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© Camer.be : Calvin DJOUARI
- 12 Nov 2021 08:12:50
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FRANCE :: LE FESTIVAL DU LIVRE DE NANTES: UN GRAND JOUR POUR LES AUTEURS AFRICAINS
Depuis plusieurs années, je désirais participer à ce festival du livre organisé à Nantes. Le temps m’ayant souvent manqué, c’est cette année que j’ai décidé malgré les conditions sanitaires à prendre part et je n’ai pas été déçu. J’ai quitté Nantes lundi matin avec ce regret de laisser une ville lumineuse.
Je n’ai cessé de penser à ces grands moments d’intenses convivialités. Ils étaient nombreux, les écrivains, chanteurs et peintres qui sont venus marquer par leur présence, la sixième édition du festival ASPROBIR, cette association qui s’occupe de la promotion des bibliothèques rurales. L’Association culturelle, ASPROBIR, qui promeut le livre, a fêté du vendredi 5 au dimanche 7 novembre, une panoplie d’activités. Exposition d’œuvres d’art, chorégraphie, lecture scénique, projection de films, café littéraire.
Le thème de cette année. " Écrire l’exil… Comme lieu d’habitation." Cette initiative a rassemblé deux douzaines d’écrivains. L’accent était mis sur l’importance de la littérature comme moyen d’évasion et arme de combat de l’exilé. Selon Rosine Deumaga, présidente de l’association d’ASPROBIR, ce thème veut rappeler le symbolisme du départ et du séjour sur la terre étrangère. Aussi, partager les connaissances, transmettre le savoir, sensibiliser un nouveau monde afin que la lecture, fît partie des actions clés de ce 6ème festival.
Éditeurs, écrivains, journalistes de la presse écrite et parlée, Photographes, œuvre d’art ont été, entre autres, des éléments qui ont capté l'attention des visiteurs et passionnés de littérature. Trois journées rythmées par une bonne ambiance culturelle ; notamment la lecture, les chants et les danses. Cette initiative, au dire des responsables de l’association veut encourager l’engagement littéraire de la jeune génération. Des auteurs francophones et anglophones ont débattu de poésie, de crises, de passions humaines devant des auditoires enthousiastes.
C’était à Nantes. Si discrète que soit la ville de Nantes, elle a besoin d'âme. J’ai pu remarquer qu’au hasard des rencontres, l’écrivain africain est toujours prêt à déployer son extraordinaire vitalité littéraire. Nantes séduisante à tant points de vue, captivante ville où les habitants sont fiers de leurs poètes et où l'on s'investit dans l’imaginaire par la foi littéraire.
C’est une ville aussi étendue que la vieille Marseille ou Nice. Sa position géographique a un certain charme. Située, à l’ouest de la France au sud du Massif armoricain, qui s'étend sur les rives de la Loire, à 50 km de l’océan, Nantes est entourée de forêts très élevées avec un fleuve qui fait bonne figure. Jadis Nantes servait de base avancée au campement d’esclaves, elle était le cœur de ce commerce qui s’étendait jusqu’au port de Saint-Nazaire. Elle sommeille pendant des siècles sous la domination nonchalante des religieux aux esprits dormants.
C’est ainsi qu’elle devint -m’a-t-on dit- la ville la plus hospitalière de France pour la régularisation des documents officiels. Il se disait autrefois que : « Lorsque tu arrivais en France, il fallait d’abord séjourner à Nantes si tu veux sourire avec les dieux. » Je suis arrivé pour une curiosité littéraire. Cette curiosité a été profonde. C’est dans cette ville que l’association Asprobir exerce sous la présidence de Rosine Deumaga. ROSINE DEUMEUGA est une femme inspirante, très active, on sent une personne qui donne de son âme sans compter, avec beaucoup d'enthousiasme et d'énergie. C’était la sixième édition, c’est dire que son engagement n'est pas une histoire d'amour passager ou une initiative circonstancielle.
C’est une ambition conçue de longue haleine. Participer dans la vie sociale de son milieu est une chose plus importante que sa vie elle-même, puisqu’elle perdure avec les traces qu’elle laisse chaque année. On donne tout son temps sans en recevoir en retour, c’est pourquoi, les personnes comme Rosine ont besoin d'une longue vie. C'est une question de capacité à donner, à sacrifier, à se nier, à croire en des valeurs et à les défendre de façon constante. Tout cela pour atteindre une chose noble qui donne de la joie et qui profite aux autres.
Telles sont les ambitions qui l’animent. Pour les livres, Rosine a une passion acquise par la longue pratique de l’effort social, une femme dynamique qui se donne les moyens intellectuels et on peut le constater, ces moyens se traduisent d’une manière sensible dans une bonne pointe de sagacité. Il y a beaucoup de finesse en elle dans les relations humaines et elle garde bien un esprit alerte. La culture du livre est un mode de vie qui doit se transmettre d’une génération à l’autre ; ceux qui feront cette tâche de transmission auront les arguments pour poursuivre cette intuition généreuse.
En dépit de tous les malheurs, de toutes les difficultés, des crises sanitaires qui secouent ce petit monde, le livre a eu les dessus dans ces lieux précis de Cosmopolis et la Maison d’Afrique. Les auteurs présents avaient du style. Ils étaient : Maha Lee Cassy, Cheryl Narthey Itanda Kowet Christian Kamtchueng, Scheena Donia Relooking, Aissata Sissoko, Chrime Kouemo, Marie Inaya Munza, Victor Bouadjion, François Fampou, Nirina, Delau Gloria pour ne citer que ceux-là. Tout commence le vendredi 5 novembre à l’espace Cosmopolis. Les photos des écrivains célèbres, campent solennellement sur les murs déjà chargés ; on pouvait voir des pavements en mosaïque et des tableaux muraux en carreaux de faïence si inspirante.
L’histoire du festival littéraire du livre devenait tangible à dix-heures avec l’ouverture du marché. Éditeurs et écrivains présents ont exposé leurs meilleurs édifices. Toujours un vrai plaisir d’échanger et de rencontrer l’écrivaine Lea N’guessan, auteure du roman « les secrets d’Adjaratou » nominée aux plumes d’or ivoiriennes. Que cette dame est si profonde ! Ce premier jour, il y avait aussi Aissata Cissosoko.
Une soirée saillante, on pouvait alors voir la journaliste écrivaine Amandine Glevarec dans ses belles œuvres de modératrice face à elle Nimrob l’écrivain tchadien. L’entretien est mené à bâtons rompus. L’auteur parlera des souvenirs de 40 ans d’exil, des arguments pertinents et factuels, de repères historiques émouvants, ses propos sont accompagnés par des figures de style, des sonorités, teintés d'humour ou portées par des postures intermittentes. Sur le fond, leurs messages sont pénétrants et clairs, discours didactique, un langage bien orienté et fluide.
De l’amour du poète pour sa mère transparaît notamment dans l’entretien méticuleux. Le samedi sera plus chaud malgré mon absence provoquée par une grippe, je suivrai le reste en direct sur Internet, couché. La frénésie dans les ambiances du soir, un discours ruisselant de champagne où les idées nouvelles se révèlent, avec des messages forts et mobilisateurs d’une grande conviction. Je l'ai dit et le répète.
Le livre, c’est comme les épices, il nous permettra de vivre ensemble. Il peut sublimer, révéler ou relever les saveurs, et nourrir des rencontres inoubliables. Le livre ne ment pas. La nuit, on peut se balader et découvrir la ville à loisir. Nantes est un coin attirant par ses maisons qui ressemblent à des paquebots d’esclaves ; le fleuve qui entoure la ville, est aussi long que le Mississipi ; il aurait pu être aussi un océan. J’ai passé des minutes à longer le pont sur la Loire. Les touristes sont peu nombreux en hiver.
Nantes est un véritable tampon entre la cité et le fleuve. Le samedi et dimanche, le transport est gratuit, tramway et bus s’y livrent à une danse sans fin. Les boulevards avec leurs jolies villas aux pignons incurvés sont toujours vides, les maisons sont belles, on dirait des maisons fraîchement repeintes.
Prendre le tramway ou le bus impérial reste une aventure exotique. Jamais, je n’ai été accueilli aussi fraîchement, les gens sont gentils, c’est ainsi qu’on vit à Nantes. Dans la ville des monuments, des découvertes élevées à la gloire des héros français, quelques pigeons, sans grands charmes et qui ne sont pas très beaux, mais on les bichonne et les observe tout de même, allègrement.
Le dimanche, tout recommence très tôt avec deux éloquents écrivains Christine Elong et le Congolais Marien Fauney Ngombé auteur du livre à succès, « Tant que l’équateur passera par Penda. » les livres sont achetés comme un morceau de pain. Cet éloquent auteur a un bel avenir, son style ne peut que stimuler les appétits.
Nantes, est visiblement animée qu’autrefois. Intellectuellement, la ville s’est réveillée, elle produit des poètes et des chansonniers. C’est désormais un endroit où l’on s’amuse. La ville de Nantes, comme toutes les cités de France a une physionomie bien à Elle. Des jours qui seront pendant longtemps gravés à jamais dans ma mémoire. Revenons sur le festival. Il a été celui de la fête des mots, on a écouté, on a échangé, on s’est abreuvé d'un joli cocktail de styles. L’ambiance était carnavalesque, le ton fut donné par les premiers intervenants, un vrai archétype de la pensée africaine en marche, Abdelaziz Baraka Sadin, l’homme qui porte un boubou sahélien très prisé, a donné une forte impression comme tous les autres auteurs.
C’était beau, le coût de l'amitié et, surtout, l'inextricable symphonie qui règne au sein de ce grand bâtiment qui abrite les deux espaces du festival. Une ambiance hétéroclite qui renvoie les encombrements parisiens au registre de douces plaisanteries. Des rencontres avec une romancière gabonaise Mbie Auxi Sena, et la conteuse Astu cette dernière écrit des livres destinés à nos enfants, une grande dame qui fait plaisir aux lecteurs.
Une poétesse lit un poème qui fait vibrer les cœurs. Le tout devant un parterre médusé. Être dans un tel lieu offre, une expérience d’identité multiple inoubliable. Une réjouissante nouvelle. Le troisième jour est enlevé, le dimanche 7 novembre, ça se passe à la maison de l’Afrique, c’est à mon tour de jouer avec le Congolais Audry Ibanga. Entretien mené par la journaliste écrivaine Amandine Glevarec, femme sobre et très attentive, dotée d’une modestie et d’une hospitalité légendaire nous regarde, visiblement heureuse. Le débat est lancé. Le public est sous le charme. J’interviens à mon tour longuement, un échange qui ressemble à un réquisitoire contre les maux qui minent nos sociétés africaines.
Ce qui fait jaillir bon nombre de personnes dans la salle, j’ai trop dit j’ai trop condamné des interventions jaillissent d’un bout à l’autre de la salle. Beaucoup ne sont pas d’accord sur ma façon de concevoir l’Afrique. On est sorti du cadre littéraire, nous tombons dans la politique, tous adorent parler politique. Mais tout se passe dans la courtoisie. 16 heures 45, fin de l’entretien interrompu par le départ de mon collègue ; toute la salle souhaitait intervenir. Place aux agapes, et à un voluptueux bain de photos. Nous sommes aux anges. Un très bel hommage à la littérature.
La belle maison de l’Afrique abrite en son sein l’espace avec tout ce corps qui vibre sa grâce à l’unanimité. . Avec l’Afrique naîtront d’autres grands écrivains à l'image de Mongo Mbeti Mboucar Sarr, Ngozi, Camara Laye, Ferdinand Oyono, Calixte Beyala, Miano, Mboum, Alain Mabanckou et j’en passe. J'en suis convaincu. La génération actuelle et celle qui viendra regorgent de talents patriotes et intègres.
Pourvu qu'ils s'engagent. Nous ne devons jamais oublier les raisons pour lesquelles nous existons, exister, c’est servir, les valeurs que nous défendons, l'idéal pour lequel nous trouvons notre liberté, notre raison de vivre, la rencontre avec la citoyenneté, la dignité, le respect, le progrès culturel au moins ça.
C’est ce que Rosine Deumaga fait déjà. Je suis profondément redevable à cette dame qui fait connaître beaucoup d’autres auteurs, c’est à elle que je dédie cette chronique. La ville de Nantes est vraiment délicieuse. Je suis sûr que Nantes vient de prendre la première place des Brunchs littéraires en France.
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