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© Camer.be : Hugues SEUMO
- 28 Mar 2021 12:15:18
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BELGIQUE :: Pourquoi les veillées mortuaires ne drainent plus du monde au sein de la diaspora Camerounaise ? :: BELGIUM
Réconfort pour la famille endeuillée, hommage au défunt, les veillées mortuaires sont un temps fort de la vie sociale. L’occasion, aussi, de se montrer , de s’encanailler, de boire, manger , faire bombance lors des cérémonies etc.
Au sein de la diaspora camerounaise en Belgique, l'on était habitué tous les week-end à découvrir des affiches, posters etc qui s'entassaient sur les murs des endroits fréquentés par la communauté. Le soir venu, toute la communauté, du moins les invités, vibraient au son des mélopées de la musique traditionnelle du village du défunt et de son pays.
Alors qu’à la nuit tombée élégantes et élégants émergent des quatre coins de la rue qui jouxte la grande salle réservée aux cérémonies pour se presser sous les dizaines de chapiteaux dressés pour l’occasion… Le décor ainsi planté n’est pas celui d’une kermesse ou d’un festival, mais celui d’une veillée mortuaire .
Dans cette salle qui ne désemplit pas, chacun exprime sa douleur d’avoir perdu un être cher. Idem pour les inconnus qui se sont retrouvés dans la salle parce qu’ils manquaient où aller . Il faudra préciser que la quasi totalité des invités n'ont jamais connu l'être perdu à quelques exceptions.
Ici, on évoque les souvenirs du disparu, on prie , on boit, on danse en sa mémoire. Plus on mange et boit, plus la veillée est bonne. Moins on boit et mange, au plus tôt les portes sont fermées avant minuit.
Au cours de ces "veillées", il faut marquer sa présence et se faire remarquer pour exprimer symboliquement sa solidarité. On rencontre ici les notables Bamiléké improvisés, des jeunes bardés des titres de noblesses, des patriarches issus de plusieurs communautés avec leur tenues d'apparats hors pairs.
Au sein de cette diaspora camerounaise du royaume de Belgique, les veillées sont depuis longtemps une composante essentielle de la vie sociétale , qui plus est pour eux en manque de distraction, une manière de "chasser leurs soucis" nous confient certains compatriotes.
Les cérémonies de veillées mortuaires,prennent désormais une place démesurée et des aspects qui peuvent sembler incongrus : Les invités exhibent leurs plus beaux costumes, les femmes se font maquiller et coiffer pour l’occasion. Les plus beaux parfums sont les plus sollicités. N'oublions cependant pas que certaines femmes trouvent leur époux dans les circonstances pareilles. N'en parlons pas des cavaliers d'une soirée... A l'intérieure de la salle des cérémonies, certains invités font du petit commerce en installant des points de vente des objets traditionnels et souvent de boissons – surtout alcoolisées.
D'autres sont à la conquête de leur cavalier.
Tenez, nous sommes à une veillée à Anderlecht, une commune bien connue des migrants en Belgique, c'était avant le début de la crise sanitaire.
Pendant que les invités s’affairent à trouver une place assise, nous découvrons une jeune nana ( Jeune gonzess ou jeune fille) , la vingtaine environ, au bras d’un prince charmant, habillée d’un boxer qui laisse échapper un string. Elle est à peine couverte en haut. Tous les regards sont tournés vers elle. Et sans gène, elle continue son chemin, caressant avec une douceur presque provocatrice le bras de son homme. Elle n’est pas seule. Ce genre d’habillement est aujourd’hui légion lors des veillées au sein de la communauté camerounaise. On les appelle ici les « DVD » (Dos et Ventre Dehors). Elles sont nombreuses ces jeunes filles habillées en petits hauts « sexy » qui sillonnent à longueur des week-ends les salles des veillées organisées par les Camerounais. Mais il ne faut surtout pas les interpeller sur ces nouvelles tenues. « C’est la mode » dit-on ici.
Toujours au cours de ces veillées mortuaires, voisins de la famille affectée, amis des parents proches et éloignés,collègues, des personnes qui s'invitent seules, chacun y va de son mieux. Certains y prennent avec eux des sachets, bouteilles vides consignées à l'origine et des sacs. Question de faire bombance lors du "Mangement" et du "Boivement"
Au cours de la soirée , des membres de la famille du défunt ou d’associations portent tous une tenue réalisée dans le même tissu de pagne, cherchent à occuper les bonnes places afin d’être vus.
Au niveau de la diaspora camerounaise de Belgique, les fonctions de pleureurs et de pleureuses ne sont pas professionnalisées. Mais, plusieurs pleures à fond afin d'occuper les meilleures places assises dans la salle. Question d'être parmi les premiers qui passeront à table pour faire bombance et boire à gogo. Mort de rires...
Les artistes camerounais qui faisaient le bon temps des cérémonies diverses ont été obligés de plier bagages pour le Cameroun. Impossible de prester à cause des règles de restrictions et de respect des consignes sanitaires liées au Covid 19.
Les « radios Cameroun » se sont développées chez les Camerounais. On les appellent aussi "les Euronews". Ils sont plus aptes à informer la communauté sur les dates et lieux des veillées que de participer financièrement à la réussite de leurs organisations.
Depuis le mois de mars 2020 en Belgique la pandémie de COVID-19 et les mesures de confinement ont (eu) de multiples conséquences sur l'organisation des veillées mortuaires au sein de diaspora camerounaise.
Plus besoin de louer une salle pour la cérémonie. les meetings (Veillées) en mode Zoom ont remplacé les rencontres en présentielles. Du coup, on ne draine plus du monde.
Désormais, pour les activités festives, l'’épidémie de coronavirus, qui se maintient à un rythme soutenu, empêche des rassemblements
Le confinement, l’ennui, la perte de repères temporels, la perte de liberté, les sensations de solitude et d’isolement, la rupture avec les habitudes et le quotidien, le contexte anxiogène, la peur de la maladie, l’inquiétude pour ses proches, les interrogations concernant le virus et ses traitements, les incertitudes quant aux retombées économiques, etc. sont autant de facteurs qui ont impacté le quotidien de tous.
Depuis lors, à cause du confinement, il n'y a plus de cérémonies festives, plus de veillées, plus d'activités sportives du week-end.
Ceux de la diaspora camerounaise qui n'attendaient que les week-ends pour aller "s'enjailler" quelque part sont devenus des prisonniers de leurs propres habitations.
Selon vous, pourquoi les veillées mortuaires ne drainent plus du monde au sein de la diaspora Camerounaise ? Telle est la question de la semaine.
Nous vous souhaitons un bon débat et à dimanche prochain pour un autre thème
En jargon Camerounais et Ivoirien, Boivement signifie, boire. Mangement, manger. S'enjailler, faire la fête.
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