Le rfisme
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Dans le paysage médiatique de l’Afrique «moderne», le rfisme est une doctrine de référence, née du développement exponentiel et vertigineux d’une chaine de radio bien  connue sur la place internationale. Cette doctrine consiste en un dévouement obsessionnel à un média de type monopolistique, dont le vaste rayon d’action  s’appuie sur des variables à la fois linguistique, spatial et historique. Comme toute doctrine qui se respecte, le rfisme se forge sur un conditionnement mental qui débouche sur des comportements bien typés, que l’on peut regrouper autour d’un certain nombre de caractéristiques. 

La première caractéristique du rfiste est la fixité de sa « détermination médiatique ». Pour « s’informer », il a été réglé il y a belle lurette, comme une horloge implacable. Le bouton de son récepteur radio à la maison comme dans sa voiture est, une fois pour toute, placé sur une fréquence qu’il ne quitte jamais et qui tourne en boucle. Ce qui l’intéresse, c’est le monde. Et son pays, il ne veut en entendre parler que de l’extérieur, un lieu à partir duquel les nouvelles de son propre pays qui lui parviennent semblent revêtues d’une crédibilité qui leur fait défaut si elles lui parvenaient autrement, par un canal intérieur par exemple. C’est généralement quelqu’un de la classe sociale privilégiée, un décideur, un patron, qui brasse beaucoup de considération autour de lui. Il lui faut de la « bonne information », tirée à «bonne source», pour satisfaire les exigences du milieu auquel il appartient. 

Les nombreux membres de la classe moyenne n’échappent pas à la séduction d’un rfisme qui se donne tous les moyens acoustiques, intellectuels et stratégiques pour imposer son label. Les chaines locales, celles qui ont la chance d’avoir une audience, deviennent par conséquent l’affaire des masses populaires. Ce sont des forces contre-rfistes qui tentent de se frayer un chemin dans un environnement formaté. Les taxis, dans les villes de Yaoundé et Douala principalement, sont le relai par excellence de ces médias grand public, de ces tentatives de faire passer une voix locale, qui sont un patchwork de pertinence et d’impertinence, de vérités premières, crues, peu traitées par des déontologies contraignantes, et des sarcasmes de tous acabits. 

L’autre identifiant majeur de la doctrine rfiste est lié au contenu, à la forme et à la fréquence de ses diffusions. Le contenu des informations diffusées se donne toujours un caractère stratégique et dominant, comme si le contexte d’où elle est tirée est complètement assujetti à ces informations. Qu’elles soient bonnes ou mauvaises, ces informations sont presque toujours reconsidérées sous un emballage idéologique peu subtil qui a pour finalité le placement des valeurs qui ont présidé à la création de RFI, c’est-à-dire, l’Occident. 

Le contexte du COVID-19, avec la lancinante question du vaccin, constitue une belle vitrine à travers laquelle s’illustre une tendance excessive et presque grossière à faire de l’Afrique le déversoir des choix et options de l’Occident. Il n’y en a plus que pour le vaccin dans cette chaine qui n’arrête plus de multiplier des plateaux en vue de faire avaler par tous les moyens l’option vaccinale occidentale dans le monde, et particulièrement en Afrique. Les pays africains sont soumis à une nouvelle hiérarchisation qui les crédite ou les discrédite, selon qu’ils ont ou non importé des vaccins. Le continent devient par conséquent le théâtre d’enjeux qui le réduit -une fois de plus et de trop sans doute - en spectateur servile et qui, en même temps, neutralise des initiatives qui peuvent être prises localement. 

D’où l’urgence d’une réflexion sérieuse sur le rapport au monde de l’Afrique, et surtout des médias qui lui permettent d’y accéder. 

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