’euphorie, de celles qui sont en mal de notoriété et de reconnaissance, ou alors éperdues d’amour, trouvent dans le public une immense caresse.
Le bruit est assourdissant ; les gens sont retournés téter la mamelle de leur mère : le Cameroun. Voilà les seins suspendus à leur bouche. La tétée d’un enfant dans ses gestuelles maternelles, ne donne à l’enfant qu’un instinct grégaire. Des blogueurs momentanément égarés ont cru que la non-prestation de l’un de leur a été réductible à leur encontre.
Tout commence le 9 janvier 2022 par un succès phénoménal lors de l’ouverture, de la CAN TOTAL ÉNERGIE. L’artiste congolais FALLY IPUPA, auréolé de gloire, reçoit une ovation du public camerounais après son passage sur scène. Le spectacle est féerique. Plus de huit minutes, le décor est paradisiaque. L’ovation se poursuit dans le hall d’entrée du stade partout où la star passe. Il y a de la joie, de l’émotion et des larmes dans l’air. Chanté exclusivement en Lingala, le courant passe entre le public camerounais et son invité. Celui-ci salue avec frénésie la ville de Yaoundé. La première dame est aux anges, le parterre aussi. Pour Fally IPUPA, c’est l’apogée de sa carrière. Inoubliable dans l’histoire. C’est un artiste très aimé des Camerounais, on le sait. Il a fait plusieurs spectacles dans notre pays. Son dernier concert avait coûté 1500 euros l’entrée. C’est un artiste tentaculaire, très créatif, plein d’imaginations, qui ose toujours ce que les autres n’ont pas fait, et ça lui réussit. Cette fois-ci, il est devant tout le monde entier et il est Congolais. Le Cameroun a fait comme certains pays l’avaient fait avant, inviter un artiste étranger de renommée internationale. Imitant sans doute la France avec Youssouf Ndour, la république sud-africaine pour Shakira, et tout récemment Mani Bella pour la CAN Gabon-Guinée.
Mais à la fin de la soirée, le chanteur va découvrir l’histoire compliquée d’une famille africaine qui se débat dans les affres des lendemains tristes des fêtes trop belles. Ce sont d’abord les influenceuses qui donnent le ton, à leur façon. La plupart pense qu’on doit venir demander leur avis pour présenter un artiste dans une fête à la dimension internationale. Les influenceuses ont mordu l’hameçon. Elles avalent l’appât, la canne-à-pêche, le bateau et les pécheurs. Elles réclament tout, les artistes camerounais, la caméra, les tenues, les images, dans leur partie de jambes en l’air. Le stade, les stades et tout le public camerounais doivent les écouter. C’est la meilleure façon d’entrer en scène. Un véritable coup de médiocrité. Elles disent tout, tout ce qui leur vient à l’esprit sans discernement. Pour elles, l’œuvre d’art n’est utile que lorsqu’il y a un repli identitaire. Elles trouvent dans cette prestation du Congolais une offense à la musique camerounaise. Elles ont revêtu les habits de deuil et contestent vulgairement la prestation de ce dernier. Nous savons qu’ils aiment agir sous le coup de l’émotion et avoir des opinions sur tout sans savoir en réalité de quoi il s'agit vraiment. Certaines s’empressent de critiquer même le côté héroïque de l’événement.
La musique doit être la forme d’expression universelle. C’est dire que si les artistes camerounais ne se produisent jamais au Congo, le Cameroun devrait appliquer la réciprocité ? Savent-ils que les footballeurs sont des artistes ? Et que les footballeurs camerounais sont nombreux dans le championnat de la RDC qui est l’un des meilleurs championnats africains de l’heure ? Les chanteurs comme les ELVIS KEMAYOU ont été chef d’orchestre au Gabon et en Guinée Equatoriale, les Consty Eka ont représenté le Cameroun dans des spectacles inoubliables au Gabon, comme des promoteurs comme jules Kamdem.
La musique dans son essence la plus intime recommande des connaissances au même titre que la technique et la science. Dans les stades nouvellement construits, beaucoup d’étrangers sont venus exercer leur métier, les panneaux, la technologie haut de gamme, les lumières, l’internet, l’ordinateur, On ne voit que Fally ?
Que les influenceuses arrêtent de nous révéler les endroits où elles cachent leur poubelle à ragots. Pourquoi les gens se donnent tant de soucis. On travaille tous ailleurs. Là où ils exercent leur métier, pensent-ils avoir pris la place d’un autochtone ? Le chanteur est semblable à l’écrivain qui prend une personnalité sans frontière à cause de son aventure artistique. Sa vocation est d’émouvoir les foules à travers le monde.
La prestation de Fally Ipupa n’est pas un scandale. Il fait son métier. La plupart qui crie dans les réseaux sociaux travaillent à l’
La musique africaine n’a pas d’histoire. C’est avec la musique et le football que les Africains ont réussi l’intégration panafricaine, quand les hommes politiques échouaient. La musique africaine a une forte tradition : le Makossa vient de la RUMBA, les Manu et Eboa Lottin ont exercé pendant longtemps à Kinshasa, avant de venir développer le Makossa qui fera naître le Zouk et le Coupé Dékalé. Notre société, aujourd’hui, a des virus : ce sont les influenceuses et si on ne fait pas attention, cette aliénation va détourner les jeunes de la curiosité scientifique au détriment de ces bombes latentes ; véritables gangrènes qui nous rongent comme ces églises de réveil.
L’art est un style de vie. Il n’y a pas dans l’art une crise d’humanisme. Ce n’est pas parce qu’on ne fait pas des choses ailleurs que le Cameroun devrait imiter. Les Camerounais dans les milieux africains ont toujours fait preuve d’une vaste culture et on les admire pour cela. Par exemple, nous dominons le monde de la communication en occident depuis des années ; souvent, c’est la musique ou le football. Nous sommes ouverts à d’autres cultures parce qu’on ne peut pas vivre en vase clos, on a besoin de voir ce que les autres sont ou nous apportent pour asseoir notre culture. C’est ça qui fait notre vaste intelligence. Le concert de FALLY IPUPA entre dans cet humanisme-là. Le Cameroun a réussi.
Fally Ipupa depuis plus de vingt ans, fait la fierté de l’Afrique. Il est sans doute le chanteur en activité toujours dans des créativités nouvelles, à cause de sa réputation mondiale. L’un des artistes séduisant dans ses mises comme dans ses nuances. Il nous a rendus fiers quand on a constaté qu’il était l’artiste le plus représentatif de cette ouverture. Seul Manu Dibango avant lui avait eu droit à cet honneur en de telles circonstances. Manu a chanté devant les présidents du monde entier.
Fally , c’est une longue histoire d’amour qui commence avec Koffi Olimidé son mentor, alors qu’il était jeune danseur, on va découvrir peu à peu un artiste engagé qui va montrer une chorégraphie nouvelle, et en quelques années seulement, il est devenu le plus spectaculaire de sa génération. C’est un chanteur joyeux, inspiré, un surdoué de la culture qui a atteint le sommet. Auteur de plus d’une quarantaine de chants, il a fait de centaines de concerts à travers le monde, ce chanteur est très impliqué dans la cité et il ne cesse de nous émerveiller. Il a donné toutes ses lettres de noblesse dans cette soirée d’ouverture.
Il reste au cœur des mémoires et, comme souvent, ce sont les artistes et créateurs qui portent à travers leurs œuvres les maux et les espoirs d’un peuple celui du peuple africain toujours meurtri par ses propres lacunes. Le Cameroun est un pays de la musique portée par des talents universels. Il y avait des danseurs camerounais tout autour de lui. La présence de Fally est aussi le dialogue entre les cultures. Il nous ramène dans cette trajectoire pour retrouver une idée de nous-mêmes, aux chants qui s’ouvrent à l’autre sans frontière.
Il sera toujours un créateur dont la musique donne l’actualité. En gardant présent en esprit, quel que soit le contexte, l’environnement qui l’entoure, que ce peuple d’Afrique, à travers ses œuvres, créé les vies. Fally transmet aujourd'hui à ses frères le portrait intime et toujours prophétique du monde tel qu'il le voit tel que l’imaginaire sportif avait autrefois rendu cela fécond. Le charme et la beauté artistique réaliste sur la place camerounaise.
Quel est le sens de sa présence ? Son choix nous invite à dialoguer avec le réel et les arts. L'artiste y met des touches délicates qui suscitent la contemplation de notre horizon africain, qui à mes yeux, sont des merveilles.
Les influenceurs sont prêts à être pilote. Je m'efforce autant que possible à expliquer que les gens ne doivent pas parler de l’art quand ils n’ont pas qualité. Ce sont des domaines d’intellectuels cela demande de la finesse dans le discours. Or, depuis que cette affaire a commencé dans les réseaux, j’ai entendu sans rien entendre. Parler des avions sans rien connaître de l’aéronautique. Parler des ponts et des chaussées dans la structure de leur construction, quand ils ne peuvent pas construire des ponts. Venir parler de la peinture alors qu’on n'est pas peintre ne fera confondre que cet art à des sentiments primitifs.
Fally a deux amours : son pays et le Cameroun. Pour prendre part au Festival, il a consenti d’immenses sacrifices. Malgré la conjoncture sanitaire, malgré les incertitudes, les difficultés, il a répondu présent à la CAN TOTAL ENERGIE.
2021 a été l’année du Cameroun et de l’Afrique. Grâce à la voix de Fally, le choix de ses textes, sa façon de se présenter sur scène et un marketing intelligent, il a su hisser cette ouverture dans un panorama bleu où mille étoiles brillaient sur Yaoundé. D’autres camerounais auraient fait autant, mais la RDC et le Cameroun c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Au temps de Mubutu ce pays nous a apporté de l’aide pendant la catastrophe du lac Nyos. Ils étaient les premiers à arriver sur le terrain. Le président Mubutu supportaient les lions comme les léopards.
Pour le reste, je ne suis évidemment pas surpris par la qualité du langage malsain de certains artistes. Les artistes camerounais, en dépit de leurs faibles moyens, en dépit de leur opposition fréquente, en dépit des échecs successifs qu’ils connaissent, en dépit de leur attitude invective, leurs textes obscènes, restent et demeurent les seuls qui, au péril de leur carrière, devront se battre. La musique camerounaise a fait son chemin, elle a des talents immenses incontestables, mais c’était une autre génération ; celle d’aujourd’hui a du chemin à faire pour rétablir la confiance au sein de sa société et atteindre une consécration symbolique où s’élaborent les esprits musicaux purs.
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